L'homosexualité divise l'ONU
Un tiers des pays du monde a prononcé jeudi aux Nations unies un appel à la dépénalisation universelle de l'homosexualité. Le texte, défendu notamment par Rama Yade, se fonde sur la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Mais un autre tiers de la planète refuse la proposition. Une alliance de circonstances, qui va de l'Arabie Saoudite au Vatican. Les Etats-Unis n'ont pas pris position.
La déclaration se voulait historique et pourtant elle divise déjà les Nations unies. La France et les Pays-Bas ont présenté jeudi à New York, à l'ONU, un appel à la dépénalisation universelle de l'homosexualité. Le texte, dont Rama Yade et Maxime Verhagen, ministre des Affaires étrangères néerlandais, sont les inspirateurs, a reçu le soutien de 66 pays sur 192 inscrits, dont l'ensemble de l'Union européenne.
Le texte prend en référence la Déclaration universelle des droits de l'Homme, dont on célèbre cette année les soixante ans. Lu en séance plénière par l'ambassadeur d'Argentine, Jorge Arguello, il réaffirme le "principe de non-discrimination qui exige que les Droits de l'homme s'appliquent de la même manière à chaque être humain, indépendamment de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre".
Car la situation des personnes homosexuelles ou transgenres (transsexuelles ou travestis) dans certains pays est réellement inquiétante. "Comment pouvons-nous tolérer le fait que des personnes sont lapidées, pendues, décapitées ou torturées uniquement à cause de leur orientation sexuelle?", a avancé la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme Rama Yade, en marge de l'Assemblée générale.
Comme le rappelait le membre du gouvernement français, l'homosexualité est interdite dans 77 pays et punie par la peine de mort dans six nations (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Iran, Mauritanie, Nigeria, Soudan et Yémen). En France, l'homosexualité n'a été définitivement dépénalisée qu'en 1982.
Amalgame entre homosexualité et pédophilie
La déclaration n'a pas de caractère contraignant, elle place simplement la question des droits des homosexuels, bisexuels et transgenres à l'ordre du jour de l'ONU. Pourtant, elle a déjà trouvé ses opposants. Quelque 60 pays, en majorité issus de la péninsule arabique et de l'Afrique, condamnent fermement le texte européen et estime que ses promoteurs "se mêle de questions qui tombent, pour l'essentiel, sous la juridiction intérieure des Etats", et qui pourraient conduire à la "banalisation sociale, peut-être même à la légitimation de nombreux actes déplorables comme la pédophilie". Et la Syrie a notamment expliqué que les "lois domestiques" devaient être respectées.
Dans le groupe des 60 pays, on retrouve aussi le Vatican. Pour le Saint Siège, la déclaration initiale répond à l'objectif légitime de bannir la répression de l'homosexualité. Mais, en condamnant les discriminations et les préjugés, le Vatican craint de mettre en avant le mariage gay, l'adoption par les couples de même sexe ou la procréation assistée pour les homosexuels.
Bref, pour Rama Yade, la tâche est "difficile" et la campagne pour l'adoption du texte va se heurter à "l'incompréhension, voire à l'hostilité ouverte et aux procès en sorcellerie". Il faut dire que la déclaration manque encore de soutien. La Chine et la Russie ne l'ont pas adoptée. Les Etats-Unis, reflétant bien les divisions au sein du pays sur la question, ont refusé de la signer et sont ainsi le seul pays occidental à ne pas apporter son écot à l'appel. Or ces voix sont nécessaires pour transformer la déclaration en véritable résolution adoptable par l'ONU.
Mais Maxime Verhagen, chef de la diplomatie néerlandaise, s'est tout de même réjoui de ce moment unique: "Pour la première fois dans l'histoire, un groupe important d'Etats membres s'est prononcé à l'Assemblée générale contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle". La question des droits des homosexuels n'est désormais "plus un tabou aux Nations unies, elle est solidement inscrite à l'ordre du jour".
