Irak, Egypte, Israël, Turquie, Algérie, Arabie Saoudite, Pakistan, Afghanistan... 20 millions de chrétiens vivent dans ces pays dAsie ou dOrient.
Humiliés, harcelés, parfois massacrés, presque toujours poussés à lexil, les chrétiens vont-ils, sous la pression des fondamentalismes musulmans, disparaître en terre dislam ? Jean-Paul Mari a enquêté sur cette nouvelle flambée de christianophobie
Imaginez une terre où un homme naurait pas le droit de prier son Dieu ni de transporter sur lui des textes religieux, où ses voisins dimmeuble cracheraient au passage de sa femme, où personne ne lui dirait bonjour, détournant le regard, refusant de partager le même robinet deau potable, une eau « souillée » par lintouchable.
Un homme qui devrait sabstenir de boire, de manger et de fumer quand les autres jeûnent, de prier à voix haute et devrait se battre des années pour espérer lautorisation de construire un lieu de culte. Son nom et sa confession suffiraient à lécarter de la fonction publique et il naurait pas le droit denseigner la langue du pays, dentrer dans la police ou larmée, de devenir doyen de faculté, ambassadeur ou ministre.
Imaginez des familles entières obligées de se cacher pour assister à loffice, tremblant à lidée quun commando terroriste interrompe la cérémonie, massacre indifféremment hommes, femmes et enfants à coups de fusils dassaut et de grenades. Des croyants, qui se feraient régulièrement insulter, humilier, suspecter, traiter détrangers, despions, de traîtres à leur pays.
Imaginez des populations entières forcées de choisir entre la conversion ou la mort. Et qui nauraient plus comme issue, après trop de sang, de larmes et de désespoir, que le chemin de lexil. Imaginez... Une terre de cauchemar, non ?
Cest pourtant dans des pays semblables, entre lOrient et lAsie, en terre dislam, que vivent une vingtaine de millions dhumains : les chrétiens.
Bagdad, Irak : la conversion ou la mort
Couché sur le sol, la tête collée au prie-Dieu, Bassam essaie de couvrir le corps de sa femme et de Zeïd, son garçon de 3 ans. Voilà plusieurs heures que les terroristes ont investi la cathédrale catholique syriaque de Notre-Dame du Perpétuel Secours. Ce dimanche 31 octobre, à Bagdad, juste après le début de la messe, les fidèles entendent les premières déflagrations à lextérieur de léglise.
Puis des hommes jeunes, sans barbe, investissent la cathédrale, chargés de kalachnikovs, de mitrailleuses et de bombes. Ils lâchent de longues rafales, jettent des grenades dans la foule des fidèles, brisent les crucifix en hurlant des insultes : « Saleté de croix ! Chrétiens mécréants ! Croisés ! » Sous lui, Bassam a senti sa femme sursauter : « Je suis touchée ! » Une balle dans la jambe qui dépassait, une autre dans le pied. « Ne dis rien, ne bouge pas, fais le mort, comme moi », souffle Bassam. Le gosse sest mis à pleurer. « Sil ne se tait pas, je légorge ! » a hurlé un terroriste.
Humiliés, harcelés, parfois massacrés, presque toujours poussés à lexil, les chrétiens vont-ils, sous la pression des fondamentalismes musulmans, disparaître en terre dislam ? Jean-Paul Mari a enquêté sur cette nouvelle flambée de christianophobie
Imaginez une terre où un homme naurait pas le droit de prier son Dieu ni de transporter sur lui des textes religieux, où ses voisins dimmeuble cracheraient au passage de sa femme, où personne ne lui dirait bonjour, détournant le regard, refusant de partager le même robinet deau potable, une eau « souillée » par lintouchable.
Un homme qui devrait sabstenir de boire, de manger et de fumer quand les autres jeûnent, de prier à voix haute et devrait se battre des années pour espérer lautorisation de construire un lieu de culte. Son nom et sa confession suffiraient à lécarter de la fonction publique et il naurait pas le droit denseigner la langue du pays, dentrer dans la police ou larmée, de devenir doyen de faculté, ambassadeur ou ministre.
Imaginez des familles entières obligées de se cacher pour assister à loffice, tremblant à lidée quun commando terroriste interrompe la cérémonie, massacre indifféremment hommes, femmes et enfants à coups de fusils dassaut et de grenades. Des croyants, qui se feraient régulièrement insulter, humilier, suspecter, traiter détrangers, despions, de traîtres à leur pays.
Imaginez des populations entières forcées de choisir entre la conversion ou la mort. Et qui nauraient plus comme issue, après trop de sang, de larmes et de désespoir, que le chemin de lexil. Imaginez... Une terre de cauchemar, non ?
Cest pourtant dans des pays semblables, entre lOrient et lAsie, en terre dislam, que vivent une vingtaine de millions dhumains : les chrétiens.
Bagdad, Irak : la conversion ou la mort
Couché sur le sol, la tête collée au prie-Dieu, Bassam essaie de couvrir le corps de sa femme et de Zeïd, son garçon de 3 ans. Voilà plusieurs heures que les terroristes ont investi la cathédrale catholique syriaque de Notre-Dame du Perpétuel Secours. Ce dimanche 31 octobre, à Bagdad, juste après le début de la messe, les fidèles entendent les premières déflagrations à lextérieur de léglise.
Puis des hommes jeunes, sans barbe, investissent la cathédrale, chargés de kalachnikovs, de mitrailleuses et de bombes. Ils lâchent de longues rafales, jettent des grenades dans la foule des fidèles, brisent les crucifix en hurlant des insultes : « Saleté de croix ! Chrétiens mécréants ! Croisés ! » Sous lui, Bassam a senti sa femme sursauter : « Je suis touchée ! » Une balle dans la jambe qui dépassait, une autre dans le pied. « Ne dis rien, ne bouge pas, fais le mort, comme moi », souffle Bassam. Le gosse sest mis à pleurer. « Sil ne se tait pas, je légorge ! » a hurlé un terroriste.