kamomille
VIB
Un tres bon dossier de Telquel ...
http://www.telquel-online.com/388/couverture_388.shtml
Toutes les illustrations de ce dossier sont extraites du film Arrissala de Mustapha Akkad (1976), où le prophète n’apparaît jamais. (DR)
• Le prophète
• Le guerrier
• L’homme d’Etat
Janvier 2006. Des milliers de musulmans descendent dans les rues pour manifester contre le journal danois Jyllands-Posten, coupable d’avoir publié une série de caricatures du prophète Mohammed. A Damas, Islamabad ou Copenhague, l’indignation des manifestants est sincère et leur colère, parfois excessive, pouvait s’expliquer aisément : dessiner
leur prophète en le présentant comme un fanatique, un terroriste avec une bombe qui orne son turban, était perçu comme une provocation, une atteinte grave à leur foi. Le prophète Mohammed n’est pas un simple personnage historique. Il est le guide suprême d’une communauté spirituelle et le symbole sacré de la religion musulmane. Et si plus d’un milliard de personnes sont unies par une appartenance commune, un lien qui transcende les différences ethniques, linguistiques et culturelles, c’est grâce à cet homme. D’une petite bourgade au cœur de la péninsule arabique, il a répandu un message qui a changé la face du monde. Des califes et des princes ont régné sur d’immenses empires en se réclamant de son héritage et son nom est prononcé tous les jours dans les quatre coins de la planète.
Mais qui était donc Mohammed Ibn Abdallah? Comment un homme, qui se présentait comme “l’enfant d’une femme démunie de Quraych”, a-t-il pu fonder une formidable communauté religieuse et politique ? Et quelles étaient les qualités et les atouts qui l’ont mené à un destin aussi exceptionnel ?
Il était une fois l’Arabie
Selon un cliché très répandu, l’Arabie n’était qu’un vague désert intellectuel et spirituel avant que l’islam n’y soit révélé. Une terre isolée, déconnectée du monde extérieur et de ses convulsions. Le terme “Jahiliya”, qui désigne cette période, renforce l’idée d’ignorance et d’indigence spirituelle. Rien n’est pourtant plus faux que cette vision erronée de l’histoire. L’Arabie était certainement une terre aride, sans ressources naturelles, mais elle abritait d’importants centres d’échanges commerciaux, qui favorisaient la circulation des idées et des tendances culturelles et politiques des temps anciens. La Mecque, comme le rapporte d’ailleurs le Coran, était une ville de commerçants qui sillonnaient la terre avec des caravanes chargées de marchandises, pour approvisionner les marchés du Yémen, de Syrie et d’Irak. Ces déplacements permanents ont permis aux Arabes de fréquenter d’autres civilisations et de s’en imprégner. Les mots d’origine étrangère (persane, abyssine… qu’on retrouve dans la langue arabe de l’époque, et même dans le Coran, attestent de ces échanges et de leur forte influence.
Sur un plan politique, les Arabes suivaient avec grand intérêt la rivalité entre les deux grandes puissances voisines de l’époque : l’empire byzantin à l’Ouest et le sassanide à l’Est. De petits royaumes arabes, en Syrie et en Irak, gravitaient comme des satellites autour des deux empires. Des armées composées de tribus arabes participaient également aux guerres qui opposaient les Byzantins chrétiens aux Sassanides perses. Une sourate du coran (Al-Roum) se fait même l’écho du conflit entre les deux géants et marque la sympathie des Musulmans pour les Byzantins.
Côté spirituel, les Arabes étaient pour la plupart polythéistes et vénéraient de multiples divinités à la fois, comme c’est le cas de la tribu de Quraych qui vivait à la Mecque. Mais le monothéisme n’était pas totalement absent. Certaines tribus arabes se sont converties au judaïsme, d’autres ont adopté le christianisme, tandis qu’une minorité, les “Hanifs”, observait un monothéisme qui se réclame d’Abraham, le patriarche, ancêtre des juifs et des Arabes. Parmi les plus célèbres Hanifs, on retrouve un certain Abdelmoutalib, grand-père du prophète de l’islam. Selon les historiens arabes, Abdelmoutlib ne reconnaissait pas les divinités adorées par son peuple, croyait à la résurrection et à l’au-delà, et se réfugiait pendant le mois de ramadan dans les montagnes proches de la Mecque pour la contemplation et la prière. On attribue d’ailleurs à Abdelmouatlib le forage du puits de Zamzam, pour abreuver les pèlerins.
