Une première. Une campagne nationale contre le racisme sera lancée le 21 mars au Maroc. A l’initiative de cette mobilisation, un collectif d’associations regroupées en une coordination pour la régularisation des sans- papiers en terre marocaine.
Créée au lendemain de l’opération de régularisation des étrangers sans titre de séjour, «Papiers pour tous» - c’est son nom- elle a pour objectif la régularisation de toutes les personnes sans papiers.
«La régularisation ne passe pas sans l’intégration. Et une intégration pleine et réussie suppose la fin de la discrimination raciale », explique l’un des responsables de la coordination « Papiers pour tous ».
Pour combattre les stéréotypes qui font mal, les clichés réducteurs et toute la panoplie d’un racisme ordinaire, la coordination lance cette première campagne nationale contre le racisme. L’objectif est clairement affiché. « Il s’agit de contribuer à une meilleure intégration des personnes qui seront régularisées et d'attirer l'attention de l'opinion publique, des médias et des décideurs sur le racisme primaire naissant au Maroc », fait valoir notre interlocuteur.
La campagne a sa signature. "Je ne m'appelle pas Azzi" (Masmiytich Azzi) se déclinera en arabe et en français sur tous les supports visuels de communication prévus par « Papiers pour tous » : affiches, banderoles, t- shirts etc. L’accroche est délibérément crue. « C’est pour mieux secouer les consciences. Dans la société marocaine, il y a un legs raciste. Au fil des décennies, ce sentiment de discrimination n’a fait que s’exacerber. Chez nous, les personnes de couleur noire sont regroupées derrière un seul mot «Azzi». Ce mot est entré dans le lexique dialectal avec toute la charge péjorative qu’il porte. Ces personnes n’ont pas d’identité. Elles ne sont plus qu’une couleur. En ce sens, la signature de cette campagne nationale contre le racisme ne pourra qu’interpeller le plus grand de nos concitoyens », explique cette experte en communication d’influence.
La campagne «Je ne m’appelle pas Azzi» sera lancée vendredi 21 mars, à l’occasion de la Journée mondiale contre le racisme. Cette journée a une histoire. Et elle nous vient d’Afrique du Sud, au cœur de l’apartheid. L’ONU a en effet proclamé le 21 mars « Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale ». Cette date commémore ce jour de 1960 où, à Sharpeville en Afrique du Sud, la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre l’apartheid.
Le régime d'apartheid de l'Afrique du Sud a depuis lors disparu. Les lois et pratiques racistes ont été abolies dans de nombreux pays. Un cadre international de lutte contre le racisme se fondant sur la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale a vu le jour.
Depuis près d’un demi-siècle, la communauté internationale célèbre ces 24 heures de lutte contre la discrimination raciale. Au Maroc, grâce à la coordination «Papiers pour tous » et sur fond de nouvelle politique migratoire, c’est la toute première fois que la société civile se mobilise contre le racisme. «Notre message s'adresse au Marocain ordinaire afin de contribuer à changer les mentalités et rappeler l'esprit de tolérance qui a toujours prévalu dans notre pays», précise l’un des organisateurs de cette campagne de sensibilisation.
"Masmiytich Azzi" va s’articuler autour de grands axes : une rencontre débat sur la thématique, une campagne de sensibilisation et de plaidoyer en plus de la conception de supports de communication contre la discrimination raciale. « La conférence-débat sera organisée le 21 mars à Rabat. Des personnalités du monde des arts, de la culture, des droits humains, du sport et de la presse vont y participer. Des étrangers vivant au Maroc viendront témoigner. Des courts métrages contre le racisme seront projetés. Des recommandations seront émises pour que le combat contre la xénophobie ne soit pas vain.
«La campagne nationale contre le racisme ne doit pas s'arrêter le 21 mars à 23h59. Les recommandations de la rencontre-débat ainsi que les supports de communication serviront à une campagne nationale de sensibilisation à laquelle toutes les bonnes volontés seront les bienvenues», conclut ce membre du collectif «Papiers pour tous».
Source libe.ma