l'histoire de umm waraka ;
Difficile d’attribuer à Umm Waraqa une date officielle de naissance, cependant il est aujourd’hui attesté qu’elle était l’une des nombreuses femmes faisant partie des compagnons du prophète Mohammed (pbl) vivant ainsi durant la 1ère partie du VIIème siècle. Issue de la tribu des al Ansari (les médinois.es), Umm Waraqa s’est très tôt convertie à l’islam et ce avant même l’arrivée du messager dans la ville de Médine. Elle fit donc partie de ceux et celles ayant laissé de côté leurs anciennes croyances, convaincu.e.s par les dires de Muhammad.
Passionnée et fervente croyante, Umm Waraqa se recueillait fréquemment spirituellement en puisant dans les textes coraniques, si bien qu’elle faisait partie des rares musulman.e.s de l’époque s’étant donnée pour mission de mémoriser les différentes révélations que Muhammad recevait. En raison de sa piété, de son intelligence—notamment émotionnelle—et de ses nombreuses connaissances, le prophète la forma et lui permit de diriger des prières mixtes. Aux environs de l’année 623, le nombre grandissant de musulman.e.s dans la ville renforçait le besoin d’une seconde mosquée, de par les distances qui séparaient un certain nombre de médinois du quartier où se trouvait la maison du prophète—maison faisait également office de mosquée principale. C’est ainsi que le prophète Muhammad (Paix et bénédiction sur lui) demanda à Umm Waraqa de diriger la prière dans son quartier, en lui mettant notamment à disposition un muezzin afin d’assurer un appel à la prière plus audible.
Umm Waraqa, touchée par cette demande, mit alors sa maison à disposition des croyant.e.s. Elle devint un lieu d’adoration, de transmission du savoir, d’amour et de retraite spirituelle.
Au-delà du fait d’être une femme pieuse et leader au sein de la communauté dans les 1ers temps de l’islam, Umm Waraqa fut également une femme d’action. Après que le prophète ait annoncé à sa communauté de fidèles qu’une bataille se tiendrait prochainement à la Mecque (la Bataille de Bader), cette dernière demanda aussitôt d’accepter sa présence et son soutien au front. Chose que le prophète lui refusa, non pas en raison du fait qu’elle était femme, mais de part les responsabilités de guide spirituel qui lui incombaient. En effet, durant ces batailles, bien d’autres femmes avaient pu accompagner et épauler le Prophète.
Après la mort du prophète, Umm Waraqa continua à occuper une place majeure dans le développement de la religion naissante. En effet, le calife Umar la nomma pour diriger les comités de marché de Médine et de La Mecque, rôle politique profondément stratégique de l’époque. Au-delà de cette fonction politique qui lui fut accordée, elle occupa également un rôle religieux majeur en rejoignant le comité de savant.e.s. Ce comité avait pour mission de travailler à la transmission du Coran ainsi qu’à sa compilation écrite sous le califat d’Uthman.
Aujourd’hui, personne ne conteste que le Prophète Muhammad lui-même nomma une femme, à savoir Umm Waraqa, pour diriger la prière. Cependant, les différentes sources en faisant acte sont souvent remises en question par certains savants ou imams sur un point qui se révèle être sémantique.
En effet, le prophète demande à Umm Waraqa de « diriger la prière dans son dar », le mot dar pouvant signifier en arabe maison ou quartier.
Ainsi certains dirigeants musulmans contemporains refusent le droit aux femmes de diriger des prières mixtes, partant du principe que le prophète aurait demandé à Umm Waraqa de diriger la prière au sein de sa maison, composée de 2 servantes et d’un servant, et non à l’ensemble de la communauté de son quartier. Or, si cette interprétation était valable, comment pourrait-on expliquer la nécessité de mise à disposition d’un muezzin cité également à plusieurs reprises ?
Quoiqu’il en soit, cette nomination par celui qui est un modèle pour les croyant.e.es devrait être, en soi, suffisante pour rendre crédit à l’imamat des femmes en islam aujourd’hui.
https://www.lallab.org/power-our-stories-n1-umm-waraqa/