Le boycott, une arme qui fait peur à Israël par Ziad Medoukh
13 février 2014 | Par Elisabeth Chaudanson
Il a terminé ses études de didactique du français à l’université de Paris VIII où il obtint en 2009 un doctorat en Sciences du Langage. Il est l’auteur de nombreuses publications concernant l’enseignement du français en Palestine et aussi sur la non-violence.
Très attaché aux principes de la démocratie, de la liberté, des droits de l’homme et de la Francophonie, Ziad Medoukh a été fait Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques de la République Française en 2011. Il est le premier citoyen palestinien à obtenir cette distinction.
Conférencier infatigable sur Gaza et la Palestine, il multiplie, surtout en France et en Europe, et autant qu’il le peut, les rencontres avec les associations et les réseaux de jeunes, chaque fois que ses activités académiques et professionnelles lui permettre de franchir les frontières de Gaza.
Le boycott, une arme qui fait peur à Israël
Ziad Medoukh
Avant l’appel de centaines d’universitaires américains à rompre leurs relations académiques avec les universités israéliennes, les récentes décisions de quelques banques européennes de ne pas continuer à s’investir dans les banques israéliennes qui financent les colonies illégales de Cisjordanie, montrent que le boycott économique, institutionnel et académique de cet État d’apartheid pourrait être très efficace, afin de le pousser à accepter d’appliquer avant tout les résolutions internationales.
Ces actions de boycott se multiplient, en Europe, mais également aux USA, des dizaines d’entreprises publiques et privées ont commencé à rompre leurs liens avec des compagnies israéliennes, notamment celles installées dans les colonies.
Cette arme du boycott est pacifique et non violente, c’est une participation internationale à l'application du droit international, son objectif est de mettre la pression sur le gouvernement israélien. Les Israéliens doivent comprendre que les alliés d’hier ne peuvent continuer à soutenir leur politique agressive et coloniale, une politique qui empêche toute avancée dans les négociations de paix israélo-palestiniennes.
L’origine de ces actions ? Un boycott citoyen pratiqué par beaucoup de solidaires de nombreux pays, dans le cadre de la campagne BDS. On doit saluer leur courage et leur détermination, car ce n’est pas facile pour eux, ils sont souvent la cible de menaces et de poursuites juridiques dans des pays dits démocratiques.
Suite à ces différentes actions de boycott, le gouvernement israélien a créé récemment une unité de crise pour affronter l’extension de ces actions. Un haut responsable israélien a même déclaré que ce boycott était la troisième intifada contre les Israéliens.
Selon une étude récente publiée par le ministère des Finances israélien : l’échec du processus de paix et ces actes de boycott vont causer à l’économie israélienne des pertes qui peuvent dépasser les 5 milliards d’euros et la suppression de 10 000 emplois.
Comme d’habitude, le gouvernement israélien qualifie d'actes antisémites ces actions non violentes menées non seulement par des solidaires de la cause palestinienne, mais aussi par des entreprises et firmes internationales. Mais cette propagande israélienne a échoué, car il y a une prise de conscience de beaucoup de pays et d’institutions dans le monde, que l’État d’Israël est un État raciste, un régime d’apartheid.
Nous comptons beaucoup, nous, Palestiniens, sur ces actions qui font peur à Israël, en particulier celles qui sont menées en Europe, car celle-ci a un rôle à jouer pour imposer une paix juste et durable dans notre région, non en soutenant Israël, mais au travers de sanctions officielles contre cet État d’apartheid qui a un accord d’association économique privilégié avec l’Europe. 30% du commerce extérieur de cet État se fait avec l’Union européenne. Or l’Europe accorde beaucoup de facilités aux Israéliens, avec l’ouverture de l’espace européen aux chercheurs, sportifs, artistes et entreprises israéliennes, sans oublier que dans quelques pays européens, il y a des lois et des règlements qui punissent les citoyens de leur boycott des produits israéliens.
Plutôt que de faire pression sur les Palestiniens et de leur demander de faire des concessions, l’Europe devrait annuler l’accord d’association économique avec cet État d’Israël qui tous les jours viole le droit dans les territoires palestiniens, elle devrait prendre des mesures, voire des sanctions officielles dans tous les domaines afin d’obliger cet État à accepter une paix juste.
Le boycott international, qui a montré son efficacité comme arme contre le régime d’apartheid en Afrique du sud, devrait être généralisé et élargi contre Israël. Il ne devrait pas toucher seulement les compagnies et les produits des colonies illégales mais tous les produits israéliens,car cet État n’applique pas le droit international, l’occupation est illégale à l’égard du droit international, la construction des colonies sur des terrains appartenant à des Palestiniens est illégale, le blocus inhumain imposé contre la population civile de Gaza est illégal, le mur d’apartheid est illégal, la détention de plus de 5000 palestiniens dans des conditions atroces dans les prisons israéliennes est illégale, la détention administrative de beaucoup de nos prisonniers est illégale, l’installation de plus de deux cents cheiks-points en Cisjordanie est illégale, considérer les citoyens arabes de 1948 comme citoyens de seconde zone est illégal, agresser les Palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie au quotidien est illégal.
Ce qu'il faut c'est un boycott officiel, économique, institutionnel, culturel, sportif, académique et général de cet État d’apartheid, jusqu’à la fin de l’occupation, jusqu'à l’arrêt total de la colonisation illégale, jusqu'à la fin du régime d’apartheid, et pour l’instauration d’une paix dans la justice.