Perso, je ne suis pas du tout inquiet. Pardon pour le langage mais on se tient tous par les parties intimes... ça fait un peu mal par ici par là quand on se fait bousculer mais dans l'ensemble le clown peut continuer à se mettre du maquillage et à jongler avec les boules et les quilles.
En gros c'est ce sentiment qui mériterait d'être étayé par des indicateurs, or ceux-ci ont littéralement implosé depuis la perte de contrôle de la dette publique US par la Fed. Le capitalisme depuis 1945 fonctionne à partir de fondamentaux qui dans l'esprit des acteurs économiques représentent un cadre indéféctible, un socle de données immuables sur lequel les marchés "organisent" la prise de risque. On est ici dans la croyance collective, la foi dans des valeurs et des objectifs communs, or les économistes libéraux s'accordent eux-même depuis un siècle pour reconnaître la prépondérance du facteur psychologique dans le libre-échange, a fortiori dans une économie financiarisée.
Parmis ces convictions acquises, il y a une foi inébranlable dans la monnaie américaine, son rôle dans le système monétaire global, le crédit producteur de croissance exponentiel, la place politique que confère aux USA son leadership économique dans le monde (la fameuse locomotive), ou encore l'unilatéralité des institutions internationales. Autant de points de référence devenus caduques, après la convergence de l'explosion des bulles spéculatives au milieu des années 2000 et la crise des dettes souveraines actuelle, qui ont purement et simplement rompu l'équilibre hérité de la seconde guerre mondiale.
L'important est moins la dégradation de la note US que la réalité effective de la dépression économique américaine et ses conséquences en chaîne sur des pans entiers de l'économie mondiale. Sur ce second point, il faut lire Asia Times ou China Daily pour se convaincre du renversement paradigmatique en cours chez les élites économiques et politiques des BRICS, progressivement le cas US tend à être appréhendé de façon clinique, comme un épine dans le pied de l'économie globale. Ici par exemple:
http://www.atimes.com/atimes/Global_Economy/LJ27Dj04.html
Personnellement, je serai plus attentif à la vente massive ces derniers mois de bons du trésor US par Pimco, qui n'est quand même pas né de la dernière pluie en matière de gestion d'obligations. Tout comme je me demanderai comment les autorités japonaises vont-elles s'y prendre pour financer la reconstruction de leurs infrastructures et la prise en charge de l'accident nucléaire, sans vendre leurs réserves libellées en dollar (et ce dans un contexte de marasme national qui a précédé le séisme)...
C'est une inversion radicale du rapport de force qui se joue, et la définition d'une donne économique qui n'aura plus grand chose à voir avec ce qu'on a connu jusqu'ici. Comment donc les outils d'hier pourraient-ils renseigner sur la tendance économique de demain? C'est la question que devrait se poser tout investisseur rationnel, pas pour faire plaisir à Jelis ou Essainaute mais à son porte-monnaie.