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VIB
C'est à cause de l'Iran, parce qu'il craignait d'exposer la "vulnérabilité" de son régime au vieil ennemi perse, que Saddam Hussein a laissé croire qu'il possédait encore des armes de destruction massive alors qu'elles avaient toutes été détruites au lendemain de la sévère défaite qui avait suivi l'invasion du Koweït en 1990. "Par Dieu !, s'exclame-t-il le 13 février 2004 lors d'un interrogatoire américain, si j'avais eu de telles armes, je les aurais utilisées contre vous !" Bref, quand le dictateur décida, environ quatre mois avant l'invasion anglo-américaine de mars 2003, de laisser enfin les inspecteurs des Nations unies constater sa vulnérabilité partout, y compris dans les vingt palais de la République qu'il avait fait construire, "c'était trop tard". "L'administration Bush, déclara-t-il, avait décidé de nous attaquer, quoi qu'il arrive."
C'est l'une des "erreurs", fatales pour lui, que Saddam Hussein al-Tikriti, deux ans avant son exécution par pendaison en décembre 2006, a reconnu avoir commise en présence d'un agent du Federal Bureau of Investigation (FBI). Au nom de la loi américaine sur la libre circulation de l'information, c'est un véritable document pour l'histoire que l'agence fédérale a été contrainte de laisser mettre au jour.
Publié le 1er juillet sur son site Internet par The National Security Archive, un institut de recherche non-gouvernemental à Washington, le compte-rendu des vingt interrogatoires formels, plus cinq "conversations informelles" conduites dans la cellule même de l'ancien dictateur près de l'aéroport de Bagdad, n'apparaît sévèrement censuré qu'à une seule occasion, un interrogatoire effectué le 1er mai 2004. Un porte-parole du FBI a fait savoir le 2 juillet qu'il "ignorait" les raisons précises de cette retenue : "Question de sécurité nationale."
Conduits en arabe par un certain Georges L. Piro, "l'un des rares agents spéciaux arabisants du FBI", note l'institut de recherche, les interrogatoires rendus publics ont été effectués entre le 7 février et le 28 juin 2004. L'ancien dictateur y apparaît libre de répondre ou non aux questions qui lui sont posées. D'autres interrogatoires, conduits avant et après ceux du FBI par la CIA et d'autres agents antiterroristes, n'ont pas été rendus publics.
Dans le document publié, c'est un Saddam Hussein tour à tour "présidentiel", - "Je suis toujours président de l'Irak et je ne peux pas répondre à cette question sans trahir mon pays" - arrogant, parlant de lui à la troisième personne, déclamant lui-même quelques-uns de ses poèmes, pathétiquement menteur quand il ne veut pas se souvenir de tel ou tel épisode sanglant de sa prise du pouvoir, parfois fataliste - "Je sais que ma vie est finie, elle est entre les mains de Dieu" -, parfois lâche et irresponsable.
"Je ne peux pas être tenu pour responsable des atrocités commises ici ou là par des officiers ou des soldats qui n'avaient pas d'ordre pour se comporter ainsi", dit-il à plusieurs reprises quand on l'interroge sur la répression qui s'est abattue à partir de 1991 sur les Kurdes et les communautés chiites en rébellion ouverte. A l'époque, le président Georges Bush père, qui venait de libérer le Koweït de l'occupation irakienne, avait lancé un imprudent appel au soulèvement de ces populations, sans d'ailleurs venir à leur secours lorsque les forces irakiennes réprimèrent la révolte au prix de milliers de morts. "Vous convenez donc que ces gens étaient traîtres à leur pays, puisqu'ils se soulevaient à l'appel d'un dirigeant étranger ?", rétorque le dictateur.
Rédigé dans un style indirect avec quelques citations directes de l'interrogé, le compte-rendu du FBI ne contient pas de révélations historiques d'importance. Saddam Hussein répète ce dont chacun aujourd'hui convient, à savoir qu'il n'entretenait "aucune relation avec le zélote Oussama Ben Laden". L'administration de George W. Bush avait tout tenté pour faire croire que Bagdad coopérait avec Al-Qaida. "Je suis un croyant mais pas un zélote, dit Saddam. Je rejette le gouvernement par la religion comme celui de ces fanatiques en Iran." Mais, demande l'agent du FBI, "vous auriez pu appliquer ce dicton selon lequel l'ennemi de mon ennemi est mon ami ?" Saddam Hussein sourit et réplique : "L'Amérique n'est pas mon ennemie, seulement sa politique actuelle."
