Pour partage,
Abdellah Tourabi
Un diplomate français a justement fait remarquer que les mandats des présidents français « commencent toujours à Alger et se terminent à Rabat ».
Une remarque particulièrement pertinente pour le cas du président Macron.
Ce dernier a multiplié pendant sept ans les gestes de rapprochement et de proximité avec l'État algérien.
En vain ! Au-delà des calculs économiques et politiques, Macron était imprégné des idées de son ancien maître, le philosophe Paul Ricoeur, sur la mémoire, le pardon et l'oubli. Il pensait qu'il allait réussir là où tous les dirigeants français avaient échoué avant lui : réconcilier les mémoires et écrire une nouvelle page entre la France et son ancienne colonie. Gifle après gifle, il a appris à ses dépens que cette tentation métaphysique était impossible avec un régime sans cap ni horizon, qui fonctionne avec des schémas désuets et une classe dirigeante médiocre à tous les niveaux.
Cette médiocrité a été le meilleur diplomate au service du Maroc, expliquant l'évolution de la position française sur le dossier du Sahara. Profitant de vents favorables, notamment de la multiplication des gestes positifs de grandes puissances sur la question du Sahara, le Royaume a réussi à arracher un soutien inespéré. La plupart des analystes et commentateurs, y compris l'auteur de ces lignes, pensaient que la France maintiendrait le statu quo pour ne pas s'aliéner l'un des deux pays.
Mais la persévérance et l'opiniâtreté du Maroc, ainsi que la fixation d'une ligne claire et directrice, ont finalement eu raison du statu quo. L'avantage de la monarchie est d'avoir le temps pour elle : depuis l'indépendance du Maroc, trois rois ont vu défiler huit présidents et une kyrielle de gouvernements.
Le roi Mohammed VI a désigné un cap pour la diplomatie marocaine et tout le monde s'y est tenu, quitte à faire l'impasse sur la présidence Macron. Finalement , ce dernier a fait le choix de la dynamique marocaine au lieu de la paralysie algérienne et des intérêts partagés et concrets à la place d'une chimère. La récente position française est un choix de raison, qui prend en considération l'évolution du monde et du continent africain, privilégiant les promesses positives et réalisables aux menaces lugubres et stériles.
Tant mieux pour Rabat et Paris, et souhaitons un peu de raison et de sagesse à Alger !