Le burn-out,
chemin initiatique ?
Plus de 12 % de la population active française courrait le risque d’un burn-out en 2014, cet épuisement professionnel.
Et si, sous la gravité du mal-être,
pulsait une puissante énergie de transformation ?
« Serais-je la femme que je suis aujourd’hui si je n’avais pas été victime d’un burnout ? » La question semble curieuse. C’est pourtant celle que se pose Nadia Guiny, neuf ans après avoir payé cher sa suractivité professionnelle. « J’étais directrice de la communication, j’avais des responsabilités, j’étais reconnue,raconte-t-elle. Pendant vingt ans, j’ai adoré mon métier, je me donnais sans limites. À un moment, j’ai commencé à y trouver de moins en moins de sens. La fatigue s’accumulait, mais j’avais tellement à cœur de bien faire ! Je me disais qu’un moment favorable viendrait. Je n’ai pas vu le mur venir. » Selon les gens, le mur prend la forme d’un AVC, de dérèglements physiologiques, d’un état dépressif. Certains se réveillent un matin incapables d’honorer le rendez-vous qu’ils préparaient depuis des mois. Nadia Guiny, elle, a vu surgir une maladie neurologique invalidante. « Le neurologue a fait le lien entre mon surinvestissement et l’incapacité de mon organisme à en supporter davantage », souligne-t-elle.
Renaître de ses cendres
« Cet épuisement physique et psychique est le résultat d’un trop fort déni de soi,commente la psychologue Patricia Serin. Il est le signe que la personne a négligé des aspects d’elle-même, pourtant essentiels. » Le corps est épuisé, le cerveau grillé. S’arrêter longtemps est une nécessité – vécue parfois comme un échec. Pour Nadia Guiny, c’est un électrochoc. « Moi qui n’avais plus goût à rien, j’ai pris conscience que je voulais vivre, et en bonne santé », relate-t-elle. Les forces lui manquent, mais son congé maladie lui donne du temps pour réfléchir. Qu’a-t-elle à en comprendre ? « Certaines entreprises portent une responsabilité, du fait de charges de travail colossales ou de pressions managériales, admet-elle. Pour autant, il est important de dépasser la plainte et la colère. Un burn-out doit nous questionner sur notre perfectionnisme, notre soif de reconnaissance, ainsi que sur nos difficultés à mettre des limites et à exprimer nos besoins. » C’est aussi le moment de se mettre à l’écoute de ses aspirations fondamentales.
Sommes-nous vraiment sur notre route ? L’intuition, les rêves ou les ressentis sont de précieux alliés. Nadia Guiny a mobilisé le peu d’énergie qu’il lui restait pour explorer de nouveaux champs. « Peu confiante dans les traitements que me proposait la médecine, j’ai décidé de me tourner vers des approches alternatives », narre-t-elle. Rebirth, étiopathie… Elle finit par trouver son sésame entre les mains d’un chiropracteur énergétique. « Il a cassé les couches émotionnelles que j’avais accumulées,explique-t-elle. Je me suis sentie me “reverticaliser” et me défaire peu à peu de mes douleurs. »
On réalise l’absurdité du système dans lequel on s’était enfermé.
En parallèle, elle s’interroge sur sa vie, sur ses valeurs, sur ce dont elle souhaiterait être fière à l’orée de sa mort. « Au fond, le burn-out est un processus alchimique, analyse-t-elle. Dans une société qui valorise l’hyperconsommation, l’individu ne fait pas exception : il se consume. » Une fois calciné, tel le phénix, il peut renaître de ses cendres, à condition de faire le chemin de la purification, de la suppression des résistances puis de la recomposition de lui-même, vers un état d’unité intérieure.
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