La jeune Marocaine Najlae raconte comment sa vie a basculé
Publié le 24 février 2010 - 20:10
MARDI, À RABAT (MAROC). Najlae est aujourd'hui protégée. Mais derrière les apparences se cache une adolescente bouleversée. (Photo AFP)La lycéenne de 19 ans, qui résidait à Château-Renard, se trouve actuellement en sécurité au Maroc. Elle revient sur ces dernières 72 heures qui ont bouleversé la vie qu'elle s'était construite.
« Je ne m'attendais pas à revenir un jour. Et surtout pas dans ces conditions. Je suis perdue. Comme dans un autre monde. » Najlae Lhimer peine à trouver les mots. Et pour cause. Cette jeune Marocaine de 19 ans, résidant à Château-Renard (Loiret) et élève au lycée Françoise-Dolto d'Olivet, expulsée samedi vers son pays d'origine après s'être présentée à la gendarmerie suite à des violences infligées par son frère (voir nos précédentes éditions) ne réalise toujours pas ce qui lui est arrivé. La rapidité avec laquelle les faits se sont enchaînés.
Jointe, mardi soir, à Rabat, où elle a dit se trouver en sécurité, elle nous livrait son sentiment sur la mobilisation de la population de Château-Renard, entre autres, et sur le battage médiatique qui a entouré son expulsion : « C'est grâce à tous ces gens que je suis encore là et que je tiens le coup. Je suis ravie de voir à quel point tout le monde se donne du mal pour moi... même si je n'en ai pas vraiment conscience. »
Quelque peu confuse, elle expliquait se sentir à la fois « très très protégée et pas vraiment en sécurité car (sa) famille n'est pas loin ». La jeune fille a confirmé fuir ses proches pour « échapper à un mariage forcé » : « C'est pour cette raison que j'ai quitté le Maroc en 2005. Aujourd'hui, je ne crains pas ma mère, mais surtout mon père et mon frère. Je ne veux pas qu'ils sachent où je me trouve. » Najlae n'a pas caché son espoir de leur échapper : « Mon souhait est de revenir en France poursuivre mes études. » Et d'ajouter : « Je travaillais bien à l'école. J'étais studieuse, rarement absente. J'étais parfaitement intégrée, y compris à Château-Renard où je faisais du bénévolat à la médiathèque. »
« Coupable au lieu de victime »
Mais avait-elle réellement conscience d'être en situation irrégulière ? « Non. Mon avocate m'avait dit avoir déposé un recours. Pour moi, j'étais dans l'attente de voir ma situation réglée. » Elle a dit s'être présentée à la gendarmerie pour être soutenue, protégée... « Mais je me suis retrouvée dans le rôle de la coupable plutôt que de la victime. » Ce qui aujourd'hui ne l'empêche pas de faire « confiance à la loi française, c'est pour cela que je veux y retourner ».
La jeune fille, tout juste sortie de l'adolescence, qui vient de vivre une expérience traumatisante, veut y croire : « Je me sens tellement bien entourée que je me dis que les choses pourraient être réglées dans les semaines à venir. On m'a juste dit qu'il fallait attendre un peu. » Un espoir qu'elle garde au fond d'elle, mais qui n'efface pas les blessures saillantes : « Je vais être suivie par un psychologue. Ma tension est très faible et j'ai beaucoup perdu de poids. »
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