La fermeture de lentreprise a été le début des problèmes. Le salaire, notre seule ressource, nous avait permis de vivre décemment. Puis ce fut la cassure. Aux problèmes financiers se sont ajoutés ceux liés à lenvironnement, avec au bout le divorce. En charge de mes deux enfants, je devais subvenir à leurs besoins essentiels. Ce qui ma contrainte à vendre mon corps malgré le dégoût que jéprouve. Préalablement, javais cherché du travail, mais partout où je me présentais, la seule réponse était des propositions malhonnêtes. Nétaient mes deux filles, il y a longtemps que je me serais suicidée. Cela a été très dur, bien sûr, mais je navais pas le choix. Et même en prenant la pilule pour ne pas avoir denfant, je me suis retrouvée enceinte deux fois. Jai pratiqué à chaque fois une IVG dans une clinique privée, la seconde fois, jai failli y passer. Cela a été très dur, bien sûr, mais je ne pouvais pas les garder. Javais trop de problèmes. Etre une prostituée me répugne mais, Allah ghaleb, cest mon destin. » Cest dans ce même décor que vivent dautres prostituées, même si leur histoire diffère.
Livrées à elles-mêmes, elle parviennent tant bien que mal à créer un environnement qui leur est familier. La rue ou les boîtes de nuit sont devenues leur refuge. Et si elles arrivent plus ou moins à supporter leur métier, cela ne les empêche pas de se sentir humiliées. Aujourdhui, personne ne peut dire quel est le nombre des prostituées de la rue ou tout autre, même approximativement, encore moins celui des clients. Plutôt plurielle, non organisée, la prostitution en Algérie ne peut entrer dans un cadre clairement défini : de luxe, de rue, de boîte de nuit, de cité universitaire, de fin de journée, de fin de semaine, de fin de mois, de temps à autre, seulement la prostitution a pris des proportions alarmantes.
Personne (à notre connaissance) na effectué une recherche sur laspect humain de ces personnes, sur leurs véritables besoins et sur les alternatives qui pourraient leur être proposées. La plupart ne voient en elles quun seul aspect : elles défigurent le visage des villes. Plus vieux métier du monde, métier tout court, mal nécessaire, esclavage... les affrontements idéologiques et moraux sont innombrables autour de la prostitution. Mais, de vrai débat public, il ny en a point.
Okba Khiar
Source : elwatan
Sa m'a l'air bien generalisé tout sa et pour 500 DA seulement