Jérusalem 1870
Avant 1880, la population
[5] de confession juive (le Yichouve) en Palestine, était de l’ordre de 5% de la population globale (musulmans, chrétiens et autres). En 1872 elle était de 4% ce qui correspondait à environ 16.000 Juifs.
En 1870 une école d’agriculture, Mikveh-Israël (Espoir–Israël) fut fondée par Charles Netter, membre de l’Alliance israélite universelle (créée en 1860 avec Adolphe Crémieux
[6] et implantée en 1864 en Turquie) qui soutiendra plus tard le projet de Foyer national juif en Palestine. Une parcelle de terrain de 300 hectares (légalement acquise) est mise à disposition de la future école dont le rapport à la terre représente symboliquement le « Retour » à Sion, terre des ancêtres ou moins celui des Juifs français.
Ce sont les prémices d’une colonisation de peuplement, teintée initialement de nationalisme.
Les « Capitulations », une série d’accords existant depuis longtemps entre les puissances européennes (qui en tirent d’énormes bénéfices) et l’Empire ottoman constituent une base de départ et un cadre idéal pour entamer de nouveaux échanges avec l’Empire ottoman, orientés beaucoup plus vers la diplomatie foncière et la convoitise des terres palestiniennes. La colonie juive de Petah Tikya voit le jour en 1878.
L’année 1882 marque le début de l’émigration massive juive vers la Palestine après les pogroms de Pologne, de Russie et l’assassinant du Tzar Alexandre II.
Le baron Edmond de Rothschild (Bouclier Rouge) assume un rôle central dans le financement des premières implantations agricoles en Palestine, tel Rishon le Zion, fondée en 1882, qui est de nos jours la 4ème ville en Israël.
Le sionisme politique pré-herzlien a fait son apparition sous l’impulsion du socialiste Moise Hess (contemporain de Karl Marx) avec son ouvrage « Rome et Jérusalem, la dernière question nationale» (premier manifeste sioniste. Leipzig-1862) et plus tard de Léon Pinsker avec son livre « Auto-émancipation » (Berlin-1882).
Faisant référence directement aux expériences de l’Unité italienne sous Camille Cavour et allemande sous Otto Von Bismarck, deux pays se trouvant dans une période cruciale du développement du capitalisme, Moise Hess trace très tôt les premières lignes du nationalisme sioniste.
En 1884-85, la Conférence de Berlin, durant laquelle le partage de l’Afrique sera au centre de la discussion, regroupe les puissances européennes et la Russie. Empire britannique, France, Allemagne, Italie, Espagne etc. s’offrent une portion du « gâteau » africain alors que la Russie tzariste voudrait occuper le flanc occidental du détroit du Bosphore (accès à la Méditerranée à partir de la Mer Noire) et L’élite sioniste prend indubitablement conscience de ce « nouveau » paradigme et c’est avec Théodore Herzl, à partir de 1896, que les contours d’un projet colonialiste sioniste, animé officiellement par l’idée centrale du retour de l’exil des Juifs et celle de construire « un rempart de la civilisation contre la barbarie » (à l’instar d’autres États colonialistes), se font de plus en plus explicites.