Ainsi était donc l’Arabie. Divisée par les rivalités tribales, observant avec admiration et envie la puissance de ses voisins, et gardant encore le souvenir d’un ancêtre commun, le patriarche Abraham. Une Arabie qui attendait alors un grand homme capable de l’unifier et de répondre à ses aspirations politiques et spirituelles : Mohammed.
http://www.telquel-online.com/388/couverture_388.shtml
Toutes les illustrations de ce dossier sont extraites du film Arrissala de Mustapha Akkad (1976), où le prophète n’apparaît jamais. (DR)
• Le prophète
• Le guerrier
• L’homme d’Etat
Janvier 2006. Des milliers de musulmans descendent dans les rues pour manifester contre le journal danois Jyllands-Posten, coupable d’avoir publié une série de caricatures du prophète Mohammed. A Damas, Islamabad ou Copenhague, l’indignation des manifestants est sincère et leur colère, parfois excessive, pouvait s’expliquer aisément : dessiner
leur prophète en le présentant comme un fanatique, un terroriste avec une bombe qui orne son turban, était perçu comme une provocation, une atteinte grave à leur foi. Le prophète Mohammed n’est pas un simple personnage historique. Il est le guide suprême d’une communauté spirituelle et le symbole sacré de la religion musulmane. Et si plus d’un milliard de personnes sont unies par une appartenance commune, un lien qui transcende les différences ethniques, linguistiques et culturelles, c’est grâce à cet homme. D’une petite bourgade au cœur de la péninsule arabique, il a répandu un message qui a changé la face du monde. Des califes et des princes ont régné sur d’immenses empires en se réclamant de son héritage et son nom est prononcé tous les jours dans les quatre coins de la planète.
Mais qui était donc Mohammed Ibn Abdallah? Comment un homme, qui se présentait comme “l’enfant d’une femme démunie de Quraych”, a-t-il pu fonder une formidable communauté religieuse et politique ? Et quelles étaient les qualités et les atouts qui l’ont mené à un destin aussi exceptionnel ?
Il était une fois l’Arabie
Selon un cliché très répandu, l’Arabie n’était qu’un vague désert intellectuel et spirituel avant que l’islam n’y soit révélé. Une terre isolée, déconnectée du monde extérieur et de ses convulsions. Le terme “Jahiliya”, qui désigne cette période, renforce l’idée d’ignorance et d’indigence spirituelle. Rien n’est pourtant plus faux que cette vision erronée de l’histoire. L’Arabie était certainement une terre aride, sans ressources naturelles, mais elle abritait d’importants centres d’échanges commerciaux, qui favorisaient la circulation des idées et des tendances culturelles et politiques des temps anciens. La Mecque, comme le rapporte d’ailleurs le Coran, était une ville de commerçants qui sillonnaient la terre avec des caravanes chargées de marchandises, pour approvisionner les marchés du Yémen, de Syrie et d’Irak. Ces déplacements permanents ont permis aux Arabes de fréquenter d’autres civilisations et de s’en imprégner. Les mots d’origine étrangère (persane, abyssine… qu’on retrouve dans la langue arabe de l’époque, et même dans le Coran, attestent de ces échanges et de leur forte influence.
Sur un plan politique, les Arabes suivaient avec grand intérêt la rivalité entre les deux grandes puissances voisines de l’époque : l’empire byzantin à l’Ouest et le sassanide à l’Est. De petits royaumes arabes, en Syrie et en Irak, gravitaient comme des satellites autour des deux empires. Des armées composées de tribus arabes participaient également aux guerres qui opposaient les Byzantins chrétiens aux Sassanides perses. Une sourate du coran (Al-Roum) se fait même l’écho du conflit entre les deux géants et marque la sympathie des Musulmans pour les Byzantins.
Côté spirituel, les Arabes étaient pour la plupart polythéistes et vénéraient de multiples divinités à la fois, comme c’est le cas de la tribu de Quraych qui vivait à la Mecque. Mais le monothéisme n’était pas totalement absent. Certaines tribus arabes se sont converties au judaïsme, d’autres ont adopté le christianisme, tandis qu’une minorité, les “Hanifs”, observait un monothéisme qui se réclame d’Abraham, le patriarche, ancêtre des juifs et des Arabes. Parmi les plus célèbres Hanifs, on retrouve un certain Abdelmoutalib, grand-père du prophète de l’islam. Selon les historiens arabes, Abdelmoutlib ne reconnaissait pas les divinités adorées par son peuple, croyait à la résurrection et à l’au-delà, et se réfugiait pendant le mois de ramadan dans les montagnes proches de la Mecque pour la contemplation et la prière. On attribue d’ailleurs à Abdelmouatlib le forage du puits de Zamzam, pour abreuver les pèlerins.
Ainsi était donc l’Arabie. Divisée par les rivalités tribales, observant avec admiration et envie la puissance de ses voisins, et gardant encore le souvenir d’un ancêtre commun, le patriarche Abraham. Une Arabie qui attendait alors un grand homme capable de l’unifier et de répondre à ses aspirations politiques et spirituelles : Mohammed.