Dans un rapport publié en août dernier, lorganisation de défense des droits de lHomme Human Rights Watch (HRW) pointe les violences faites aux homosexuels. 130 auraient trouvé la mort depuis le début de lannée.
Dans son rapport intitulé : « Ils veulent que nous soyons exterminés - meurtre, torture, orientation sexuelle et genre en Irak », publié en août dernier, lorganisation Human Rights Watch met en évidence les violences perpétrées contre les homosexuels irakiens. Selon les victimes interrogées, la milice chiite connue sous le nom darmée du Mahdi et dirigée par Moqtada al-Sadr serait à lorigine de nombreuses violences, au nom de la moralité.
Ce rapport illustre la réelle contradiction existant entre les apparences et la réalité du pouvoir en Irak, entre la Green Zone où on parle investissements, et les autres quartiers de Bagdad où lon craint encore pour sa vie. Pour la plupart des ambassadeurs en poste dans la capitale, « le pouvoir est tenu par un gouvernement démocratiquement élu, pour le peuple, les choses sont plus compliquées ».
Dérive meurtrière
Cette dérive meurtrière est un phénomène récent en Irak. Sous la présidence de Saddam Hussein, le pays était reconnu pour sa relative ouverture desprit vis-à-vis des « gays ». Après 2003 les choses se sont corsées. Alors que la communauté internationale croit en un retour à la normale en Irak, les milices ne chôment pas et traquent les homosexuels à partir dune liste de critères bien définis, comme le fait de porter des jeans trop serrés ou des cheveux longs, ce qui est considéré comme un manque de virilité.
Certains irakiens ont même intégré cet endoctrinement et redoutent à présent quune épidémie du « troisième sexe » gagne la société. La dernière invention pour traquer ces populations est le pistage par Internet.
Pistage sur Internet
Un article paru dans The Observer de la semaine dernière, explique comment les milices surveillent les forums de discussion pour traquer leur proie. Interrogé par lhebdomadaire britannique, un des informaticiens membre dune de ces milices assure que les victimes sont conscientes des raisons de leurs « péchés » et quelles peuvent demander absolution à Dieu
avant dêtre tuées.
Si aucun chiffre officiel nest disponible, la police niant tout lien avec ces violences, HRW estime que 130 homosexuels ont été tués depuis le début de lannée dans le pays. Un groupe de soutien aux homosexuels, LGBT (Lesbian, Gay, Bisexual and Transgendered people), en dénombre 680 depuis 2004.
Ironiquement, des membres de larmée du Mahdi considèrent leurs violences comme un outil au service de la sécurité et pour pallier aux lacunes des forces de coalition. Ce cas de figure rappelle les déclarations du président zimbabwéen, Robert Mugabe, dans les années 1990, proclamant que les homosexuels étaient des « gens dénués de droits », et annonçant une campagne de brutalité envers tous les dissidents. A court terme, en Irak, la solution qui soffre aux victimes est de fuir le pays, avec laide de la Haute Commission pour les Réfugiés des Nations Unies (UNHCR).
Jeune Afrique