Je me doutais que vous évoqueriez certaines de ces sources.
Sauf erreur de ma part, elles évoquent une différence de traitement selon la nationalité (Français/étrangers), pas la religion, ni l'origine ethnique des prévenus.
Reste cette étude, qui catégorise les prévenus en fonction de leurs origines ethniques :
- La revue sociologique Française de Fabien Jobard et Sophie Névanen : « La couleur du jugement. Discriminations dans les décisions judiciaires en matière d’infractions à agents de la force publique (1965-2005) »
Discriminations dans les décisions judiciaires en matière d'infractions à agents de la force publique (1965-2005)
shs.cairn.info
En voici les conclusions, qui ne sont pas aussi catégoriques que ce que vous supposez :
En ce qui concerne les décisions pénales, nos données indiquent une discrimination irréfutable et systématique à l’encontre des prévenus des groupes « Maghrébins » et « Noirs » : emprisonnement ferme plus fréquent ; emprisonnement prononcé plus long. Cette discrimination est entendue en termes statistiques : par une série de différences significatives. Y a-t-il pour autant « discrimination » au sens commun du terme, c’est-à-dire « traitement différencié » ? Là tout se complique car les populations « prévenus maghrébins » ou « prévenus noirs » étant également des populations jugées pour des délits plus graves parmi les IPDAP, plus souvent jugés « en récidive », plus souvent jugés in abstentia... si bien que la variable « groupe » ne joue, toutes choses égales par ailleurs, plus aucun rôle significatif. La variable groupe, en ce sens, ne fait que cumuler des éléments distinctifs qui, eux, produisent le différentiel de sanction ; en tant que telle, elle est inopérante.
(...)
Que reste-t-il alors des discriminations apparentes ? La force des apparences : cette force qui fait que le regard des uns et des autres est difficilement capable d’effectuer, à l’instant même où l’action se produit, d’autre tri qu’un simple tri d’ordre un. On constate, entrant da ns une salle d’audience, la surreprésentation manifeste des fils d’immigrés maghrébins lorsque sont appelées des infractions à dépositaires de l’autorité publique. Mais le regard est déjoué par l’analyse. Ce que l’on voit depuis la salle d’audience, le juge penché sur ses dossiers, de l’autre côté de la barre, ne semble pas le percevoir. D’un côté, l’observateur voit des fils d’immigrés maghrébins. De l’autre, le juge sanctionne des actes et des trajectoires pénales. Le juge enregistre et consacre dans son ordre propre des inégalités produites ailleurs, déposées à la barre par le parquet et la police. À l’épreuve des regards portés sur le monde, si l’analyse des données contredit l’injustice de l’audience pénale, elle documente en même temps l’implacable tension du métier policier, amenant une fraction avérée de jeunes hommes noirs ou maghrébins à devenir, plus que jamais, clientèles de l’autorité judiciaire.