Il y a 20 ans se déroulaient en Côte d’Ivoire une succession d’événements parmi les plus dramatiques et les plus édifiants concernant la présence militaire française dans une de ses anciennes colonies africaines. L’occasion de rappeler les faits et de rendre compte de deux nouveaux ouvrages qui paraissent à cette occasion.
Novembre 2004. Depuis deux ans, l’opération militaire française Licorne coupe la Côte d’Ivoire en deux. Elle est censée prêter main forte à l’opération de maintien de la paix des Nations unies dans le pays. Au nord, les rebelles de Guillaume Soro, qui ont échoué à prendre le pouvoir en septembre 2002, malgré le soutien militaire discret du régime de Blaise Compaoré (dictateur « ami de la France » au Burkina Faso). Au Sud, les forces loyalistes et le gouvernement du président Laurent Gbagbo, élu deux ans plus tôt dans des conditions qu’il a lui-même qualifiées de « calamiteuses ».
La thèse de l’accident paraît exclue par la quasi-totalité des acteur·ice·s et des observateur·ice·s du dossier. Celle d’une responsabilité directe de Gbagbo, mise en avant par les autorités françaises au moment des faits, n’est plus soutenue par personne. Certains évoquent une provocation à l’initiative de son entourage et de certains officiers ivoiriens pour obtenir le départ de l’armée française, voire pour camoufler un échec militaire (qui n’existe pas en réalité). D’autres enfin, concluent à un coup tordu de l’Élysée qui a mal tourné. Les militaires ivoiriens auraient été intoxiqués, pensant bombarder une réunion des chefs rebelles pour mettre un terme définitif au conflit. Le bâtiment bombardé, fermé pour inventaire la veille, n’aurait pas dû abriter de personnels, mais des militaires se sont malheureusement réfugiés à proximité. Cette attaque aurait servi de prétexte à la France pour mettre un terme à l’offensive ivoirienne et tenter de neutraliser le président Gbagbo par un coup d’État. Cette hypothèse est notamment défendue par le principal avocat des familles de militaires français décédés, maître BalanJean Balan, [1], ainsi que par certains militaires français. Elle repose notamment sur le témoignage d’un mercenaire au service de Gbagbo, Jean-Jacques Fuentès. Mais au-delà des témoignages et des coïncidences troublantes, aucune preuve matérielle ne permet à ce jour de trancher définitivement entre les différents scénarios possibles.
A suivre ....
Novembre 2004. Depuis deux ans, l’opération militaire française Licorne coupe la Côte d’Ivoire en deux. Elle est censée prêter main forte à l’opération de maintien de la paix des Nations unies dans le pays. Au nord, les rebelles de Guillaume Soro, qui ont échoué à prendre le pouvoir en septembre 2002, malgré le soutien militaire discret du régime de Blaise Compaoré (dictateur « ami de la France » au Burkina Faso). Au Sud, les forces loyalistes et le gouvernement du président Laurent Gbagbo, élu deux ans plus tôt dans des conditions qu’il a lui-même qualifiées de « calamiteuses ».
Un bombardement inexpliqué
Après avoir tenté de donner des gages à la France, Gbagbo, sous pression de ses militaires, décide de lancer une opération de reconquête du nord du pays et de bombarder les positions rebelles. Il rencontre préalablement le général Poncet, commandant de l’opération Licorne, et Gildas Le Lidec, ambassadeur de France, et s’estime prémuni contre une réaction française. Le lendemain pourtant, le président Chirac tente de dissuader son homologue ivoirien au cours d’un entretien téléphonique humiliant pour ce dernier... et sans effet : l’opération César, ultérieurement rebaptisée Dignité, est déclenchée. Les 4 et 5 novembre, les bombardements se succèdent et les troupes ivoiriennes s’apprêtent à reprendre Bouaké, place forte des rebelles. Mais le 6, un des deux avions Sukhoi ivoirien bombarde un camp militaire français à Bouaké, tuant neuf soldats français, un civil américain et occasionnant une quarantaine de blessés. À ce jour, les motivations et les commanditaires de ce bombardement restent incertains.La thèse de l’accident paraît exclue par la quasi-totalité des acteur·ice·s et des observateur·ice·s du dossier. Celle d’une responsabilité directe de Gbagbo, mise en avant par les autorités françaises au moment des faits, n’est plus soutenue par personne. Certains évoquent une provocation à l’initiative de son entourage et de certains officiers ivoiriens pour obtenir le départ de l’armée française, voire pour camoufler un échec militaire (qui n’existe pas en réalité). D’autres enfin, concluent à un coup tordu de l’Élysée qui a mal tourné. Les militaires ivoiriens auraient été intoxiqués, pensant bombarder une réunion des chefs rebelles pour mettre un terme définitif au conflit. Le bâtiment bombardé, fermé pour inventaire la veille, n’aurait pas dû abriter de personnels, mais des militaires se sont malheureusement réfugiés à proximité. Cette attaque aurait servi de prétexte à la France pour mettre un terme à l’offensive ivoirienne et tenter de neutraliser le président Gbagbo par un coup d’État. Cette hypothèse est notamment défendue par le principal avocat des familles de militaires français décédés, maître BalanJean Balan, [1], ainsi que par certains militaires français. Elle repose notamment sur le témoignage d’un mercenaire au service de Gbagbo, Jean-Jacques Fuentès. Mais au-delà des témoignages et des coïncidences troublantes, aucune preuve matérielle ne permet à ce jour de trancher définitivement entre les différents scénarios possibles.
A suivre ....