Nous revenons cette semaine sur le baisemain royal avec une position plus tranchée que jamais : stop, baraka, assez ! Comme vous pouvez le lire en pages intérieures (le dossier de couverture intitulé Baraka ! Baisemain royal sera mis en ligne sur notre site jeudi 24 janvier 2013), nous avons tenté de comprendre la nature du geste, sa signification, son histoire. Nous avons demandé à des chercheurs et à des décrypteurs du geste politique, voire protocolaire. Nous avons aussi interpellé des religieux et des hommes de foi. En gros, nous avons examiné la portée politique, historique et sociologique de ce rituel. Il en ressort que ce geste, qui est profondément enraciné dans les rapports qui lient le peuple à la monarchie, est avant tout une marque de respect (pour le monarque) et un honneur (pour celui qui lui embrasse la main). Evidemment. Mais lerreur serait den rester là. Cette lecture normative présente en effet un lourd handicap : elle est figée dans le temps. Au moment où le code du baisemain a été inventé, avec ses multiples significations et, si lon ose dire, toute sa fonctionnalité, le monde était encore féodal, la notion dégalité entre les hommes nexistait pas, la communication et le souci de limage dun pays ou dun souverain étaient une hérésie, et le Maroc était une agrégation de tribus qui prêtaient allégeance à un seigneur, le roi, qui régnait sur le bled makhzen et multipliait les harkas pour tenter de pacifier le bled siba. Le baisemain est un geste brutal qui correspondait à un monde en état de guerre permanente. Sociologiquement, il consacrait le principe de lasservissement des peuples-esclaves et de la déification de ses maîtres-protecteurs. Ce monde nexiste plus, fort heureusement !
http://www.telquel-online.com/Editorial/L-autre-exception-marocaine/554
http://www.telquel-online.com/Editorial/L-autre-exception-marocaine/554