Info source : Le Journal Du Dimanche (France)
Un tiers des pays du monde a prononcé jeudi aux Nations unies un appel à la dépénalisation universelle de l'homosexualité. Le texte, défendu notamment par Rama Yade, se fonde sur la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Mais un autre tiers de la planète refuse la proposition. Une alliance de circonstances, qui va de l'Arabie Saoudite au Vatican. Les Etats-Unis n'ont pas pris position.
La déclaration se voulait historique et pourtant elle divise déjà les Nations unies. La France et les Pays-Bas ont présenté jeudi à New York, à l'ONU, un appel à la dépénalisation universelle de l'homosexualité. Le texte, dont Rama Yade et Maxime Verhagen, ministre des Affaires étrangères néerlandais, sont les inspirateurs, a reçu le soutien de 66 pays sur 192 inscrits, dont l'ensemble de l'Union européenne.
Le texte prend en référence la Déclaration universelle des droits de l'Homme, dont on célèbre cette année les soixante ans. Lu en séance plénière par l'ambassadeur d'Argentine, Jorge Arguello, il réaffirme le "principe de non-discrimination qui exige que les Droits de l'homme s'appliquent de la même manière à chaque être humain, indépendamment de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre".
Car la situation des personnes homosexuelles ou transgenres (transsexuelles ou travestis) dans certains pays est réellement inquiétante. "Comment pouvons-nous tolérer le fait que des personnes sont lapidées, pendues, décapitées ou torturées uniquement à cause de leur orientation sexuelle?", a avancé la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme Rama Yade, en marge de l'Assemblée générale.
Comme le rappelait le membre du gouvernement français, l'homosexualité est interdite dans 77 pays et punie par la peine de mort dans six nations (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Iran, Mauritanie, Nigeria, Soudan et Yémen). En France, l'homosexualité n'a été définitivement dépénalisée qu'en 1982.
Amalgame entre homosexualité et pédophilie
La déclaration n'a pas de caractère contraignant, elle place simplement la question des droits des homosexuels, bisexuels et transgenres à l'ordre du jour de l'ONU. Pourtant, elle a déjà trouvé ses opposants. Quelque 60 pays, en majorité issus de la péninsule arabique et de l'Afrique, condamnent fermement le texte européen et estime que ses promoteurs "se mêle de questions qui tombent, pour l'essentiel, sous la juridiction intérieure des Etats", et qui pourraient conduire à la "banalisation sociale, peut-être même à la légitimation de nombreux actes déplorables comme la pédophilie". Et la Syrie a notamment expliqué que les "lois domestiques" devaient être respectées.
Dans le groupe des 60 pays, on retrouve aussi le Vatican. Pour le Saint Siège, la déclaration initiale répond à l'objectif légitime de bannir la répression de l'homosexualité. Mais, en condamnant les discriminations et les préjugés, le Vatican craint de mettre en avant le mariage gay, l'adoption par les couples de même sexe ou la procréation assistée pour les homosexuels.
Bref, pour Rama Yade, la tâche est "difficile" et la campagne pour l'adoption du texte va se heurter à "l'incompréhension, voire à l'hostilité ouverte et aux procès en sorcellerie". Il faut dire que la déclaration manque encore de soutien. La Chine et la Russie ne l'ont pas adoptée. Les Etats-Unis, reflétant bien les divisions au sein du pays sur la question, ont refusé de la signer et sont ainsi le seul pays occidental à ne pas apporter son écot à l'appel. Or ces voix sont nécessaires pour transformer la déclaration en véritable résolution adoptable par l'ONU.
Mais Maxime Verhagen, chef de la diplomatie néerlandaise, s'est tout de même réjoui de ce moment unique: "Pour la première fois dans l'histoire, un groupe important d'Etats membres s'est prononcé à l'Assemblée générale contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle". La question des droits des homosexuels n'est désormais "plus un tabou aux Nations unies, elle est solidement inscrite à l'ordre du jour".
Info source : Le Journal Du Dimanche (France)