Pour le quotidien libanais As-Safir, le référendum qui sest tenu à Mayotte est loccasion de jeter lanathème sur loccupant français et sur la Ligue arabe, qui na pas réagi.
a veille du sommet annuel de la Ligue arabe [qui a eu lieu le 30 mars dernier à Doha, Qatar], une partie du peuple arabe a rejeté son identité nationale et son héritage islamique en déclarant son désir davoir la nationalité française et dappartenir à lOccident. Les 125 000 habitants de lîle de Mayotte, qui font partie intégrante [aux yeux des autorités comoriennes] de la république arabe des Comores, ont décidé, lors dun référendum populaire, et à 94 %, de confirmer leur sécession des trois autres îles de larchipel et de devenir un département français soumis aux mêmes lois que les autres départements doutre-mer français. Il ny a aucune raison de douter que les Français qui représentent près du quart des habitants de lîle ont choisi cette date afin de marquer leur mépris pour larabité des autres Mahorais et pour souligner la troublante contradiction entre les identités arabe et française.
Ce nest pas un hasard si ce référendum a été organisé juste avant le sommet de la Ligue arabe, au moment même où le président des Comores Ahmed Abdallah Sambi allait quitter la capitale, Moroni, pour se rendre au Qatar, où il a prononcé un discours éloquent. Le président [de larchipel des Comores] a expliqué que derrière cette dangereuse décision se cachait loccupant étranger [français], mais cela na servi à rien. Il a demandé en pure perte laide de ses frères arabes, conformément au traité de défense commune qui stipule que la nation arabe tout entière doit se mobiliser afin de soutenir tout pays arabe confronté à une menace extérieure. Personne ne la écouté quand il a réitéré sa modeste requête que lon sintéresse à son pays et quon lui donne les moyens de survivre.
Lécho effrayant de cette décision française na pas touché les chefs des Etats arabes. Le président comorien a poussé un cri de détresse, mais la plupart de ses homologues étaient occupés à se restaurer ou à se faire masser dans un hammam. Loccupation étrangère dune partie du monde arabe ne figurait même pas au menu du sommet, ni le renoncement de ses habitants à une partie de leur identité musulmane, notamment la polygamie, la chasteté des femmes et la juridiction religieuse. Car le reste du monde arabe a assez de soucis à se faire pour sintéresser au sort dune petite île à lécart, au large des côtes africaines, dans lextrême sud du monde arabe. Dans ce sommet, on a subi la pire des tortures imaginables : écouter six heures durant des discours ronflants sans que jamais
ne soit évoquée cette amputation pour le monde arabe.
Source: Le courrier International