RER : après le drame, l’angoisse des usagers
En se jetant sur les rails, un homme a emporté un autre passager dans son élan. Le drame s’est déroulé vendredi soir. Et sur le quai du RERC, hier encore, c’était l’émotion.
22 réactions | RéagirBenoit Hasse | 01.02.2010, 07h00
On les appelle pudiquement « des accidents de personnes ». Les suicides ou les tentatives de suicide sur le réseau ferré d’Ile-de-France, malheureusement fréquents, se suivent et se ressemblent. Mais celui qui s’est produit vendredi soir à la station Bibliothèque-François-Mitterrand (XIIIe) s’est révélé doublement dramatique.
Le désespéré qui s’est jeté sur les rails du RER C a entraîné dans sa chute un autre passager qui patientait sur le quai. Les deux hommes ont été tués par la rame.
L’examen de vidéos évacue la thèse de l’agression
Le terrible accident s’est joué en quelques secondes, sur la voie E, peu après 20h30. En ce début de soirée, le quai, accueillant les trains en direction de l’Essonne, était encore très fréquenté. Dans la confusion et le début de panique qui ont suivi le drame, plusieurs témoins ont d’abord cru à une agression ou au résultat d’une bagarre qui tourne mal. « L’étude des images de vidéoprotection de la gare a permis d’évacuer cette hypothèse », indiquait-on hier à la préfecture de police de Paris.
Sur la vidéo, on distingue nettement un jeune homme qui prend son élan et se précipite vers les rails. Il bouscule accidentellement un voyageur qui était au bord du quai. Une terrible fatalité qui a coûté la vie à deux hommes : le désespéré, âgé de 24 ans, originaire de Savigny, dans l’Essonne, et sa « victime », un habitant d’Hardricourt (Yvelines) âgé de 40 ans. Au lendemain du double drame, la SNCF (gestionnaire du RER C) n’a fait aucun commentaire. Ni sur les « accidents de personnes », ni sur les éventuels moyens pour les éviter. « C’est un sujet un peu tabou », estime Denis Deloy, délégué SUD à la RATP. « On en parle très peu… Peut-être parce que l’on sait qu’il n’y a quasiment aucune parade », ajoute un machiniste SNCF.
Le sentiment d’impuissance des usagers et des conducteurs
En 2008, la SNCF avait recensé 181 suicides sur l’ensemble du réseau francilien. Côté RATP, de sources syndicales, on évoque une centaine de cas chaque année. « C’est le cauchemar des machinistes », confirme Laurent Gallois, délégué Unsa et conducteur du RER B. « J’ai beau faire cette ligne depuis douze ans, j’ai des sueurs froides à chaque fois que j’arrive à Châtelet aux heures de pointe. A la moindre bousculade sur le quai, on risque le drame. »
Hier matin, dans la station Bibliothèque, les passagers qui apprenaient l’accident de vendredi se disaient tout aussi impuissants face à ce type de drame. « On a beau se dire qu’il faut rester loin de la bordure du quai, on n’est jamais à l’abri d’un fou qui va vous pousser au dernier moment », soupirait une quadragénaire, en attendant son train pour Etampes.
le Parisien