Les poètes de Tamazgha

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion adaghar
  • Date de début Date de début
War dini minkhef a tawmat...

Très bon choix mon ami... c'est sûrement l'une des plus belles plumes qu'il m'ait été donné de lire ! Il a un style qui accroche et les mots coulent naturellement à la lecture... il a d'ailleurs tout résumé dans son poème intitulé "azri n wawar"... c'est excellent !
 
j'aime bien celle la :


AZ'RI N WAWAR

Zi tlullucin,
Zi tqessisin,
Tudart turem-am dfin
Tyared'-it d fad.
I usinu deg metni yeswin
Yessusef-it d rebhut
Yettwaghen x twetmin.
Az'ri-nnem d reâwitc
X yexf n td'ewdin.
Urigh zzayes tinfar
D rfadj i trewriwin,
A zzaysent ccuregh ur
Ineddun di tghufawin,
A zzaysent remdegh isuraf
D tiwsi i tin d win.
Az'ri n yires-nnegh
Yesrufa i tiwarin;
Zeg mezruy ittudum
D tament n teghrasin.
 
La langue de ma Mère

Tamazight ! Clémence.
Langue de ma Mère ;
J'ai failli m'oublier.
Oublier,
Mes berceuses,
De mes fêtes, les chants ;
Dans ma vie, les premiers pas.
J'ai failli oublier
Mes éclats de joie,
Effaçant mes cris de douleur.
J'ai failli oublier
L'image d'un enfant,
Sur un bidon perché,
Boudant la cabane,
Et pleurant dans sa langue
Que doive l'homme mourir.

Un aède, El Bazz, l'épervier,
En moi, renfloua des richesses enterrées ;
Le lait maternel remonta,
A l'appel de sa voix cristalline.

Des arts et des arts,
Des airs et musiques,
Des poèmes lyriques ;
Une seule note de ma langue.
Merveilles et merveilles.

Je vous admire toutes les langues ;
Je fais corps avec la mienne :
Tamazight.

Mohamed Oudadess
 
Pour les amateurs de poèmes en Tamazight, voici de quoi vous régaler... une bonne partie de Tamazgha y est représentée, ne tient qu'à vous de choisir quel poème et quel poète ont su vous toucher par leurs textes !

http://www.poetasdelmundo.com/paises_africa.asp?IDPaises=197


Bonne lecture !



PS : postez ici tous les poèmes Amazighs que vous jugerez utile de nous faire découvrir...

Ce site renferme de vrais petits trésors...

Tamazgha

Tamazgha!
Déchiquetée;
De tout temps,
Sauvagement blessée.
Afriquia,
Césarienne et Tingitane,
Tunis, Algérie, Mali,
Maroc, Mauritanie.
Le sécateur tranchant, à vif,
Dans la chaire bien vivante.
Où est l'ère,
Des Canaries à Siwa ?
La Kabylie, le messager.

Quand c'était de guerre égale,
De bravoure, tu as vécue.
Vaincue par l'Europe nouvelle,
Ta culture, l'opprobre subit,
A même sa terre.

Quand Horus, Alias Hêro,
Quitta, de Mmizra, la terre,
Il n'eut pu tolérer,
Que si bas,
Tu sois tombée ;
Réduite à mendier,
Tendue la main de paix,
Que ton essence ne soit malmenée.

Les pierres, par les vents, communiquent ;
L'humain jugulé.
Dieu Politis,
A tout va, sème l'ivraie,
Sur plaines et plateaux ;
Et souffre la graine.

Et malgré les dégâts,
Les vernis, les apparats,
L'âme amazighe demeure ;
Nourrie par Meryaz,
Dda Lmouloud et Sifaw,
Maatob,
Jugurta, Massinissa ;
Et d'autres moult noms.

Le sable du désert,
Reconnaît le frère de la mer.
La touffe sèche,
Savoure la rosée lointaine.
La pierre, de mousse couverte,
Porte une tendre pensée
A l'erg assoiffé.

Imouzagh, Amazigh, Tamazight,
Que l'Afrique revive,
Renaisse Tamazgha.
Et que l'Orient
Garde son chergui brûlant.
Ici, tolérance ;
Intégrisme, là-bas.

Mohamed Oudadess
 
Un poème qui m'a touché...

