Haïti dénonce les propos "inamicaux et inappropriés" de Macron envers les responsables haïtiens

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اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Le ministre haïtien des Affaires étrangères s'est entretenu jeudi avec l'ambassadeur de France à Port-au-Prince après les propos "inamicaux et inappropriés" tenus par Emmanuel Macron en marge du sommet du G20 organisé au Brésil.

Le président français a estimé mercredi que les responsables haïtiens ayant limogé Garry Conille, choisi au mois de mai par le Conseil de transition pour diriger le gouvernement d'Haïti, étaient "complètement ****".

"Franchement, c'est les Haïtiens qui ont tué Haïti", a dit Emmanuel Macron avant d'ajouter que "le Premier ministre (Garry Conille) était super".

"Ils sont complètement ****. Ils n'auraient jamais dû le sortir", a continué le président français.

Garry Conille a été démis de ses fonctions ce mois-ci en raison de divisions au sein du Conseil de transition en Haïti.

Mis en place en avril dernier, le Conseil de transition a été chargé de nommer un Premier ministre tout en conservant une partie des pouvoirs présidentiels jusqu'à ce que la situation sécuritaire permette la tenue de nouvelles élections.

(Harold Isaac et Sarah Morland; version française Camille Raynaud)


 

1825–2025 : comprendre deux siècles de domination post-coloniale entre la France et Haïti​

Actus. 150 millions de francs d’or ont été imposés à Haïti le 17 avril 1825 par ordonnance du roi de France Charles X. L'ancienne puissance coloniale se propose, en cette journée symbolique du 17 avril – date du bicentenaire de cette décision – de mener une autopsie de son passé avec la création d’une commission mixte paritaire franco-haïtienne. Co-présidée par l'historienne Gusti Klara Gaillard-Pourchet, elle définit cette ordonnance royale de néocoloniale. Essayons de comprendre pourquoi ?

Pendant plus de soixante ans, Haïti a payé une indemnisation aux anciens propriétaires d'esclaves français. Une dette colossale de 150 millions de francs d’or. En échange, la jeune république a obtenu la reconnaissance de son indépendance. Une liberté fondamentale qui lui aura coûté son émancipation économique. Pour contrer « l’oubli et l’effacement », à l'occasion du bicentenaire de cet accord, l’Élysée a publié, jeudi 17 avril, une annonce : la création d’une commission mixte paritaire franco-haïtienne qui servira à « éclairer » l’impact de cette mesure.

Le remboursement de cette dette initiale s’est étendu jusqu’en 1952​

À chaque départ des navires français gonflés de caisses d’or, tanguait un chant hostile dans le port haïtien, selon l’historienne et co-présidente d’une commission mixte paritaire franco-haïtienne, Gusti Klara Gaillard-Pourchet. Les habitants de l’île caribéenne entonnaient leur aversion contre l’Hexagone :
« Les Français blancs demandent de l’argent / où l’obtenons-nous ? / où allons-nous ? / on leur donnera des plombs / on leur donnera des canons »,
traduite du créole haïtien :
« Blan franse mande lajan / kote na pran ? / kote na pran ? / na ba yo boulèt / na ba yo kannon ».

Payer ou mourir ?​

La Perle des Antilles – surnom donné par la France à sa plus riche colonie des Caraïbes – est la seule nation où les descendants d’esclaves ont payé des réparations aux héritiers de leurs anciens maîtres sur plusieurs générations. Son indépendance, Saint-Domingue – nom donné par l’ancien Empire colonial – l’arrache à la France, après l'échec de l’opération militaire lancée par l’empereur Napoléon Bonaparte entre 1801 et 1803. L’expédition menée par le beau-frère de l’empereur, Charles Leclerc, tente de reprendre le contrôle de l’île et de rétablir l’esclavage. Les troupes françaises capitulent face à l’armée indigène dirigée par Jean-Jacques Dessalines, et le 1er janvier 1804, Haïti est un pays libre.

Malgré son indépendance, Lakay – surnom donné à Haïti signifiant la maison – n’est pas un État souverain puisqu'elle n’est pas reconnue comme tel. Après plusieurs essais malheureux de pourparlers avec Paris, une décision royale bouleverse la voie diplomatique. D’anciens colons exercent une influence notable sur le gouvernement ultraroyaliste de France. Lorsque Charles X accède au trône en 1824, les négociations avec Jean-Pierre Boyer, président haïtien, se figent pour une approche unilatérale. Une dette imposée de 150 millions de francs d’or, destinée à indemniser les anciens esclavagistes, ainsi que l’ouverture des ports haïtiens au commerce français à des conditions préférentielles, lui est encore soumise. Et une nouvelle fois, Jean-Pierre Boyer refuse. Or, face à seulement deux possibilités – adhérer aux conditions tricolores ou faire face à une guerre – il signera l’ordonnance de Charles X.

D'emprunts en emprunts...

 
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