Mohamed Sajid, maire de la métropole : "Il faut remettre en valeur la ville de Casablanca":
Pour tenter de répondre aux multiples questions sur la gestion locale de la capitale économique, le Club Entreprendre a réuni responsables, opérateurs économiques et acteurs de la société civile pour débattre de ces sujets. Un tour d'horizon motivé par le "relooking" que connaît la métropole, mais aussi par l'approche des élections locales.
Comment gérer une grande ville comme Casablanca? Comment résoudre les problèmes aigus dont souffre cette métropole, tels la pollution, le transport, les déchets etc....? Comment revaloriser cette ville qui a tant perdu de son éclat et de sa beauté d'antan?
Toutes ces questions ont été développées par le maire de Casablanca, Mohamed Sajid, l'entrepreneur Samir Benmakhlouf, et enfin par Abdelmalek Kettani, membre de la CGEM (Confédération Général des Entreprises du Maroc), durant une conférence-débat organisée par le "Club Entreprendre", mardi dernier à l'hôtel Royal Mansour.
En tant que maire de Casablanca, M. Sajid a été contraint de défendre le bilan de son travail depuis 2003, et de mettre en valeur les chantiers et les projets qui ont été réalisés ou en cours de réalisation, mais il a également évoqué les lourdeurs qui entravent la bonne marche de la ville.
Le talon d'Achille casablancais
Le grand mal dont souffre la ville de Casablanca, selon M. Sajid, est "le système de mobilité et de transport", le centre ville est "envahi par les taxis rouges et les taxis blancs, en plus d'un système de stationnement qui date d'un autre âge et qui n'est plus adapté".
Pour le maire de Casablanca, le problème du transport est particulièrement épineux et nécessite une profonde réflexion.
Pour développer un réseau de transport souterrain, ce qui représente une solution à ce problème, a-t-il expliqué, il faut d'abord refaire les réseaux souterrains de la ville (téléphone, égouts…
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Les villes se métamorphosent en solutionnant les problèmes du transport, et cela ne peut se faire sans des investissements lourds, a expliqué le maire.
Évoquant l'exemple des travaux souterrains sur le boulevard Brahim Roudani, M. Sajid a remarqué: "depuis 20 ans, j'entends parler de ce projet... et en 8 mois les travaux sont presque finis".
En ce qui concerne le tramway et le RER, le maire de Casablanca se veut rassurant, expliquant qu'un "outil a été créé en concertation avec l'Etat pour réaliser ces grands projet pour une liberté de manoeuvre que nous n'avons pas aujourd'hui, et pour faire le moins de nuisances et de désagréments possible". Un transport de masse et de qualité performant qui cimentera les ramifications de la métropole.
Tramway et RER
La convention du Tramway a été signée pour un investissement de plus de 6 milliards 400 millions de dirhams pour la 1ère tranche des travaux, une ligne de 28 Km de long.
Le RER, de 63 km, reliera Mohammedia à Nouasseur en passant par les grandes artères de Casablanca, pour un coût de 18 milliards de dirhams.
L'unicité de la ville
Pour M. Sajid le gain certain du principe d'unicité de la ville est la vision de développement qui s'en est dégagée et qui redéfinit les priorités de la ville.
Auparavant éclatée et éparpillée à travers 27 communes, le principe d'unicité de la ville doit aider à mettre fin à l'inégalité entre les communes. "Certaines communes, a-t-il estimé, ont les moyens financiers considérables, tandis que d'autres communes périphériques ne peuvent pas subvenir à des besoins vitaux. C'est pour cela que l'unicité de la ville est une réponse à ce déséquilibre".
Un bilan certes positif selon M. Kettani de la CGEM, au regard des infrastructures qui sont en train de se mettre en place, mais
"la dynamique insufflée par ces grands chantiers risque d'être freinée si on n'y intègre pas la dimension humaine et une physionomie beaucoup plus attirante".
M. Kettani de la CGEM.
Par ailleurs, le Maire a rassuré les Casablancais en ce qui concerne la décharge de Mediouna et le projet de réaliser une nouvelle décharge d'un montant de 1 milliard de dirhams.
" En 2 ans, la décharge de Mediouna sera fermée d'une manière professionnelle pour qu'il n'en reste aucune trace"
Mohamed Sajid, maire de Casablanca
Un modèle de développement critiqué
Samir Benmakhlouf qui n'a pas mâché pas ses mots, a critiqué avec véhémence la dépendance de l'élite marocaine vis-à-vis du modèle français de développement.
"(...)Il y a d'autres modèles plus performants, comme les modèles du sud de l'Asie et de l'Amérique dans les domaines de l'éducation, des infrastructures ou autres (...) On commence là où ils ont terminé".
L'autre point important soulevé par M. Benmakhlouf est le manque du sens d'urgence chez les gestionnaires de la ville. La ville débat (et se bat) dans des sujets d'il y a 20 ans, a-t-il dit en substance.
Même si Abdelmalek Kettani de la CGEM, a vanté l'unicité de la ville qu'il a qualifiée de "très bonne chose", et même s'il a estimé que "la ville a avancé", il a, néanmoins, vivement critiqué les zones industrielles qui sont "dans un état précaire. Il faut les aménager en vue de les humaniser".
http://www.aufaitmaroc.com/fr/actua...ut-remettre-en-valeur-la-ville-de-casablanca/