Louness ameddukel n yiman inu

D adaghar ur itwiri, ur itesri
Mexmi itrazv itzadja i tudart
Ikessi s ubarrih, d unefqes,
Mamc gha yendar tifeqqeht
Akides temrec tifeqqeht wis sin,
Netta d buhber n turjit ines tabuparect,
Turjit ines d tiwecca balak ad yiri
D ca n bnadem jar tisekrin d idbiren,
D ca n wawar itawi d dayes
Nigh d ca n yiman itraja arimet ines.

D adaghar ixezzar di tisit,
Ur itwiri ghar fad d uraji,
Ur itesri ghar trawja n ixef ines,
Fad d uraji cemdven di tiqqet n imar ines
Ixef ines yarezzu x udem deg udem
Ur yedjin ines,
Netta d amerdas zegg ami irrur di tadjest,
Imzughzar aked raxat huma ad iddar,
Innas i tiqqest: uca yi anaruz xelli immexes,
Maca temsses tarjef huma akides tnes,
Temmut raxat netta ur immeghes,
D memmis n tarewriwt d yires
Qao went ittun d aouwwaj
D aouwwaj d aouwwaj..

Mahmoud Bellaachir


Adaghar, je crois qu'il parle de toi :D
 
La langue de ma Mère

Tamazight ! Clémence.
Langue de ma Mère ;
J'ai failli m'oublier.
Oublier,
Mes berceuses,
De mes fêtes, les chants ;
Dans ma vie, les premiers pas.
J'ai failli oublier
Mes éclats de joie,
Effaçant mes cris de douleur.
J'ai failli oublier
L'image d'un enfant,
Sur un bidon perché,
Boudant la cabane,
Et pleurant dans sa langue
Que doive l'homme mourir.

Un aède, El Bazz, l'épervier,
En moi, renfloua des richesses enterrées ;
Le lait maternel remonta,
A l'appel de sa voix cristalline.

Des arts et des arts,
Des airs et musiques,
Des poèmes lyriques ;
Une seule note de ma langue.
Merveilles et merveilles.

Je vous admire toutes les langues ;
Je fais corps avec la mienne :
Tamazight.

Mohamed Oudadess
trés beau poème , merci sammarif
 
trés beau poème , merci sammarif

Je t'en prie Amsawad.




Akal, Awal, Afgan par Atanane Aït oulahyane


Révolte extrême

Vomi du déni

Extirper l’infamie

Expropriation

De moi- même

Qui me vole mon nom

Gomme mon identité

Vole ma terre

Refus de l’anéantissement

Refus de l’asservissement

A un Ogre assassin

A des vautours avides de butin

Ces lettres serpentines

Ces arabesques assassines

Etranglent le souffle

Trancher le lien

Fusse avec mes dents

Et tracer en lettres d’or

Mon Nom et mon Histoire...

Renaître à neuf

Refaire le chemin

Fusse à reculons

Jusqu’au point de départ

Jusqu’à la plus haute mémoire

Jusqu’à la blessure

Accuser le crime

L’outrage séculaire qui persiste

Et faire à nouveau l’inventaire

De l’ancestral héritage.

Quand je dis :

Mon peuple, ma langue,

Ma patrie, mon histoire

Ma terre

Je parle de ma douleur

Je dénonce le passé

Et je rêve l’avenir
 
Ce site renferme de vrais petits trésors...

Tamazgha

Tamazgha!
Déchiquetée;
De tout temps,
Sauvagement blessée.
Afriquia,
Césarienne et Tingitane,
Tunis, Algérie, Mali,
Maroc, Mauritanie.
Le sécateur tranchant, à vif,
Dans la chaire bien vivante.
Où est l'ère,
Des Canaries à Siwa ?
La Kabylie, le messager.

Quand c'était de guerre égale,
De bravoure, tu as vécue.
Vaincue par l'Europe nouvelle,
Ta culture, l'opprobre subit,
A même sa terre.

Quand Horus, Alias Hêro,
Quitta, de Mmizra, la terre,
Il n'eut pu tolérer,
Que si bas,
Tu sois tombée ;
Réduite à mendier,
Tendue la main de paix,
Que ton essence ne soit malmenée.

Les pierres, par les vents, communiquent ;
L'humain jugulé.
Dieu Politis,
A tout va, sème l'ivraie,
Sur plaines et plateaux ;
Et souffre la graine.

Et malgré les dégâts,
Les vernis, les apparats,
L'âme amazighe demeure ;
Nourrie par Meryaz,
Dda Lmouloud et Sifaw,
Maatob,
Jugurta, Massinissa ;
Et d'autres moult noms.

