Voile intégral: Gisèle Halimi pour une approche "graduée"
Gisèle Halimi, pionnière de la cause féminine, a prôné mardi une approche "graduée" fondée sur le dialogue pour lutter contre le port du voile intégral, allant d'une "évaluation sérieuse" de l'ampleur de la pratique à "une loi répressive, spécifique".
"Je suis pour une approche graduée, qui privilégie le dialogue", a souligné l'avocate lors de son audition par la mission parlementaire ad hoc.
Selon elle, il faut d'abord "créer un organisme qui évaluerait sérieusement l'ampleur du phénomène", notamment les contours des "motivations", en vue d'un rapport à l'échéance du 1er janvier 2011: "je ne connais pas l'ampleur du phénomène et surtout sa "courbe" d'évolution, a-t-elle remarqué.
"Si ça augmente, il faut passer à une loi répressive, spécifique, qui s'adresse uniquement aux porteuses de burqa ou de voile intégral et à ceux qui les obligent", a-t-elle ajouté.
Cette loi ne prévoirait "pas des peines d'emprisonnement, ni même d'amende, mais des peines de travaux d'intérêt général", "spécifiques", qui "restent à inventer".
Elle a ainsi évoqué "l'obligation de suivre un enseignement sur les libertés, l'histoire des religions, de la Révolution, du féminisme", en soulignant que "l'enfermement physique provoque un enfermement intellectuel, psychologique".
Cela reviendrait "ni plus ni moins à mener une lutte contre l'obscurantisme", a-t-elle résumé.
"En cas d'échec total, de raidissement, de provocation, de gravité de la situation", il faudrait "passer à une loi d'ordre général", "fondée sur l'ordre public" comme celle qui interdit de dissimuler son visage aux abords des manifestations.
Elle a aussi évoqué une loi luxembourgeoise qui interdit de "porter un masque dans les rues en dehors de carnaval".
Mme Halimi a souligné que le port du voile intégral n'avait "pas d'origine religieuse", mais était au contraire "un objet politique". "Je crois profondément que c'est une action de prosélytisme de l'intégrisme islamiste", a-t-elle expliqué, dénonçant une pratique "totalement contraire à la dignité de la femme".
Composée de députés des quatre groupes politiques de l'Assemblée (UMP, SRC, NC, GDR), la mission mise en place début juillet a démarré une série d'auditions afin d'"ouvrir un dialogue" sur le voile intégral en France.