Le facho - Partie 2
D’autant plus que ce poste dans une compagnie de transport privé d’une ville bourgeoise était plutôt confortable. Ici, il n’avait jamais eu à exercer son droit de retrait parce qu’un collègue s’était fait agressé ou que le bus avait été caillassé.
Dans la cabine conducteur de son bus, contrairement au temps où il travaillait pour la RATP, dans un quartier que TF1 et BFM TV qualifierait sans doute de « difficile », il n’y avait pas de grande vitre incassable qui le séparait des usagers et laissant juste la place à une petite ouverture permettant les transactions financières avec ceux qui achetaient leur billet sur place.
Cette vitre n’était pas là car elle n’était pas nécessaire, pour la même raison, les contrôleurs n’étaient jamais accompagnés d’un escadron de police ou d’agent de sureté au moment des contrôles, ils venaient seuls.
En plus, l’histoire d’un chauffeur de bus issu de l’immigration, car naitre en France, y avoir toujours vécu et être de nationalité Française n’était pas suffisant pour être qualifié de Français quand les parents, voire les ancêtres étaient eux immigrés, agressant « violemment », un jeune dirigeant du FNJ, ça n’était certainement la meilleure des choses enfin sauf pour le parti bien évidemment.
Kamel n’avait pas envie de leur fournir du grain à moudre, il n’attendait que cela.
Mais plus que tout, c’était autre chose qui le retenait. C’était drôle de savoir que le facho et le père facho critiquait l’islam et sa violence, son extrême danger pour la République, que celle-ci était trop visible, c’était une invasion barbare qui venait souiller la pauvre innocente et fragile France. Ils indiquaient alors qu’il était urgent d’agir en endiguant son expansion. Il fallait lutter contre l’invasion, nous étions en guerre, et qu’il fallait résister.
Si Kamel avait connu le fils facho il y a 10 ans, un petit facho, bourgeois et en plus visiblement prétentieux, il l’aurait sans doute tabassé sans retenu sans prêter attention au supplice du jeune garçon.
Le petit facho ne se doutait sans doute pas et ne saurait sans doute jamais que ce qui le contenait plus que tout, ce qui lui permettait de cadenasser ses démons et cette violence qu’il laissait s’exprimer à envie quand il était plus jeune, c’était justement sa religion.
Parfois, Kamel sentait une profonde violence monter en lui, souvent sans raison, dans ces moments il avait juste envie de pouvoir tout détruire, tout saccager, de casser en plusieurs morceaux chacune des choses qui l’auraient entouré. Rien ne devait rester intact autour de lui. Ce qu’il voulait dans ces moments c’était faire émerger le chao le plus total mais sa foi et sa spiritualité le retenait dans ces accès de rage.
Si l’arabo-musulmane qui s’était occupé de lui, elle, n’avait pas envie de tout casser ou peut-être se retenait de le faire, il se demandait quel regard Damien et les siens pouvait porter sur elle.