Salut mon général !
C’est toujours un plaisir de partager avec toi, même si t’es encore à 1000 nœuds nautiques du cap de ton humble commandant
Même si l’on partait de l’idée que l’islam s’est diffusé "à coup d’épées", faut pas imaginer que c’était du couteau dans du beurre. On parle d’empires bien établis : Perse, Byzantin… des armées, des murs, des royaumes. Et dans ces contextes verrouillés, selon la perspective islamique, le rôle était de faire tomber les obstacles empêchant la transmission du message. C’est ce qu’on appelle
جهاد الطلب (offensif), à distinguer du
جهاد الدفع (défensif), moins polémique. Cela dit, depuis des siècles, les musulmans ne sont justement plus dans ce mode offensif, et pourtant, ils continuent d’être tenus pour responsables de toutes les horreurs du monde...
Maintenant, une fois l’armée ennemie vaincue, il n’était pas question de conversions forcées, mais de lever les verrous pour permettre au message de circuler. Ce qu’on imposait, c’était l’écoute, pas l’adhésion.
Le Prophète saws a galéré à rallier les tribus. C’est d’ailleurs ce qui renforce la véracité de son message... Il n’a pas "gagné" juste par son statut de prophète... Comme Moïse, Jésus, Jonas, Ibrahim… aucun n’a eu un chemin facile. Le message est claire : même le vrai a besoin d’effort, de stratégie, d’intelligence. Raison pour laquelle la da3wa du Prophète a aussi intégré des réalités humaines, y compris des considérations matérielles.
Le butin, c’est clair, a attiré certaines tribus. Et dans le contexte de l’époque, où on lançait des guerres pour une chamelle (
حرب البسوس) qui a duré des dizaines d'années... parler d’"appât du gain" pour justifier un ralliement n’est pas si absurde. Le piratage visant des convois ennemis, c'est une tactique de guerre. Quant aux mercenaires, ça a toujours existé, et ça continue de nos jours... On ne construit pas des chars pour lancer des fleurs, et on ne recrutte pas des mercenaires pour prêcher. Le cavalier ne demande pas non plus l'avis de son cheval avant l'affrontement... Chercher la noblesse dans chaque geste, chaque motivation, là où les âmes s'envolent... c'est la défaite assurée. En parlant de cette "nobless"... le Maroc, ne serait-il pas un peu victime de cette "noblesse" maladroite ?
Le Prophète saws le savait. Il a même dit à un compagnon dans un hadith où les Ansar se plaignaient d'avoir laisser tout le butin pour des ex-mécréants fraichement convertis. Il leur dit :
"J’apaise certains cœurs fraîchement sortis de la mécréance." Il savait que tout le monde n’est pas touché par la même corde. Il faut parfois parler au ventre avant de toucher le cœur. C’est pas très poétique, mais c’est humain.
Quant à Moussa ibn Noussayr ou 3oba ibn Nafi3… On peut débattre des méthodes, mais on ne peut pas leur retirer l’impact historique. Eux, dans leur logique, faisaient ce qu’ils pensaient juste. S’il y a eu des excès - même graves parfois - ce n’est pas le message qu’il faut juger, mais ses porteurs...
Des fillettes envoyées à Damas ? Perso, je n’ai jamais trouvé de source sérieuse qui soutienne cette thèse. Dans les livres du تراث إسلامي, il y a de quoi boire, manger… et parfois recracher. Certaines histoires frôlent l’invraisemblable. Mais si c’est arrivé, ça fout les boules. Et si ce n’est pas arrivé, tant mieux.
En résumé : toute expansion religieuse ou idéologique a ses zones d’ombre. Mais réduire l’islam à une "légalisation du brigandage", c’est balayer d’un revers de main des siècles de science, d’enseignement, de raffinement... et de spiritualité sincère.
PS : Pour ce qui est de حد الردّة, et autres sujets à polémique, franchement, ce n’est pas que je refuse d’en parler, mais ce sont des débats redondants, qui ont déjà trouvé leurs réponses. Disons qu’il y a plus de chances de tomber sur ce genre de questions sur un plateau de CNews que sur le terrain réel… où, à l’inverse, on voit surtout des musulmans persécutés aux quatre coins du monde.