FPP75
VIB
Alors que linterruption volontaire de grossesse reste illégale, un premier colloque sur le sujet a été organisé dans un cadre officiel. Les organisateurs y voient une victoire.
LAssociation marocaine de lutte contre lavortement clandestin (AMLAC) peut se féliciter davoir marqué des points en organisant son premier colloque sur lavortement, les 28 et 29 mai. Certes, la participation des pouvoirs publics était timide. Des représentants des ministères de lEducation et de la Justice sont intervenus, mais celui de la Santé na pas voulu simpliquer officiellement. LAMLAC avait pris soin de *replacer linterruption volontaire de grossesse (IVG) dans son contexte, entre un volet sur la prévention des grossesses non désirées et un autre sur les enfants abandonnés. Elle a réussi son pari de réunir les points de vue des médecins, de la loi, de léthique, de la religion et des droits de lhomme. Les nombreux gynécologues assistant au colloque ont poussé de véritables appels de détresse, martelant que lillégalité de lIVG nempêchait pas les femmes davorter, mais les mettait simplement en danger. Selon les médecins, des femmes arrivent chaque jour dans un état physique et mental désespéré.
Théoriquement, la loi pénalise les avorteurs (de un à cinq ans de prison) et les avortées (de six mois à deux ans), même si dans les faits les seules poursuites judiciaires ont lieu en cas de décès. Mais larticle 453, selon lequel lavortement nest pas puni quand il vise à sauvegarder la vie ou la santé de la mère, constitue une fenêtre importante, a expliqué le Dr Chafik Chraïbi, président de lAMLAC. Il suffirait de se référer à la définition de la santé émise par lOMS, qui inclut la santé mentale, pour autoriser lIVG. Côté religion, rien dabsolu. Comme souvent dans lislam, les interprétations varient. La plupart des sunnites malékites, majoritaires au Maghreb, condamnent lavortement dès la conception, mais les écoles hanbalite et chafiite lautorisent jusquà 40 jours de grossesse, et les hanafites jusquà 120 jours. Le législateur nest pas obligé de rester prisonnier de lopinion malékite, a argumenté le sociologue Abdessamad Dialmy. Il pourrait profiter de ces ouvertures, comme la fait la Tunisie [pionnière de la légalisation de lIVG en terre dislam, elle lautorise depuis 1973 jusquà 3 mois de grossesse]. Si les textes de loi internationaux névoquent aucun droit à lavortement en soi, en raison de labsence de consensus sur le droit à la vie du ftus lui-même, les défenseurs des droits de lhomme se fondent sur les droits à la santé et à la vie de la femme pour réclamer son encadrement légal.
Enfin, lAMLAC a formulé plusieurs recommandations destinées au Parlement, au secrétariat du gouvernement et au roi. La plus importante demande lassouplissement de la loi pour autoriser lavortement uniquement dans certains cas (viol, inceste ). Par ailleurs, le délai maximal suggéré est plutôt court : 2 mois de grossesse (sauf en cas de malformation ftale). Il sagit dune démarche prudente destinée à faire évoluer la société en douceur.
LAssociation marocaine de lutte contre lavortement clandestin (AMLAC) peut se féliciter davoir marqué des points en organisant son premier colloque sur lavortement, les 28 et 29 mai. Certes, la participation des pouvoirs publics était timide. Des représentants des ministères de lEducation et de la Justice sont intervenus, mais celui de la Santé na pas voulu simpliquer officiellement. LAMLAC avait pris soin de *replacer linterruption volontaire de grossesse (IVG) dans son contexte, entre un volet sur la prévention des grossesses non désirées et un autre sur les enfants abandonnés. Elle a réussi son pari de réunir les points de vue des médecins, de la loi, de léthique, de la religion et des droits de lhomme. Les nombreux gynécologues assistant au colloque ont poussé de véritables appels de détresse, martelant que lillégalité de lIVG nempêchait pas les femmes davorter, mais les mettait simplement en danger. Selon les médecins, des femmes arrivent chaque jour dans un état physique et mental désespéré.
Théoriquement, la loi pénalise les avorteurs (de un à cinq ans de prison) et les avortées (de six mois à deux ans), même si dans les faits les seules poursuites judiciaires ont lieu en cas de décès. Mais larticle 453, selon lequel lavortement nest pas puni quand il vise à sauvegarder la vie ou la santé de la mère, constitue une fenêtre importante, a expliqué le Dr Chafik Chraïbi, président de lAMLAC. Il suffirait de se référer à la définition de la santé émise par lOMS, qui inclut la santé mentale, pour autoriser lIVG. Côté religion, rien dabsolu. Comme souvent dans lislam, les interprétations varient. La plupart des sunnites malékites, majoritaires au Maghreb, condamnent lavortement dès la conception, mais les écoles hanbalite et chafiite lautorisent jusquà 40 jours de grossesse, et les hanafites jusquà 120 jours. Le législateur nest pas obligé de rester prisonnier de lopinion malékite, a argumenté le sociologue Abdessamad Dialmy. Il pourrait profiter de ces ouvertures, comme la fait la Tunisie [pionnière de la légalisation de lIVG en terre dislam, elle lautorise depuis 1973 jusquà 3 mois de grossesse]. Si les textes de loi internationaux névoquent aucun droit à lavortement en soi, en raison de labsence de consensus sur le droit à la vie du ftus lui-même, les défenseurs des droits de lhomme se fondent sur les droits à la santé et à la vie de la femme pour réclamer son encadrement légal.
Enfin, lAMLAC a formulé plusieurs recommandations destinées au Parlement, au secrétariat du gouvernement et au roi. La plus importante demande lassouplissement de la loi pour autoriser lavortement uniquement dans certains cas (viol, inceste ). Par ailleurs, le délai maximal suggéré est plutôt court : 2 mois de grossesse (sauf en cas de malformation ftale). Il sagit dune démarche prudente destinée à faire évoluer la société en douceur.