Evenement Arte 21 h : S.O.S. mâles, péril en la demeure!

Mims

Date limite de consommation : 26/01/2033
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On savait le Parisien plus exposé qu’un autre aux nuisances environnementales. Lapalissade. On apprend à l’occasion du colloque qui se tient aujourd’hui qu’en 50 ans il a perdu 40% de sa fertilité,
et gagné dans son enfance en cancers et malformations génitales.

Mâles en péril alerte ce soir sur ce nouveau et non moindre sujet d’inquiétude (Arte).


Les problèmes de l’appareil reproducteur masculin sont aujourd’hui potentiellement aussi graves que le réchauffement climatique», assène le professeur danois Niels Skakkebaek, directeur de recherche à l’hôpital universitaire de Copenhague, l’un des principaux intervenants du captivant documentaire présenté par Arte demain soir, «Mâles en péril».

Dans les pays industrialisés, on observe depuis cinquante ans une diminution de l’ordre de 50 % du nombre et de la qualité des spermatozoïdes, un doublement de l’incidence du cancer des testicules et une multiplication de certaines malformations génitales chez l’homme. Ce que retrace le documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade, c’est l’extraordinaire aventure de la poignée de chercheurs, européens et américains qui ont tenté, depuis quinze ans, de comprendre et de relier ces faits, puis de les expliquer.



Des molécules qui miment nos hormones

Au banc des accusés, de nombreuses molécules chimiques auxquelles nous sommes tous exposés dans notre vie quotidienne et qui interagissent avec les hormones, perturbant certaines fonctions : croissance, développement, comportements, reproduction, production, utilisation et stockage de l’énergie.

Baptisées «perturbateurs endocriniens», ces molécules de synthèse peuvent imiter, gêner, voire entraver l’action d’une hormone naturelle. Il s’agit, par exemple, des PCB, des retardateurs de flamme, des phtalates, des pesticides ou encore d’œstrogènes synthétiques comme le bisphénol A, utilisé notamment dans la fabrication d’un plastique dur transparent, le polycarbonate, que l’on trouve dans de nombreux produits de consommation comme les bouteilles d’eau et les biberons. Et dont le Canada vient de limiter l’utilisation.

Et plus généralement des 85000 molécules chimiques mises sur le marché depuis cinquante an et dont on ignore l’impact sur la santé et l’environnement.
La surprise des chercheurs

Avec sobriété mais efficacité, ce documentaire en forme de thriller scientifique montre comment l’hypothèse de la responsabilité de ces molécules s’est peu à peu construite, malgré les pressions des industriels et l’incrédulité d’autres scientifiques. Comme un puzzle, avec des éléments complètement épars, que personne n’aurait songé à relier, et d’abord, toujours, la surprise des chercheurs, le refus de croire à leurs résultats tant ce qu’il découvraient bouleversait les connnaissances.

«Les scientifiques que nous avons rencontrés et filmés dans cette enquête sont des personnages étonnants», soulignent les réalisateurs sur le site d’Arte. «Face à des données inattendues, ils ont su se remettre en cause et être créatifs ; au moment de publier leurs résultats, ils ont su résister aux pressions des industriels. Aujourd’hui, ils n’hésitent pas à sortir de leurs laboratoires pour porter le débat sur la place publique.»
Reach, un tournant

Car, ajoutent les réalisateurs, la découverte de ces «perturbateurs endocriniens» interroge. «En premier lieu, les pouvoirs publics: comment contrôle-t-on les milliers de molécules chimiques fabriquées par l’homme depuis 50 ans ? Des molécules lancées sur le marché avec pour seules analyses… celles effectuées par les industriels eux-mêmes.»

En 2006, et malgré un lobbying intense de l’industrie chimique pour l’empêcher, un tournant s’est néanmoins produit, avec l’adoption par l’Union européenne de la directive Reach, qui révise tout le système d’homologation des molécules chimiques en Europe et inverse la charge de la preuve en obligeant les industriels à prouver l’innocuité de leurs produits. Reste à l’appliquer évidemment, ce qui prendra du temps. Et ne dispense pas les pouvoirs publics de limiter l’utilisation des produits suspects d’ici là.


Extrait vidéo de "Mâles en péril" :

http://fr.youtube.com/watch?v=6iru6S693RI
 
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