Depuis un mois, les amateurs de haschisch du Caire saffolent : la drogue est devenue presque introuvable dans la capitale égyptienne. Tandis que les autorités se vantent davoir porté un coup aux trafiquants, les rumeurs sur les véritables raisons de la pénurie se multiplient.
Cest un sujet de conversation récurrent au Caire depuis quelques semaines, au point de concurrencer lautre sujet du moment, lascension politique de Mohamed El Baradei. La pénurie de haschisch
est dans toutes les bouches, surtout celles privées de la fameuse drogue douce. Il est très difficile den trouver depuis fin mars, témoigne Mohamed, un étudiant en cinéma, consommateur régulier. Ou alors il faut connaître les bonnes personnes et y mettre le prix : comptez 100 livres (150 DH) pour acheter un morceau long comme le petit doigt, qui coûtait auparavant 50 livres (75 DH), explique-t-il. Dans un pays où fumer un joint est à la fois un passe-temps et un remède social, la quasi-disparition du haschisch préoccupe de nombreux Egyptiens.
Haro officiel
Daprès une étude officielle datant de 2007, environ 9% de la population du pays consommerait régulièrement des drogues. Un pourcentage qui grimpe à 16% parmi les étudiants, selon une autre étude du Conseil national de la mère et de lenfant. Et le cannabis et ses dérivés, jusquici moins chers que lalcool et pas vraiment considérés comme haram -, sont de loin les plus populaires, toutes classes sociales confondues. La drogue est présente dans les livres de Naguib Mahfouz et Albert Cossery. On en fume lors des mariages et il nest pas rare de sentir, en pleine journée, une odeur de marijuana séchapper de la loge dun gardien dimmeuble. Même si la loi égyptienne prévoit des peines sévères contre les trafiquants, la consommation de cannabis est largement tolérée par les autorités.
Mais celles-ci ont, semble-t-il, décidé de sévir : la saisie dune centaine de kilos de haschisch, à Alexandrie, débouché naturel des arrivages marocains, a été annoncée début avril. Le quotidien gouvernemental Al Ahram affirmait alors quun rapport de la Sécurité générale confirmait ( ) la destruction complète du trafic de haschisch en Egypte. Le vice-ministre de lIntérieur, Hamdi Abdel Karim, déclarait plus modestement à lAgence France Presse : Nous espérons continuer à affaiblir le trafic. Depuis le début de lannée, sept tonnes de cannabis ont été interceptées. Sélevant à environ 27 tonnes en 2009, les quantités saisies nont cessé daugmenter depuis trois ans. A lapproche des législatives doctobre, le gouvernement essaie de montrer quil fait son boulot, estime Sherif Hafez, un activiste libéral égyptien.
Théorie du complot
La stratégie risque cependant dêtre contre-productive. Comme toujours en Egypte, les théories du complot fleurissent. Beaucoup pensent que les dealers stockent la marchandise - qui vient en majorité de létranger, Maroc et Afghanistan en tête - pour faire monter les prix. Depuis deux ans, loffre est abondante et le haschisch est devenu très bon marché, affirme Mohamed. Mais les rumeurs sur limplication du gouvernement, représentatives de la défiance généralisée des Egyptiens envers leurs dirigeants, vont également bon train. Les gens pensent que des membres du gouvernement contrôlent le trafic, poursuit létudiant.
En attendant la fin de la crise du hashish, beaucoup dEgyptiens se tournent vers le bango, le cannabis local, produit dans le Sinaï. Moins cher que le haschisch, il est aussi plus fort, donc davantage susceptible de provoquer des maux de tête. Le brown sugar, une héroïne de mauvaise qualité, a aussi trouvé de nouveaux clients, indique Mohamed. Au début des années 2000, le gouvernement libanais avait ainsi tenté déradiquer le trafic de haschisch. Il a en partie réussi mais a, du même coup, créé un marché pour les drogues plus dures, cocaïne ou héroïne, dont la consommation sest depuis largement développée.
Telquel
Cest un sujet de conversation récurrent au Caire depuis quelques semaines, au point de concurrencer lautre sujet du moment, lascension politique de Mohamed El Baradei. La pénurie de haschisch
est dans toutes les bouches, surtout celles privées de la fameuse drogue douce. Il est très difficile den trouver depuis fin mars, témoigne Mohamed, un étudiant en cinéma, consommateur régulier. Ou alors il faut connaître les bonnes personnes et y mettre le prix : comptez 100 livres (150 DH) pour acheter un morceau long comme le petit doigt, qui coûtait auparavant 50 livres (75 DH), explique-t-il. Dans un pays où fumer un joint est à la fois un passe-temps et un remède social, la quasi-disparition du haschisch préoccupe de nombreux Egyptiens.
Haro officiel
Daprès une étude officielle datant de 2007, environ 9% de la population du pays consommerait régulièrement des drogues. Un pourcentage qui grimpe à 16% parmi les étudiants, selon une autre étude du Conseil national de la mère et de lenfant. Et le cannabis et ses dérivés, jusquici moins chers que lalcool et pas vraiment considérés comme haram -, sont de loin les plus populaires, toutes classes sociales confondues. La drogue est présente dans les livres de Naguib Mahfouz et Albert Cossery. On en fume lors des mariages et il nest pas rare de sentir, en pleine journée, une odeur de marijuana séchapper de la loge dun gardien dimmeuble. Même si la loi égyptienne prévoit des peines sévères contre les trafiquants, la consommation de cannabis est largement tolérée par les autorités.
Mais celles-ci ont, semble-t-il, décidé de sévir : la saisie dune centaine de kilos de haschisch, à Alexandrie, débouché naturel des arrivages marocains, a été annoncée début avril. Le quotidien gouvernemental Al Ahram affirmait alors quun rapport de la Sécurité générale confirmait ( ) la destruction complète du trafic de haschisch en Egypte. Le vice-ministre de lIntérieur, Hamdi Abdel Karim, déclarait plus modestement à lAgence France Presse : Nous espérons continuer à affaiblir le trafic. Depuis le début de lannée, sept tonnes de cannabis ont été interceptées. Sélevant à environ 27 tonnes en 2009, les quantités saisies nont cessé daugmenter depuis trois ans. A lapproche des législatives doctobre, le gouvernement essaie de montrer quil fait son boulot, estime Sherif Hafez, un activiste libéral égyptien.
Théorie du complot
La stratégie risque cependant dêtre contre-productive. Comme toujours en Egypte, les théories du complot fleurissent. Beaucoup pensent que les dealers stockent la marchandise - qui vient en majorité de létranger, Maroc et Afghanistan en tête - pour faire monter les prix. Depuis deux ans, loffre est abondante et le haschisch est devenu très bon marché, affirme Mohamed. Mais les rumeurs sur limplication du gouvernement, représentatives de la défiance généralisée des Egyptiens envers leurs dirigeants, vont également bon train. Les gens pensent que des membres du gouvernement contrôlent le trafic, poursuit létudiant.
En attendant la fin de la crise du hashish, beaucoup dEgyptiens se tournent vers le bango, le cannabis local, produit dans le Sinaï. Moins cher que le haschisch, il est aussi plus fort, donc davantage susceptible de provoquer des maux de tête. Le brown sugar, une héroïne de mauvaise qualité, a aussi trouvé de nouveaux clients, indique Mohamed. Au début des années 2000, le gouvernement libanais avait ainsi tenté déradiquer le trafic de haschisch. Il a en partie réussi mais a, du même coup, créé un marché pour les drogues plus dures, cocaïne ou héroïne, dont la consommation sest depuis largement développée.
Telquel