Par Reda Zaireg - Décrit comme «fonctionnaliste et pragmatique» par ses instigateurs, le nouveau découpage territorial du Maroc se veut l’expression d’une régionalisation avancée permettant l’émergence d’identités régionales... En réalité, elle va contribuer à les démanteler.
Article >>>>>> : http://orientxxi.info/magazine/maroc-une-reforme-territoriale-batie-contre-l-identite-regionale,1073
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Un excellent article sur le nouveaux découpage de la régionalisation avancée, qui montre ses lacunes, et surtout, ces paradoxes. Un découpage qui dans ses fondements visent à affaiblir les composantes culturelles et linguistiques du pays et par cela à maintenir les revendications identitaires et culturelles sous un seuil tolérable. D'un point de vue historique et socio-culturel, ce découpage est catastrophique. Car comment faire fi de l'histoire des régions et des spécificités culturelles et linguistiques si l'ont veux une amélioration du développement socio-économique ? L'un ne va pas sans l'autre.
Petit exemple, la composante à majorité chleuh qui déjà était coupés en deux grandes régions - Marrakech-Tensift-Al-Haouz puis Souss-Massa-Draa s'est vu dorénavant coupés en 3 avec une nouvelle région, le Draa-Tafilalet. Fez-Meknès, qui sont pourtant deux villes pôles qui devraient être capitales de régions chacunes sont rassemblés en une seule. Là aussi la dénomination historique des régions à disparus pour laisser place aux noms de ville.
Marrakech-Tensift-Al-Haouz devient Marrakech-Safi...
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Extraits :
Cette «crainte du réveil des ethnies», considérées par l’État central comme autant de menaces à son intégrité territoriale, peut aussi être corrélée à la visibilité croissante de mouvements de contestation amazighes. En plus des revendications identitaires et culturelles défendues par leurs aînées — la reconnaissance de la langue amazighe et de l’«amazighité» comme composantes de l’identité nationale —, les associations berbères sont porteuses de nouvelles revendications, de nature plus territoriale : la fin de l’expropriation de terres tribales et de la marginalisation des montagnes, la création d’infrastructures de base à même d’améliorer les conditions de vie des populations de ces montagnes, qui sont amazighes dans leur majorité.
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C’est dans le prolongement de ce mode de gestion dissociant identité, culture et territoire que la CCR assoit son parti pris méthodologique. Quand elle ne réduit pas ses composantes à de simples «particularismes ethniques, culturels ou confessionnels plus ou moins exacerbés» ou à des «perceptions ou des croyances subjectives», elle affirme que «la notion de proximité, en tant que modalité synthétique incluant diverses composantes de la définition d’un espace régional touchant à l’histoire, à l’économie, à la culture, au cadre physique, etc. doit être relativisée». La CCR justifie cela par le fait «que l’analyse des espaces de conjugalité à l’échelle de tout le territoire national, à partir d’un sondage, révèle une forte dynamique de brassages qui corrobore le très haut degré d’intégration nationale».
Or, la dynamique de brassages ne réduit en rien la prégnance du lien territorial. C’est ce qui ressort d’une enquête d’envergure menée par l’Institut royal des études stratégiques (IRES) en 2012 sur le lien social. Elle confirme que «si les personnes interrogées expriment un fort sentiment d’appartenance à l’islam et à la patrie, l’identification à des microstructures telles que le douar et la tribu priment encore sur les constructions de l’État moderne que sont la commune, la province et la région»...
Article >>>>>> : http://orientxxi.info/magazine/maroc-une-reforme-territoriale-batie-contre-l-identite-regionale,1073
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Un excellent article sur le nouveaux découpage de la régionalisation avancée, qui montre ses lacunes, et surtout, ces paradoxes. Un découpage qui dans ses fondements visent à affaiblir les composantes culturelles et linguistiques du pays et par cela à maintenir les revendications identitaires et culturelles sous un seuil tolérable. D'un point de vue historique et socio-culturel, ce découpage est catastrophique. Car comment faire fi de l'histoire des régions et des spécificités culturelles et linguistiques si l'ont veux une amélioration du développement socio-économique ? L'un ne va pas sans l'autre.
Petit exemple, la composante à majorité chleuh qui déjà était coupés en deux grandes régions - Marrakech-Tensift-Al-Haouz puis Souss-Massa-Draa s'est vu dorénavant coupés en 3 avec une nouvelle région, le Draa-Tafilalet. Fez-Meknès, qui sont pourtant deux villes pôles qui devraient être capitales de régions chacunes sont rassemblés en une seule. Là aussi la dénomination historique des régions à disparus pour laisser place aux noms de ville.
Marrakech-Tensift-Al-Haouz devient Marrakech-Safi...
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Extraits :
Cette «crainte du réveil des ethnies», considérées par l’État central comme autant de menaces à son intégrité territoriale, peut aussi être corrélée à la visibilité croissante de mouvements de contestation amazighes. En plus des revendications identitaires et culturelles défendues par leurs aînées — la reconnaissance de la langue amazighe et de l’«amazighité» comme composantes de l’identité nationale —, les associations berbères sont porteuses de nouvelles revendications, de nature plus territoriale : la fin de l’expropriation de terres tribales et de la marginalisation des montagnes, la création d’infrastructures de base à même d’améliorer les conditions de vie des populations de ces montagnes, qui sont amazighes dans leur majorité.
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C’est dans le prolongement de ce mode de gestion dissociant identité, culture et territoire que la CCR assoit son parti pris méthodologique. Quand elle ne réduit pas ses composantes à de simples «particularismes ethniques, culturels ou confessionnels plus ou moins exacerbés» ou à des «perceptions ou des croyances subjectives», elle affirme que «la notion de proximité, en tant que modalité synthétique incluant diverses composantes de la définition d’un espace régional touchant à l’histoire, à l’économie, à la culture, au cadre physique, etc. doit être relativisée». La CCR justifie cela par le fait «que l’analyse des espaces de conjugalité à l’échelle de tout le territoire national, à partir d’un sondage, révèle une forte dynamique de brassages qui corrobore le très haut degré d’intégration nationale».
Or, la dynamique de brassages ne réduit en rien la prégnance du lien territorial. C’est ce qui ressort d’une enquête d’envergure menée par l’Institut royal des études stratégiques (IRES) en 2012 sur le lien social. Elle confirme que «si les personnes interrogées expriment un fort sentiment d’appartenance à l’islam et à la patrie, l’identification à des microstructures telles que le douar et la tribu priment encore sur les constructions de l’État moderne que sont la commune, la province et la région»...