Maman, regarde, je suis fort. Ilyes, il est courageux. » Au moment où leur fils unique prononce ces mots, les parents d’Ilyes, sa mère Samira, 29 ans, et son père Ihmad, 34 ans, sont rassurés sur le sort de leur petit garçon de 3 ans, élève de première année de maternelle à l’école Jacques-Prévert de Joinville-le-Pont, où le couple réside.
Admis pour une angine à l’hôpital, Ilyes plaisantait même avec ses oncles Issam et Mourad, venus lui rendre visite mercredi après-midi. Pourtant, quelques heures plus tard, l’enfant faisait un malaise cardiaque et décédait dans les bras de son père après avoir reçu une surdose de chlorure de magnésium.
« J’ai attendu un quart d’heure avant qu’ils ne reviennent le réanimer »
« J’ai perdu mon bébé. Cette infirmière a tué mon fils. J’ai perdu mon fils, ma chair. On a eu tellement de mal à l’avoir, cet enfant », lâche Ihmad, chauffeur routier au marché de de Rungis, sur le perron de la maison de ses beaux-parents. « C’était notre seul enfant. Ma femme a eu une grossesse difficile», continue le papa. « Notre vie a basculé un peu avant 19 heures quand j’ai compris que mon fils allait très mal, poursuit Ihmad. J’ai vu qu’il était en train de mourir. Il était tout pâle et avait les yeux révulsés. J’ai appelé au secours mais il n’y avait personne dans le couloir. Ma femme criait. Quand l’infirmière est venue, elle m’a assuré qu’Ilyes faisait des somnolences dues au produit. Les soignants m’ont dit qu’il n’avait rien. »
Désespéré, le père raconte : « C’est moi qui ai entrepris de lui faire du bouche-à-bouche, puis des massages cardiaques. Quand j’ai prévenu l’infirmière, elle m’a dit sur un ton sec de la laisser travailler. Mais j’ai entendu le râle. L’âme de mon fils partait. Quand ils ont compris que c’était grave, ça a été la panique. Ils sont partis dans tous les sens. J’ai attendu un quart d’heure avant qu’ils ne reviennent le réanimer. Pendant ce temps, j’ai fait encore du bouche-à-bouche et des massages pour sauver Ilyes. Je crois qu’il était déjà mort. Et lorsque les médecins sont arrivés, ils m’ont dit de les laisser travailler. » « Dans un hôpital du tiers-monde, on l’aurait sauvé. Je veux juste la vérité pour que cela ne se reproduise plus jamais », s’emporte Ihmad, inconsolable, soutenu par Issam et Mourad, les oncles du petit garçon. Tous deux avaient acheté, l’un une moto électrique et l’autre la voiture de K 2000 pour son Noël. Pendant une demi-heure, les médecins se sont acharnés sur l’enfant au service de pédiatrie. Puis, ils l’ont conduit au service de réanimation. Là, pendant quarante-cinq minutes, les efforts sont poursuivis. En vain.
Depuis vendredi, Ilyes était souffrant. Il avait mal à la gorge et était fiévreux. Il ne mangeait pas. Un début d’angine, soigné par le médecin traitant de la famille. Mardi soir, sa maman l’accompagne chez ses grands-parents, à Gentilly (Val-de-Marne). Mais l’enfant a toujours du mal à avaler et se plaint. Samira, employée de France Télécom, le conduit alors une première fois aux urgences de Saint-Vincent-de-Paul mardi soir et les médecins confirment le diagnostic : une forte angine. Rien de grave. Ils disent à la maman de revenir mercredi matin à l’hôpital. Ce qu’elle fait. « Ce jour-là, dès 15 heures, Ilyes allait beaucoup mieux », se souvient son oncle Issam, qui refuse ce pendant de « faire de l’infirmière un bouc émissaire » et demande que « toutes les responsabilités soient recherchées ».
Le témoignage du père - émouvant et triste Qu'allah leur donne le courage de survivre à ce drame
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