Avez-vous déjà expérimenté ou connaissez vous des personnes qui ne s'accordent aucune valeur? Ces personnes vivent avec comme un vide qui s'élargit au quotidien.
Je parle de quelque chose de plus profond, je pense, que le manque de confiance en soi. Ce n'est pas qu'un problème d'affirmation de soi ou de timidité, mais il s'agit là carrément d'une croyance enracinée qu'on ne vaut... rien.
C'est une croyance tellement enracinée que tous les compliments que l'entourage peut communiquer ne serviront à rien. La personne, dans l'instant, les reçoit, elle est flattée, ça lui fait chaud au cœur, elle se sent rehaussée, mais 30 minutes plus tard, c'est comme si elle n'avait rien entendu. Comme avant, elle se morfond dans cet espèce de brouillard fait d'auto-dénigrements et de remarques des autres, d'expériences de sa vie, qui ont parfois été tordues par sa perception du monde, mais pas toujours...
Cette «maladie» est aussi responsable des innombrables «morsures d'envie» que la personne qui ne croit pas en sa valeur subit. Chez autrui, un beau visage, un style vestimentaire recherché, une maîtrise affinée du langage, une prédilection pour x ou y sport/instrument de musique, bref un quelconque atout qui fait rayonner, et c'est un drame intérieur qui se joue. Une douleur aiguë générée par une perception d'un décalage entre autrui et soi. Le drame, c'est que la personne qui doute de sa valeur ne se dit pas que chacun a ses qualités et qu'une qualité ne fait pas la supériorité. Elle se remet totalement en question plusieurs fois par jour car elle n'a pas de socle solide sur lequel baser son identité.
Ainsi, les relations affectives sont énormément teintées de souffrance. Si la personne aimée a le malheur d'être trop proche d'un/d'une autre, ce sont des morsures de jalousie qui la piqueront. Certaines font éclater leur souffrance par des crises qui pourrissent le climat et détruisent les relations quand d'autres, plus conciliantes, s'enferment dans un silence et dans des ruminations intérieures qui, si elles ne détruisent pas la relation dans l'instant, verrouillent toute communication sincère qui est la base de toute relation saine.
D'où peut venir une telle souffrance?
Une absence de socle intérieur solide qui permettrait de se ressourcer en soi quand les épreuves arrivent. Une trop grande attention accordée au regard d'autrui, à son approbation, comme si autrui était soi-même. C'est une sorte de transfert, d'aliénation. Autrui devient l'intériorité et le référentiel intérieur, et une sorte de guide tout puissant.
Une hypersensibilité interpersonnelle. Un manque affectif.
Comment guérir de cette «maladie»?
Moi-même qui écrit, cela doit faire une centaine de fois que j'écris ce mal-être pour m'en débarrasser. Il n'y a que la forme qui change. Et je sais d'emblée que ce n'est pas cette énième tentative qui changera quelque chose. On peut me dire 10000 fois que j'ai telle ou telle qualité (et ce n'est pas faute d'en avoir entendu, des compliments), ça ne pourra pas rentrer. Le problème, c'est que ce manque empêche d'être soi, d'avancer, d'être intègre, droit dans ses baskets, parce qu'on souffre beaucoup trop des moindres mouvements des autres, qui ne sont que des riens pour la plupart des gens mais qu'un cerveau aussi trituré que le nôtre va s'efforcer d'interpréter pour que ça corresponde à cette vision d'horreur qu'on a de soi-même.
Je sais donc bien que c'est une énième tentative qui ne servira à rien, mais l'humain a besoin, de temps en temps, de vider la tension qu'il y a en lui.