On apprend au passage, de la bouche de l'intéressé, que, contrairement à une légende tenace, il n'a jamais utilisé de sosie. "Ah ! Ah ! ça, c'est de la magie cinématographique ! Cela n'a existé que dans l'imagination d'Occidentaux."
C'est l'une des "erreurs", fatales pour lui, que Saddam Hussein al-Tikriti, deux ans avant son exécution par pendaison en décembre 2006, a reconnu avoir commise en présence d'un agent du Federal Bureau of Investigation (FBI). Au nom de la loi américaine sur la libre circulation de l'information, c'est un véritable document pour l'histoire que l'agence fédérale a été contrainte de laisser mettre au jour.
Publié le 1er juillet sur son site Internet par The National Security Archive, un institut de recherche non-gouvernemental à Washington, le compte-rendu des vingt interrogatoires formels, plus cinq "conversations informelles" conduites dans la cellule même de l'ancien dictateur près de l'aéroport de Bagdad, n'apparaît sévèrement censuré qu'à une seule occasion, un interrogatoire effectué le 1er mai 2004. Un porte-parole du FBI a fait savoir le 2 juillet qu'il "ignorait" les raisons précises de cette retenue : "Question de sécurité nationale."
Conduits en arabe par un certain Georges L. Piro, "l'un des rares agents spéciaux arabisants du FBI", note l'institut de recherche, les interrogatoires rendus publics ont été effectués entre le 7 février et le 28 juin 2004. L'ancien dictateur y apparaît libre de répondre ou non aux questions qui lui sont posées. D'autres interrogatoires, conduits avant et après ceux du FBI par la CIA et d'autres agents antiterroristes, n'ont pas été rendus publics.
Dans le document publié, c'est un Saddam Hussein tour à tour "présidentiel", - "Je suis toujours président de l'Irak et je ne peux pas répondre à cette question sans trahir mon pays" - arrogant, parlant de lui à la troisième personne, déclamant lui-même quelques-uns de ses poèmes, pathétiquement menteur quand il ne veut pas se souvenir de tel ou tel épisode sanglant de sa prise du pouvoir, parfois fataliste - "Je sais que ma vie est finie, elle est entre les mains de Dieu" -, parfois lâche et irresponsable.
"Je ne peux pas être tenu pour responsable des atrocités commises ici ou là par des officiers ou des soldats qui n'avaient pas d'ordre pour se comporter ainsi", dit-il à plusieurs reprises quand on l'interroge sur la répression qui s'est abattue à partir de 1991 sur les Kurdes et les communautés chiites en rébellion ouverte. A l'époque, le président Georges Bush père, qui venait de libérer le Koweït de l'occupation irakienne, avait lancé un imprudent appel au soulèvement de ces populations, sans d'ailleurs venir à leur secours lorsque les forces irakiennes réprimèrent la révolte au prix de milliers de morts. "Vous convenez donc que ces gens étaient traîtres à leur pays, puisqu'ils se soulevaient à l'appel d'un dirigeant étranger ?", rétorque le dictateur.
Rédigé dans un style indirect avec quelques citations directes de l'interrogé, le compte-rendu du FBI ne contient pas de révélations historiques d'importance. Saddam Hussein répète ce dont chacun aujourd'hui convient, à savoir qu'il n'entretenait "aucune relation avec le zélote Oussama Ben Laden". L'administration de George W. Bush avait tout tenté pour faire croire que Bagdad coopérait avec Al-Qaida. "Je suis un croyant mais pas un zélote, dit Saddam. Je rejette le gouvernement par la religion comme celui de ces fanatiques en Iran." Mais, demande l'agent du FBI, "vous auriez pu appliquer ce dicton selon lequel l'ennemi de mon ennemi est mon ami ?" Saddam Hussein sourit et réplique : "L'Amérique n'est pas mon ennemie, seulement sa politique actuelle."
On apprend au passage, de la bouche de l'intéressé, que, contrairement à une légende tenace, il n'a jamais utilisé de sosie. "Ah ! Ah ! ça, c'est de la magie cinématographique ! Cela n'a existé que dans l'imagination d'Occidentaux."