La notion de « racisme anti-blanc » est certainement à manier avec des pincettes. Car les Blancs qui le subiraient en France, en Europe et aux Etats-Unis sont majoritaires et dominants, font très peu l’objet de discriminations comme par exemple dans la recherche de travail ou de logement, et ne sont pas dans la position des populations minoritaires couramment exposées au racisme : Noirs, Arabes, Roms… En ce sens, le racisme désigne traditionnellement un fait majoritaire qui s’exerce à l’encontre de minorités ethniques.
Cela posé, il existe dans certains quartiers où les familles blanches non immigrées sont désormais minoritaires des formes de « contre racisme » envers ces derniers – souvent redoublés par des affrontements culturels et religieux concernant la liberté des femmes, les homosexuels, l’exclusivité de la foi, et certains modes de vie, comme l’ont révélé plusieurs enquêtes de terrain ces dernières années.
« La critique du racisme anti-blanc, comme concept, procède d’arguments très discutables. Tout d’abord, quand bien même l’extrême droite instrumentaliserait ce thème, sa réalité est une question de fait, réelle et préoccupante. S’interdire de débattre de ce sujet pour ce seul motif, quitte à redéfinir les termes de la discussion, n’est-ce pas se dissimuler la réalité, et laisser penser que le phénomène, si phénomène il y a, est escamoté du débat public ? Or c’est précisément ce que prétend une partie de l’opinion, qui n’est pas nécessairement gagnée par les idées d’extrême droite. S’il faut donner une réponse à ce qui agite cette partie de l’opinion, et que certains ont nommé une « panique identitaire », mieux vaut un débat rationnel plutôt qu’une invocation des théoriciens du racisme en contexte colonial.
En outre, diviser la société en deux groupes antagonistes de type marxiste, avec d’une part les oppresseurs (dominants) et de l’autre les oppressés (dominés), paraît caricatural, et ne rend pas compte de la complexité des composants et des rapports humains. Comment peut-on considérer que les familles modestes, françaises, et vivant dans les quartiers défavorisés font partie du camp des « oppresseurs » ou du groupe des « dominants » ? Plus problématique que cet aspect caricatural est probablement le risque d’une ethnicisation des problèmes aux conséquences dangereuses. En effet, le « camp » des individus est, pour ceux qui critiquent le concept de racisme antiblanc, déterminé par l’appartenance ethnique, et non en fonction de critères économiques ou sociaux. Lorsque les enfants de ces familles subissent brimades et humiliations en raison de leur appartenance (réelle ou supposée) à une ethnie, ils sont bien victimes de racisme et le ressentent ainsi.
Ces familles ne représentent en rien ceux qui, par exemple, discriminent à l’embauche. La simple couleur de peau ou l’origine ethnique ne crée pas un groupe homogène prétendument solidaire. Au-delà des agressions racistes subies, le sentiment de ne pas être écouté, de n’intéresser personne et l’impression d’un « deux poids deux mesures » dans le traitement du racisme sont omniprésents dans de nombreuses familles non issues de l’immigration. Des familles entières fuient ces quartiers qui, de ce fait, deviennent de plus en plus homogènes ethniquement. La « diversité », mot peu employé pour évoquer la présence des Français de souche en minorité dans ces quartiers, n’existe presque plus, et cela rend d’autant plus délicat l’objectif de cohésion sociale.
Ainsi, tout en soulignant que le « racisme antiblanc » n’est qu’une expression du racisme ordinaire – un racisme parmi les racismes – et en évitant de tomber dans une compétition victimaire, il ne faut pas laisser le thème du « deux poids deux mesures » se développer. Reconnaître le racisme antiblanc ou anti-Français de souche ne revient aucunement à nier les autres formes de racisme, bien réelles, mais seulement à désigner une réalité. On admettra que les termes de « racisme antiblanc » ou « antifrançais » ne sont pas des plus heureux, mais les mots n’ont que le sens qu’on leur prête, et tout est affaire de contexte et d’intention.
Au-delà des polémiques anecdotiques relatives à ce concept, la véritable problématique sous-jacente, justifiant la nécessité d’un débat, est celle de la conception de notre société. Les critères ethniques s’imposent de plus en plus dans les discours comme une grille de lecture autorisée, tandis que les critères socioéconomiques sont relégués au second plan. Une société où l’appartenance supposée à un groupe « ethnique » alimente et détermine toutes les analyses ne pourra se développer qu’en contradiction avec la tradition républicaine française, et ce serait fort malheur
Cela posé, il existe dans certains quartiers où les familles blanches non immigrées sont désormais minoritaires des formes de « contre racisme » envers ces derniers – souvent redoublés par des affrontements culturels et religieux concernant la liberté des femmes, les homosexuels, l’exclusivité de la foi, et certains modes de vie, comme l’ont révélé plusieurs enquêtes de terrain ces dernières années.
