Article qui date publié le 10 décembre 2003 ( 20 ans)
https://www.liberation.fr/france/2003/12/10/leur-voile-j-ai-envie-de-l-arracher_454783/. Je te raconte pas maintenant alors .En minimisant le fait , on le laisse prospérer insidieusement.
Extrait
Le porter, ou pas. Elles ne le portent pas et se sentent agressées par les voiles qui prospèrent autour d'elles, leur renvoient l'image de la mauvaise Arabe, mauvaise musulmane, mauvaise fille. Le voile, Nadia, 22 ans, étudiante en arts plastiques à Lille, ne peut en parler qu'avec une boule dans la gorge. «Quand je vois une fille voilée de mon âge, ça me fait mal. Physiquement mal. Dans mon quartier à Roubaix, avant, ni les filles ni les mères ne se voilaient. Les femmes de ma famille se sont battues, sont mortes pour pouvoir choisir leur vie, et là, c'est l'inverse.» Louisa les déteste : «Elles ont la gloire avec elle. Autour de moi, c'est des filles pas intéressantes qui s'y sont mises, nulles à l'école, moches. Moi, j'ai eu 17 au bac de français, et les voisines prennent la tête à ma mère parce qu'elles me voient sortir le samedi soir.» Cette lycéenne de 17 ans est née et a grandi boulevard Ménilmontant (dans le XXe à Paris), au milieu d'enfants de toutes nationalités, librement du moins jusqu'à l'arrivée de familles «islamistes».
«A cause des voisins»
Zeliha, 28 ans, a peur de passer, un jour, à l'acte. «J'enrage, quand je les vois avec le voile. J'ai envie de leur arracher.» Elle l'a porté, sous la contrainte de son père. «Il nous obligeait à cause des voisins.» D'origine turque, la jeune femme a quitté Quimper pour travailler à Paris dans une association d'aide aux migrants. «Mon père nous harcelait : "Tu vois la famille Unetelle, leurs filles ont le voile." Ma soeur s'est pris des torgnoles parce qu'elle ne voulait pas. C'est horrible la pression quand on vit tous les uns avec les autres. Tu fais un pas, et ton père en est aussitôt informé.» De toutes les Turques qui l'entouraient à Quimper, elle est la seule à ne pas s'être mariée. «Elles sont toutes voilées. Je les connais bien, ça n'a rien à voir avec la religion, c'est les maris qui les obligent.» Quand elle retourne en Bretagne, les «hommes de la communauté» l'abordent : «C'est quoi ce pantalon, il est où ton voile ?» Elle passe outre. C'est la force des plus déterminées.