Guerre en Ukraine: le marché de Kherson frappé, Zelensky dénonce un acte de «terreur»
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé samedi un acte de « terreur » russe pour « intimider » les Ukrainiens, après une frappe sur le centre-ville de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, qui a fait au moins sept morts et 58 blessés.
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L’Ukraine a dénoncé samedi un acte de «terreur» et «une vengeance» après une frappe russe sur le marché de Kherson qui a fait au moins 10 morts et 55 blessés, dix mois jour pour jour après le début de l’invasion des troupes de Moscou.
«Alors que des familles en Europe, en Amérique du Nord et au-delà préparent des dîners festifs, ayez une pensée pour l’Ukraine qui combat le mal en ce moment», a imploré le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba sur Twitter.
Pour son homologue de la Défense Oleskiï Reznikov, la frappe sur Kherson est «une vengeance sur ses habitants qui ont résisté à l’occupation» russe. Kherson a été libérée le 11 novembre par l’armée ukrainienne, après huit mois d’occupation.
«Le matin, le samedi, à la veille de Noël, dans le centre-ville. Ce ne sont pas des installations militaires. Ce n’est pas une guerre selon les règles définies. C’est la terreur, c’est tuer pour intimider et (prendre) du plaisir», a fustigé le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux.
Selon le dernier bilan samedi soir du gouverneur de la région de Kherson, Iaroslav Ianouchevitch, «pour le moment, nous avons 55 blessés (...) et 10 morts. Parmi les blessés, 18 sont dans un état grave». A Kherson, une équipe de l’AFP a vu de nombreux corps inertes jonchant le sol. «Les secours ont essayé de le sauver, mais il ne respirait plus», se lamente une femme dont le mari, Oleksiï, est mort sur le coup. Accroupie, le regard dans le vide, elle tient dans les mains la veste ensanglantée du défunt.
Selon Leonid Tataryne, un habitant de 38 ans, «il y a eu un bombardement sur un magasin, puis sur le marché» central et autour.
Oleksandre Koudriachov, 43 ans, a du mal à se remettre de la disparition de «Liocha», un homme qui «travaillait ici depuis 20 ans, ou plus. (...) Il vendait de la viande». Au moment de la frappe, «il était sorti pour prendre une cigarette», raconte-t-il.
Lieu fréquenté
Près du marché de Kherson, l’AFP a vu un homme grièvement blessé à la tête, sa voiture soufflée par la puissance de l’explosion. Une femme, vêtue d’un manteau rouge, était sans vie à quelques mètres de là, les bras en croix. Une personne en larmes à côté était réconfortée par un secouriste. Plus loin, deux hommes étaient grièvement blessés à un passage piéton.Des flammes s’élevaient aussi du marché, lieu fréquenté samedi matin et situé en plein coeur de Kherson. Au total, «66 voitures ont brûlé» dans la frappe, selon les secours. L’armée russe n’avait pas réagi en fin d’après-midi.
Vladimir Saldo, le chef de l’administration prorusse de Kherson, a imputé l’attaque à l’armée ukrainienne, fustigeant «une provocation écoeurante visant bien sûr à faire accuser les forces armées de la Fédération de Russie».
Vendredi, Kherson avait déjà été la cible de 74 frappes russes, selon les autorités régionales, faisant au total cinq morts et 22 blessés, selon l’administration régionale. Dans l’Est, les frappes russes sont toujours «régulières» sur Bakhmout, que les Russes tentent de prendre depuis l’été, a déploré la présidence ukrainienne.
«La liberté s’obtient à un prix élevé. Mais le prix de l’esclavage est encore plus élevé», a déclaré M. Zelensky lors de son allocution du soir. «Nous résistons depuis le début de la guerre. Nous avons résisté aux attaques, aux menaces, au chantage nucléaire, au terrorisme, aux frappes de missiles. Résistons à cet hiver. Parce que nous savons pourquoi nous nous battons».
A Ankara, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar, dont le pays joue les médiateurs entre Kiev et Moscou, a admis que «cette guerre ne semble pas près de se terminer facilement».