Le sable du désert,
Reconnaît le frère de la mer.
La touffe sèche,
Savoure la rosée lointaine.
La pierre, de mousse couverte,
Porte une tendre pensée
A l'erg assoiffé.

Imouzagh, Amazigh, Tamazight,
Que l'Afrique revive,
Renaisse Tamazgha.
Et que l'Orient
Garde son chergui brûlant.
Ici, tolérance ;
Intégrisme, là-bas.

Mohamed Oudadess


thanemirt utcma...trés beau poéme:)
 
Pour les amateurs de poèmes en Tamazight, voici de quoi vous régaler... une bonne partie de Tamazgha y est représentée, ne tient qu'à vous de choisir quel poème et quel poète ont su vous toucher par leurs textes !

http://www.poetasdelmundo.com/paises_africa.asp?IDPaises=197


Bonne lecture !



PS : postez ici tous les poèmes Amazighs que vous jugerez utile de nous faire découvrir...
dommage pas de poesie de malika mezzan , Said El Moussaoui, fadma elwaryachi sur le site ;)
 
Un joli poème de F.M. Zalhoud.

Me manque ma majestueuse montagne

Dédié à Tourterelle

Me manque ma montagne majestueuse
Me voici en peine en pleine plaine tueuse
En panne de souffle étriqué en mon flanc
Au visage pâlot au coeur exsangue blanc
Foule anonyme vertigineusement véloce
Qui m'apostrophe me rosse et m'écosse
Je dis non à l'indifférence moi montagnard
Me manque passion ô patience de bagnard
Me fait défaut l'innocence ô risette des mômes
En cette vile ville qui gomme et gobe l'homme
Me manquent mes chèvres en cet innommable espace
M'ignorent l'indifférence et l'anonymat de cette espèce
Moi qui déambule errant parmi d'autres errants
Moi qui déambule errant en ce monde aberrant
Terre qui n'est plus mienne aplatie échine au béton
Je te tourne le dos et aux galeries de taupes et ratons

Zalhoud
 
Un joli poème de F.M. Zalhoud.

Me manque ma majestueuse montagne

Dédié à Tourterelle

Me manque ma montagne majestueuse
Me voici en peine en pleine plaine tueuse
En panne de souffle étriqué en mon flanc
Au visage pâlot au coeur exsangue blanc
Foule anonyme vertigineusement véloce
Qui m'apostrophe me rosse et m'écosse
Je dis non à l'indifférence moi montagnard
Me manque passion ô patience de bagnard
Me fait défaut l'innocence ô risette des mômes
En cette vile ville qui gomme et gobe l'homme
Me manquent mes chèvres en cet innommable espace
M'ignorent l'indifférence et l'anonymat de cette espèce
Moi qui déambule errant parmi d'autres errants
Moi qui déambule errant en ce monde aberrant
Terre qui n'est plus mienne aplatie échine au béton
Je te tourne le dos et aux galeries de taupes et ratons

Zalhoud

hafak a outchma , tres tres jolie poème ;)
 
TNNIT YYI

Tnnit yyi ura ttannaygh
Mac tmlit yyi anaruz
Tnnit yyi ura tssât
Mac azmumg nk ikcm yyi ul
Tnnit yyi ura tsllat
Mac tseflt akw i ifssi-nw
Tnnit yyi ura tswingimt
Mac iswingimn-nk gan yyi isafarn
Tnnit yyi ur tghrit
Mac tghrit aylli ittyaran gh tasa-nw
Tnnit yyi ura ttarat
Mac turit tumret inw

Nnigh ak : « ad ak mlegh tighawsiwin
Ili tnnit ur jju tn tssent »
Tnnit yyi : « ghilad bidgh
Ssengh is tgit tinw ».

(De Tagadirt)
 
Traduit en français :


TU M’AS DIT…

Tu m’as dit que tu ne pouvais voir,
Pourtant tu me montres l’espoir.
Tu m’as dit que tu ne pouvais rire,
Pourtant tu me fait sourire.

Tu m’as dit que tu ne pouvais écouter,
Pourtant tu écoutes mes silences.
Tu m’as dit que tu ne pouvais penser,
Pourtant tu panses mes souffrances.

Tu m’as dit que tu ne savais lire,
Pourtant tu lis dans mon cœur.
Tu m’as dit que tu ne savais écrire,
Pourtant tu écris mon bonheur.

Je t’ai dit : « Je t’apprendrais toutes ces choses
Que tu dit n’avoir jamais apprises ».
Tu m’as dit : « Maintenant je me pose
Je sais que tu es ma promise ».
 
