Quatre mois après le début de la révolte populaire en Syrie, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est enfin accordé sur une condamnation de la répression des manifestations. Mais celle-ci n'a pas pris la forme escomptée. Au lieu d'une résolution visant directement le régime syrien, la présidence du Conseil a adopté mercredi une déclaration qui "condamne les violations généralisées des droits de l'homme et l'usage de la force contre les civils par les autorités syriennes".
Une nouvelle donne qui a provoqué l'enthousiasme du chef de la diplomatie française, Alain Juppé, qui a salué "un tournant dans l'attitude de la communauté internationale", jugeant qu'il revient désormais à Damas "de cesser d'utiliser la force contre les manifestations pacifiques et de mettre en oeuvre les réformes" demandées par le peuple.
Le gouvernement syrien pas remis en cause
"Cette déclaration ne remet pas en cause la légitimité du gouvernement syrien et ne fait que critiquer son action", relève Barah Mikaïl, directeur de recherche sur le Moyen-Orient à la Fondation pour les relations internationales et le dialogue. "La Syrie est consciente du fait que la Chine et surtout la Russie ont bataillé jusqu'au bout pour éviter une condamnation directe de Damas, en mettant en avant l'argument selon lequel nous ne sommes pas face à une menace de l'ordre international", souligne l'auteur de La Syrie en cinquante mots clés.
Techniquement, une telle mesure n'est assortie d'aucun mécanisme d'application. Elle fait simplement office de mise en garde avant la possible adoption d'une résolution, qui peut, elle, entraîner des sanctions. D'ailleurs, le texte ne fait aucune référence à une enquête du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur la répression, comme l'avaient demandé plusieurs pays européens. Il exige en revanche que les responsables de la répression, qui aurait déjà fait 1 600 morts selon les ONG, "rendent des comptes".
Bashar va continuer à réprimer
"Ce n'est pas cette déclaration qui va empêcher Bashar el-Assad de continuer à réprimer. Les Russes, qui semblent avoir adopté une politique "des petits pas", ont réagi a minima et continueront de freiner aussi longtemps qu'ils le pourront l'adoption d'une résolution", juge Ignace Leverrier, ancien diplomate français et fin connaisseur de la Syrie. Une situation qui pourrait néanmoins être amenée à changer, l'attitude de la Syrie entraînant ses alliés dans une situation de plus en plus difficile face à l'opinion publique internationale. D'ailleurs, jeudi, le président russe Dmitri Medvedev a pour la première fois qualifié la situation en Syrie de "dramatique" et a affirmé qu'elle suscitait "une inquiétude énorme" en Russie.
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