Comme leur habitude, ils se mirent à manger. Fayçal qui mastiquait bruyamment se levait toutes les trois bouchées pour épousseter sa tenue relax. Par moment, il regardait le plafond et demandait la bouche pleine : « Mmmmm cette tarte au pomme ... y’a de l’amande dedans c’est ça ? Et y’a pas aussi un peu de noisettes ? ». L’épouse de H., d’une patience assez rare, je peux en témoigner, lui répondait nia à chaque fois : « Bien vu Fayçal, tout à fait. Ça te plaît ? ». Et Fayçal de lui répondre : « Mmmm c’est très très bon. Même s’il manque un peu de noisettes. Tu prendras garde la prochaine fois à en rajouter un peu. En tout cas c’est très savoureux et tu sais comme j’adore les pâtisseries savoureuses ! ». Puis il répétait, comme tous les soirs, les plats qu’il aimait en insistant sur le felfel tendre cuit à feu doux. 80% de sa conversation, il l’adressait à Malika, ignorant mon pote quand il essayait de rentrer dans la discussion.
Plus tard, il s’est permis de dire : « Malika, je prendrais bien le reste de tarte. Demain je mange chez ma grande sœur et je n’apprécie pas ses tartes. La tienne est vraiment délicieuse. J’aimerais en apporter à ma maman ce week end. Je peux ? ».
H. m’a confié qu’il voulait en manger le lendemain, pour le suhur. Il a accepté par dépit. Du coup, il était privé de tarte. Il n’allait pas demander à sa femme d’en refaire pour le lendemain. Sa femme s’était levée, et lui a emballé le reste de tarte dans du papier aluminium sous l’œil attentif de Fayçal qui veillait à ce qu’elle l’emballe correctement.
Une nouveauté à noter depuis l’arrivée de Fayçal qui en plus de manger au ftor, de prendre un encas après les tarawihs se permettait maintenant d’amener des parts de tartes et autres mets délicieux pour ses frères et sœurs.
C’est à ce moment je l’ai coupé et lui ai dit, les yeux rouges de larmes d’avoir tant rigolé : « Woullah khouya, si je ne devais pas rentrer, je serais resté ici toute la soirée pour que tu me racontes tout, c’est tellement marrant ! ». Et c’est ainsi que nous nous sommes quittés en nous promettant de nous revoir bientôt. De ce que je sais, les anecdotes ci-dessus se sont reproduites durant tout le ramadan.
En rentrant ce soir là, j’ai tout de suite rompu la promesse que j’avais faite à H. J’ai appelé tout mon répertoire : « Hé les gars vous ne savez pas la dernière ! Faycal … Woullah faut que je vous raconte, il a fait craquer H. ! H. les gars ! Woullah qu’il me racontait en CRIANT ! Il criait de rage ! Ha ha mais bien entendu que je vais absolument tout vous raconter sans omettre le moindre détail sa mère. Mais bien entendu voyons. Je sors du squash avec J. Je rentre, petite douchette et da7ka au coin de feu. A toute. ».
FIN
Et vous les amis, franchement, vous auriez réagi comment face à un tel individu ? Vous auriez tenu votre promesse jusqu’au bout en l’invitant à manger tous les soirs ?