De quelle Palestine il sagit ? Si jécris quil faut faire avec les horreurs historiques, cest parce je pense quil faut faire avec le partage de 1947, quil faut se baser là-dessus ; on ne peut pas revenir sur lerreur commise cette année-là. Quand jécris quun peu de pragmatisme ne ferait pas de mal, je pense quil faut prendre des décisions dont les conséquences seront évaluées les moins néfastes, et non pas des décisions qui visent un but fixé davance, qui sont donc conditionnées par ce but. Le pragmatisme, cest lart des conséquences, contre lart de lomelette qui se fiche des ufs cassés.
Les Israéliens ne reviendront pas dun coup à ses limites de 1967, mais il y a chez eux des gens qui pensent, et qui disent, que cest la voie de la sagesse. Dailleurs, il ne serait pas réaliste de se donner les limites de 1967 comme but. La définition du territoire de lEtat palestinien ne peut quêtre une redéfinition du territoire de lEtat israélien. On ne peut pas travailler sur de nouvelles limites en faisant abstraction des questions daccès à leau, à la mer, et sans avoir pour but une répartition équitable de ces accès, au besoin en faisant abstraction des territoires qui seront définis. Comme tu titrais, cest compliqué et ce nest pas la manière dominante daborder et de résoudre les problèmes.
La voie de la sagesse implique des mises en cause douloureuses. La définition de territoire viables pour les deux Etats ne pourra pas sarrêter au fait que telle ou telle ville, tel ou tel village sont arabes ou israéliens depuis n années, n décennies, n siècles ou n millénaires. Il ne faut pas exclure davance que Haifa soit en Palestine et Hebron en Israël (attention, ce nest pas un programme, mais une illustration). Il y a un seul point qui, à mon sens, doit échapper à ce new deal : al-Qods. Là, il faut arriver au partage : louest à Israël, lest à la Palestine. En quelque sorte Berlin, mais sans mur.
Pour y arriver, les Palestiniens ont besoin dalliés. Leurs alliés les plus précieux ne sont pas les faux-frères, mais les Israéliens qui cherchent la voie de la sagesse. Aujourdhui, les meilleurs alliés des Palestiniens sont sans doute en Israël, mais ils sont encore minoritaires. Une politique palestinienne pragmatique travaillerait à leur renforcement. Tout le contraire du tir de rockets qui disqualifie, marginalise et affaiblit cette minorité. Evidemment, de tels propos ne passent pas auprès de ceux qui cultivent la résistance pour la résistance, ni de ceux qui font dun conflit politique une guerre de religion, et cela aussi bien dun côté que de lautre.