Toutefois, ce taux reste trop « élevé » pour délégitimer complètement le résultat de ces élections.
Enfin, le résultat de ces élections n'est qu'un succès en trompe l'œil pour le PJD. Certes, il est aujourd'hui le premier parti, mais pour un parti qui normalement mobilise son électorat, il n'obtient que 30% des suffrages sur 45% de participation.
Concrètement, le PJD ne pèse en réalité qu'environ 15% des inscrits ! Sa légitimité est donc toute relative.
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Pour le PJD, les alliances possibles restent floues
Si les résultats de ce scrutin sont fiables, plusieurs questions se posent et plusieurs conséquences doivent être tirées.
Tout d'abord, en application de la nouvelle constitution, le roi est obligé d'appeler comme Premier ministre un membre du PJD. Ce dernier sera donc un intégriste « modéré ».
Ensuite, ne disposant pas de majorité absolue et devant formellement obtenir la confiance de la chambre des représentants, le PJD va devoir trouver des partis alliés pour former un gouvernement et avoir une majorité au parlement.
Avec qui va-t-il pouvoir s'allier ? Avec l'Istiqlal, dont une frange conservatrice dit ne pas être en incompatibilité avec le PJD, ce qui risquerait de créer de très fortes tensions avec son aile plus progressiste, notamment sur les questions de société, de droit des femmes, droit à l'avortement, le rapport à l'alcool etc.
Va-t-il trouver un allié avec l'USFP, parti qui se déclare progressiste mais aujourd'hui discrédité ?
Ou va-t-il trouver des alliés parmi les partis politiques du G8, dont le RNI et le PAM, les partis du « palais » ?
Quel rôle pour le palais dans l'après-scrutin ?
Par ailleurs, le roi (et le palais) va-t-il s'immiscer dans la formation d'une majorité et d'un gouvernement ? Va-t-il imposer des ministres ? Auquel cas, on aura bien la preuve que toute la réforme constitutionnelle pour démocratiser le système politique n'aura été qu'une mascarade.
Dans tous les cas, il ne faut surtout pas un gouvernement d'union nationale avec cinq ou six partis ! Ça empêcherait la structuration du champ politique marocain, avec une opposition qui serait en réalité factice. Surtout, cela signerait la continuation du système qui a eu cours depuis des décennies.
Enfin, les partis politiques vont devoir tirer les enseignements de ce scrutin. Les dirigeants de ces partis vont devoir accepter, pour certains, d'entrer dans l'opposition, de faire leur travail d'opposition, de renouveler le personnel, de reconstruire un projet politique cohérent et non pas se contenter d'être des courtisans d'une monarchie qui contrôle tout.
http://www.rue89.com/2011/11/27/pourquoi-les-elections-legislatives-au-maroc-sont-un-echec-226951