Très jolis poèmes!

Pour l'anecdote, les poètes amazigh étaient tous dans la rubrique "Monde arabe" du site il y a deux ans encore.
Et ces poètes (qui sont de grands artistes) ont lutté pendant des mois en envoyant des mails aux responsables du site pour les retirer de cette appellation dont la poésie amazigh ne fait pas partie. Ils ont réussi... Ayyuz nessn!
 
Un poème que j’invente a la seconde et au même temps je l’écrit lol

thamzagha thamazghra
a tamurt n imazighen.
ariri yazou amyaraz
ariri yazou amimha
ariri yazou aminagh
macca tamzghra chem ataddadh

ay riffyen,ay chelhiyén
tfam mlih qa dh nechin
l'avenir n tamazghra.
 
Un poème que j’invente a la seconde et au même temps je l’écrit lol

thamzagha thamazghra
a tamurt n imazighen.
ariri yazou amyaraz
ariri yazou amimha
ariri yazou aminagh
macca tamzghra chem ataddadh

ay riffyen,ay chelhiyén
tfam mlih qa dh nechin
l'avenir n tamazghra.
tu est un vrai poete awma , bonne continuation :)
 
Mes tapis berbères

A côté des tantes et grand-mères
J’ai tressé des bouts de laine
Pour le tissage de tapis berbères
Couronnant mes six ans à peine

A dix ans je côtoyais déjà les sages
J’ai dessiné sur les tapis des cerf-volant
Ainsi le cœur d'un bédouin mis en cage
S’est envolé, clopin-clopant

Des fils multicolores, des silhouettes et des lieux
Je m'en souviens comme si c'était hier
Des mains artistes comme implorant Dieu
Une éducation artistique à être fier

Sur ces tapis j'ai gravé des lettres berbères
Des signes d'espoir et d'amour
Atout de l'identité de ma culture mère
Aujourd’hui, avec, je vis et je vivrai toujours

De toutes ces richesses
Que le temps m’a volées
Reste un peu d'allégresse
Quelques tapis de ces moments écoulés

Sur ces tapis de souvenirs
Où je vois mes empreintes
Même sans la moindre parole
Tout est y, sains ambiguïté ni feinte.


Berraha EL Houssine 03-11-2008
 
Zalhoud qui se plaint du si petit nombre d'amoureux de la poésie... C'est vrai que plus personne ne se donne le temps pour comprendre les poésies!!


Parole aigre-douce


Pauvre de toi ô poète! Tu te brûles les méninges,tu subis toutes les peines du monde quand d'autres énergumènes se marrent ou ronflent,ronronnent ou dépeignent des derrières de femmes, fantasmant, riotant ,sifflotant...Des gestations pénibles naissent tes poèmes auxquels tu donnes des titres ,de beaux prénoms comme pour tes propres enfants!

Tu les montres aux lecteurs,ces hypocrites-là qui après mille et unes lectures, ne te disent même pas si tes mômes sont beaux ou laids; même pas besoin de piper un semi-vocable ;rien!

Quelle ladrerie intellectuelle! Tu es presque sûr que ces lecteurs-là, ces ombres qui font semblant de te lire et t'apprécier, ne font que regarder sans lire; peut-être même en te maudissant!
Pauvre de toi ô poète! Tu espères et tu continues; tu comptes le nombre des lectures pour tes poèmes et tu te rends compte qu'il n'y a là que des entrailles avides, des frustrations qui se rachètent au coût des illusions, des monstres qui ne viennent que pour semer leur *****, leur discorde qui mordent de leur langue de vipère!

Pauvre de moi ! Je vous invite à faire un petit saut chez les férus de la poésie ailleurs, chez les gens vraiment amoureux et passionnés de la poésie! Ouvrez les yeux pires aveugles que vous êtes et ayez pitié de votre médiocrité, sortez de vos cocons larves de guêpes!

Farid Mohamed Zalhoud
 
DHAR UBARRAN

Ay a Dhar Ubarran!
Ay iyyar n umenghi!
Tezdegh dayek tudart
S ibeh'rar n unuri.

D cek d ayi-yejjin
Ttarigh s uriri.
Ad arigh amezruy-
Nnec war ighedji.
Ma t-arigh s rxad'ar?
Ma t-zemmegh s umenghi?
Ad ac-inigh: Uyar-d
Ra d cek ari-ayi!
Siwer-d x tidet
Deg irimamen tarwi!
Ciyyar-d s idammen
D ac-isseswen dmani!
Sriwriw-d s yires
Xak yisin tarz'ugi!
Fad'ma gharek tus-d
S tidurin n ughi,
Tarzef-d d inexsisen
Yudumen d araghi.

