Urgence stratégique
...Les dirigeants israéliens laissent croire qu’ils attendent la mise à l'écart programmée du président Ahmadinejad. Mais les russes ne croient pas à un renoncement israélien. Moscou a annoncé, le 25 octobre, la vente à l'Iran de systèmes mobiles de radars très avancés, Avtobaza, montés sur camion et capables de brouiller les instruments électroniques de guidage des missiles d'attaque. Ce brouilleur de radar fait partie de l’arsenal militaire russe le plus sophistiqué pour signaler l’approche des avions de chasse et des missiles...
Le transfert des usines nucléaires, l’installation en cours du système Avtobaza et l’opportunité des délais de formation des servants des batteries pourraient avoir incité les dirigeants israéliens à anticiper leur intervention contre l’Iran. Les israéliens craignent que le nouveau matériel préfigure la livraison à l’Iran de la totalité du système russe de renseignement électronique ELINT qui lui permettrait d’identifier et de réagir à tout mouvement aérien, non seulement au-dessus de son territoire, mais dans la globalité du Golfe Persique et de la Mer Caspienne. Tsahal aurait alors plus de difficultés à intervenir.
Test balistique israélien
Israël ne se sent pas concerné par cette mise en garde. En revanche, il laisse filtrer des informations stratégiques. Il a testé, le 2 novembre dans la base de Palmachim, un nouveau missile balistique intercontinental capable de transporter une ogive nucléaire. Il s’agirait d’un dérivé du Jéricho-3 à combustible solide dont la portée est estimée de 4.800 à 6.500 km, suffisamment pour atteindre l’Iran. Il ne servirait pas à une attaque contre les usines nucléaires mais serait une dissuasion pour toute velléité des iraniens d’atteindre des cibles civiles en Israël. En revanche, les experts militaires considèrent qu’une quarantaine de missiles à ogives conventionnelles est capable de détruire les trois sites de Natanz, Ispahan et Arak. Les israéliens disposent en effet depuis fin septembre de bombes GBU-28 capables d’atteindre en profondeur les bunkers enfouis dans des grottes naturelles.
Par ailleurs, l’annonce que la Syrie a reconstruit un site nucléaire, pour remplacer le réacteur bombardé en 2007 par Israël, confirme que l’Iran n’a pas abandonné sa volonté d’équiper en armes nucléaires les ennemis d’Israël. La proximité d’un site nucléaire aux frontières d’Israël constitue un casus belli. Le test balistique israélien avec ogive nucléaire et la libération de la censure militaire sur les affaires nucléaires israéliennes pencheraient pour une volonté de mettre en garde les pays occidentaux sur la montée des périls et sur le fait qu'Israël ne restera pas longtemps sans agir pour sa survie.
Slate