« La critique du racisme anti-blanc, comme concept, procède d’arguments très discutables. Tout d’abord, quand bien même l’extrême droite instrumentaliserait ce thème, sa réalité est une question de fait, réelle et préoccupante. S’interdire de débattre de ce sujet pour ce seul motif, quitte à redéfinir les termes de la discussion, n’est-ce pas se dissimuler la réalité, et laisser penser que le phénomène, si phénomène il y a, est escamoté du débat public ? Or c’est précisément ce que prétend une partie de l’opinion, qui n’est pas nécessairement gagnée par les idées d’extrême droite. S’il faut donner une réponse à ce qui agite cette partie de l’opinion, et que certains ont nommé une « panique identitaire », mieux vaut un débat rationnel plutôt qu’une invocation des théoriciens du racisme en contexte colonial.
En outre, diviser la société en deux groupes antagonistes de type marxiste, avec d’une part les oppresseurs (dominants) et de l’autre les oppressés (dominés), paraît caricatural, et ne rend pas compte de la complexité des composants et des rapports humains. Comment peut-on considérer que les familles modestes, françaises, et vivant dans les quartiers défavorisés font partie du camp des « oppresseurs » ou du groupe des « dominants » ? Plus problématique que cet aspect caricatural est probablement le risque d’une ethnicisation des problèmes aux conséquences dangereuses. En effet, le « camp » des individus est, pour ceux qui critiquent le concept de racisme antiblanc, déterminé par l’appartenance ethnique, et non en fonction de critères économiques ou sociaux. Lorsque les enfants de ces familles subissent brimades et humiliations en raison de leur appartenance (réelle ou supposée) à une ethnie, ils sont bien victimes de racisme et le ressentent ainsi.
Ces familles ne représentent en rien ceux qui, par exemple, discriminent à l’embauche. La simple couleur de peau ou l’origine ethnique ne crée pas un groupe homogène prétendument solidaire. Au-delà des agressions racistes subies, le sentiment de ne pas être écouté, de n’intéresser personne et l’impression d’un « deux poids deux mesures » dans le traitement du racisme sont omniprésents dans de nombreuses familles non issues de l’immigration. Des familles entières fuient ces quartiers qui, de ce fait, deviennent de plus en plus homogènes ethniquement. La « diversité », mot peu employé pour évoquer la présence des Français de souche en minorité dans ces quartiers, n’existe presque plus, et cela rend d’autant plus délicat l’objectif de cohésion sociale.
Ainsi, tout en soulignant que le « racisme antiblanc » n’est qu’une expression du racisme ordinaire – un racisme parmi les racismes – et en évitant de tomber dans une compétition victimaire, il ne faut pas laisser le thème du « deux poids deux mesures » se développer. Reconnaître le racisme antiblanc ou anti-Français de souche ne revient aucunement à nier les autres formes de racisme, bien réelles, mais seulement à désigner une réalité. On admettra que les termes de « racisme antiblanc » ou « antifrançais » ne sont pas des plus heureux, mais les mots n’ont que le sens qu’on leur prête, et tout est affaire de contexte et d’intention.
Au-delà des polémiques anecdotiques relatives à ce concept, la véritable problématique sous-jacente, justifiant la nécessité d’un débat, est celle de la conception de notre société. Les critères ethniques s’imposent de plus en plus dans les discours comme une grille de lecture autorisée, tandis que les critères socioéconomiques sont relégués au second plan. Une société où l’appartenance supposée à un groupe « ethnique » alimente et détermine toutes les analyses ne pourra se développer qu’en contradiction avec la tradition républicaine française, et ce serait fort malheur
« RACISME ANTI-BLANC ». UN CONCEPT CONTESTÉ, UNE RÉALITÉ VÉCUE DANS CERTAINS QUARTIERS. UN LIVRE ENQUÊTE EN PARLE. BONNES FEUILLES
327 LUS - NEWS NEWS NEWS La notion de « racisme anti-blanc » est certainement à manier avec des pincettes. Car les Blancs qui le subiraient en France, en Europe et aux Etats-Unis sont majoritaires et dominants, font très peu l’objet de discriminations comme par exemple dans la recherche de...
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