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Une timide reconnaissance publique et légale
Couple mangeant une glace sur la corniche du Caire, lieu de promenade phare pour les Cairotes (Alexa Brunet/Transit)
Pour les Egyptiens, si soucieux de bonne moralité, le mariage orfi est la porte ouverte à tous les abus. Le début de la fin. Pour Raafat, 46 ans, directeur dune école privée de langues, «  cest un terrible désastre  ». Quant à Rima, étudiante de 21 ans habitant les beaux quartiers, son avis sur les femmes mariées orfi est sans appel : «  Les filles qui font ça sont des *****  !   »
Car si le mariage orfi permet aux conjoints de ne pas être inquiétés par la police en cas de dénonciation et de prendre une chambre double à lhôtel, il noffre aucun droit aux femmes, notamment en cas dabandon, pas même celui dannuler le mariage si elles nont pas conservé le contrat.
Aujourdhui, au tribunal des affaires familiales de Znanery, au Caire, des dizaines de femmes arpentent les couloirs, attendant que la cour statue sur le cas de leur mariage orfi.
A linstar de Fatima, 22 ans, assistante davocat et mère dun petit garçon de 3 ans issu dun mariage orfi, elles sont là pour demander lannulation officielle du mariage secret. Ce qui leur permettra déventuellement se remarier et de demander une reconnaissance de paternité et une pension alimentaire pour leur enfant.
Divorce, paternité, mais pas de pension alimentaire
Il y a encore quelques années, seules les femmes occidentales osaient sengager dans un tel procès. Mais Hind El Hinnawy a changé la donne. Il y a six ans, cette jeune architecte dintérieur sest battue sur la place publique, au tribunal et dans les médias, contre son époux orfi afin quil reconnaisse leur fille, Lina.
Fils dacteurs célèbres et lui-même acteur et animateur télé, Ahmad Fishawi, qui affiche sa dévotion à lislam, a longtemps refusé de reconnaître leur union secrète, avant de perdre la bataille.
Si aujourdhui Fatima fait face au tribunal, cest, affirme-t-elle, grâce à lexemple de Hind El Hinnawy : «  Avec elle, jai compris que cétait possible de demander que justice soit faite et de gagner.  »
Depuis 2000, Fatima et ses compagnes dinfortune sont autorisées à demander légalement le divorce et la reconnaissance de paternité pour leurs enfants. Mais pour le reste, elles ne peuvent compter que sur elles-mêmes : pas de pension alimentaire ni darriérés de la dot.
http://www.rue89.com/2010/11/13/mariage-orfi-ces-egyptiens-qui-sunissent-en-secret-175781