L'assistanat est un "cancer de la société française". Si on lui a reproché les mots employés, Laurent Wauquiez, en s'attaquant au revenu de solidarité active (RSA), a surfé sur un cliché bien implanté. Quelque 80 % des classes moyennes sont d'accord avec l'idée qu'il "y a trop d'assistanat et [que] beaucoup de gens abusent des aides sociales", selon une étude menée par l'IFOP en octobre 2010, citée par Le Post.fr.
Peut-être le ministre des affaires européennes pensait-il à cet électorat quand il a émis l'idée, dimanche 8 mai, de plafonner les minima sociaux à 75 % du smic et d'obliger les personnes au RSA à effectuer des travaux "d'intérêt civique" ? Malgré les protestations suscitées dans l'opposition comme dans la majorité, cette proposition s'inscrit dans une longue tradition d'attaques contre "l'assistanat". Un thème cher à des figures de droite, comme Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, mais aussi de gauche, comme Ségolène Royal. Cela n'empêche ce discours de reposer en partie sur des clichés trompeurs. Décryptage.
1. La France distribue plus d'aides sociales que les autres pays d'Europe
C'est faux. La France est dans la moyenne européenne pour sa protection sociale. En 2005, elle se classait, selon l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), au deuxième rang des pays de l'OCDE quant au poids de ses dépenses de protection sociale par habitant. Mais ce chiffre recouvre à la fois la couverture maladie, les retraites et les minima sociaux.
Or, ces derniers ne sont pas distribués à tort et à travers. En France, il existe une dizaine de minima sociaux (voir encadré) qui répondent à des critères très précis d'attribution. Au total, selon l'Insee, 3,5 millions de personnes ont perçu une de ces allocations en 2009. Soit 6,2 % de plus qu'en 2001, où elles étaient 3,28 millions. Une hausse imputée par le gouvernement à la mise en place du RSA et à la crise.
Mais, en ce qui concerne le seul revenu minimum – équivalent du RSA ou du RMI –, on se rend compte que la France n'est pas plus généreuse que ses voisins européens. Selon l'Irdes, les allocataires du revenu mimimum ne représentaient que 2 % de la population active française en 2006. Une proportion qui monte à 6 % en Finlande, 3,4 % en Allemagne ou 5,6 % au Royaume-Uni. "Nous sommes dans la moyenne européenne", confirme Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). "Les pays scandinaves dépensent bien plus que nous. Plus étonnamment, l'Angleterre et l'Irlande aussi ont des systèmes très généreux, certes avec un contrôle social plus fort des bénéficiaires, un suivi serré."
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Peut-être le ministre des affaires européennes pensait-il à cet électorat quand il a émis l'idée, dimanche 8 mai, de plafonner les minima sociaux à 75 % du smic et d'obliger les personnes au RSA à effectuer des travaux "d'intérêt civique" ? Malgré les protestations suscitées dans l'opposition comme dans la majorité, cette proposition s'inscrit dans une longue tradition d'attaques contre "l'assistanat". Un thème cher à des figures de droite, comme Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, mais aussi de gauche, comme Ségolène Royal. Cela n'empêche ce discours de reposer en partie sur des clichés trompeurs. Décryptage.
1. La France distribue plus d'aides sociales que les autres pays d'Europe
C'est faux. La France est dans la moyenne européenne pour sa protection sociale. En 2005, elle se classait, selon l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), au deuxième rang des pays de l'OCDE quant au poids de ses dépenses de protection sociale par habitant. Mais ce chiffre recouvre à la fois la couverture maladie, les retraites et les minima sociaux.
Or, ces derniers ne sont pas distribués à tort et à travers. En France, il existe une dizaine de minima sociaux (voir encadré) qui répondent à des critères très précis d'attribution. Au total, selon l'Insee, 3,5 millions de personnes ont perçu une de ces allocations en 2009. Soit 6,2 % de plus qu'en 2001, où elles étaient 3,28 millions. Une hausse imputée par le gouvernement à la mise en place du RSA et à la crise.
Mais, en ce qui concerne le seul revenu minimum – équivalent du RSA ou du RMI –, on se rend compte que la France n'est pas plus généreuse que ses voisins européens. Selon l'Irdes, les allocataires du revenu mimimum ne représentaient que 2 % de la population active française en 2006. Une proportion qui monte à 6 % en Finlande, 3,4 % en Allemagne ou 5,6 % au Royaume-Uni. "Nous sommes dans la moyenne européenne", confirme Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). "Les pays scandinaves dépensent bien plus que nous. Plus étonnamment, l'Angleterre et l'Irlande aussi ont des systèmes très généreux, certes avec un contrôle social plus fort des bénéficiaires, un suivi serré."
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