La mosquée restera fermée.
Le Conseil d’Etat rejette le recours déposé par la mosquée salafiste d’Ecquevilly
Le Conseil d’Etat a rejeté, mardi 6 décembre, le recours déposé par la mosquée salafiste d’Ecquevilly, dans les Yvelines. L’association islamique Malik Ibn Anas (AIMA), gérante de la salle de prière d’Ecquevilly, demandait l’annulation de sa fermeture administrative décidée par le ministère de l’intérieur, le 2 novembre, dans le cadre de l’état d’urgence.
Dans sa décision, le juge des référés (procédure d’urgence) du Conseil d’Etat estime, d’une part, que la fermeture de la mosquée ne porte pas « une atteinte grave » à la liberté de culte puisque ses fidèles disposent de « trois autres lieux de culte » à « moins de cinq kilomètres ». D’autre part, le magistrat estime que l’existence des prêches de l’imam exhortant à « des comportements violents, sectaires ou illégaux » est établie.
En cause, la teneur des discours de son populaire imam, Youssef Abou Anas. Les autorités l’accusent d’incitation à la haine et d’apologie du terrorisme. La mosquée d’Ecquevilly avait de son côté appelé lundi à ne pas confondre rigorisme religieux et sympathies djihadistes.
« Troubles à l’ordre public »
Le 17 novembre, le tribunal administratif de Versailles, saisi au nom de la liberté de culte par l’association islamique Malik Ibn Anas, qui gère la mosquée, avait confirmé sa fermeture. Ses avocats avaient fait appel devant le Conseil d’Etat. La mosquée est « un lieu de référence influent de la mouvance salafiste, prônant un islam rigoriste, appelant à la discrimination et à la haine, voire à la violence à l’encontre des femmes, des juifs et des chrétiens », écrivait le préfet dans son arrêté.
« L’imam qui choisit de relayer ces paroles » a une « responsabilité à attiser des comportements anti-républicains », et de ce fait « compromet le vivre-ensemble », génère des « troubles à l’ordre public » et potentiellement des « violences », a insisté la représentante du ministère de l’intérieur sur les bancs de la plus haute juridiction administrative. Ces discours ont « un retentissement sur la société d’Ecquevilly », 4 000 habitants, assure-t-elle, affirmant que « des enfants refusent des enseignements trop occidentalisés à l’école ou s’en prennent à leurs camarades musulmans modérés ».
William Bourdon et Vincent Brengarth, défenseurs de l’association, ont souligné que les preuves manquaient. « Les gens ont peur » de témoigner, a rétorqué le ministère, sous l’œil de plusieurs fidèles venus écouter les débats. L’avocat, Me Bourdon, a dénoncé aussi une lecture « décontextualisée, de mauvaise foi » des propos de l’imam, qui « doivent être pris dans la complexité indivisible de tout le prêche ».