Ay a Dhar Ubarran!
Ay a sendef dayi
Aymar ucar-nnec!
S taryazt zi yifri,
Faryent s yiwaren
S uya d yenni
Xebcen-anegh udem
Di tudart war nettiri,
Sfed'ren tid'ewdin
H'uma war cek nettari;
Arz'in rxezrat
S rh'ezran war nettwiri.

Ay a Dhar Ubarran!
Mani cek ghar nawi
Mani?
A cek-nidar d twafit
Tweddar war tt-nufi,
A cek-neghnes d ayezzim
D asendef i yenneghni.

Ad as-inigh i Temsaman:
Twangit war tmetti!
Ad as-inigh: A wetcma,
Rubigh, ruba akidi!


Said Belgherbi
 
« En 1917 la France nous a châtrés
puis le Niger nous a jetés
dans un marécage de gale
le Mali nous a tannés de poux
la Libye nous a empâtés la langue
l’Algérie nous a mis le licou ».

Hawad. Poète amazigh touareg.
 
Le nomade,

Il est enturbanné de soleil
Vêtu d’une robe de scorpions
Chaussé d’épines
Il s’appuie sur la vipère fourchue
Il a domestiqué l’essuf
La mort s’écarte de son sentier

Devant lui les montagnes de feu s’effondrent
Derrière lui le tapis de terre s’enroule

Son chemin est tracé par la soif
Cmme le jet ébloui de l’étoile filante
Au-delà des abîmes
Son appui murmure sans trêve
Toi crête de l’univers
Sois cheville
Et tête de pyramide

Hier l’armée d’acier a brûlé sa tente
La sécheresse a balayé ses enclos

Sa femme est au puits
Drapée de chiffons gris
Grimaçante sinistre
Visage enduit de cendres
Tresses dénouées
Veuve fantôme

Ses enfants plient genoux
Dans les marécages du venin
Creux de famine
Entraves de la misère
Couches galeuses
Couvertures de vermines

Patûrages champs clos
Tornades de fumée
Ses chemins s’entassent dans les filets des cloutés
Mis en cellule
Boites de conserve

Le nomade entre dans la cité
Pour acheter trois mesures de blé
Ceux qui vénèrent le béton
Lui crachent au visage
Lui jettent dans le dos
Les os de ses moutons
Hurlements de la ville
Sois maudit nomade
Renard voleur pillard traître
Sauvage compagnon de l’araignée
Frère du chameau

Il quitte le marché
Pour les étoiles
Indifférent exalté
Il n’entend que le son de ses pas
Poussière qui l’enveloppe
Violon qui harmonise
En un seul son

Le passé et le futur
Boucle inondant l’instant présent

Au-delà de ce temps
Il regarde
Et accompagne le jet des âmes
Qui débordent la vie
Pour la tente d’Inta
Et l’aridité d’Abat
Où l’existence devient mousse de lumière
Dans l’océan des mirages miroirs

Il retourne à ses plaintes en chantant
Mélodie de l’errance

Celui qui ne crache pas sur le déshonneur
Demain les contraintes crèveront les yeux
Pour qui ne s’est pas délié
Des chaînes de la servitude
Les nœuds ne se démêleront pas
Qui attachent la trousse des délices
De la graine étincelle.

In : Hawad. Caravane de la soif. Edisud 1985. pages 20-22.
 
L'ombre sacrée de l'arganier

Dédié à Taj

Y sont itou le céraste,le roitelet,le silence prédateur
Une jeune orpheline Berbère promise sans nulle dot à un vilain spéculateur
J'y suis
L'ombre de l'arganier m'accueille sacré frais seuil
Comme une mère l'enfant unique qui au bercail se recueille
J'y suis
Langue en pendentif percée d'oubli gercée exsangue elle agonise
Comme un nomade errant je n'obéis qu'aux lois établies du désert
Ne me mesure guère au mehari blatérant ni ne banalise
La sagesse ancestrale ni l'échange contre les piètres mots de misère
J'y suis
Palpite ô coeur car en choeur illico
Battent de survie et céraste,roitelet,voire le silence en écho
La jeune sans famille orpheline promise
Déclame ses youyou stridents d'insoumise
Qui dit que le désert est désert?
De verve est disert le désert!

Zalhoud
 
Retour
Haut