Attentats de Paris : Sonia, la jeune femme qui a dénoncé Abaaoud, témoigne
Elle est inconnue du grand public. Sonia, dont l'identité a été modifiée pour des raisons de sécurité, a permis aux autorités de localiser et neutraliser Abdelhamid Abaaoud, qui projetait de commettre des attentats dans le quartier de la Défense, en région parisienne. Dans une interview au Figaro, Abdelhak Khiame, patron de la police antiterroriste marocaine, avait aussi expliqué en janvier dernier que son pays avait permis de localiser la planque du terroriste. Quelques jours après l'assaut de Saint-Denis, au cours duquel le terroriste a été tué,Valeurs actuelles présentait cette femme comme un témoin clé et publiait des extraits de son audition. Ce jeudi, elle témoigne pour la première fois au micro de RMC et BFMTV.
Le dimanche 15 novembre, deux jours après les sanglantes attaques de Paris et Saint-Denis, Sonia est en compagnie de son amie de longue date: Hasna Aït Boulahcen, la cousine du terroriste. Ce jour-là, Hasna reçoit un appel provenant de Belgique. Au bout du fil, un homme lui demande de trouver un véhicule «pour aller récupérer une personne qui a besoin d'un hébergement» et l'informe que «c'est son cousin qui a dit de l'appeler», raconte face caméra la jeune femme, dont le visage a été masquée et la voix modifiée. Rendez-vous est pris à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, dans une zone industrielle, près de l'autoroute A86. Une fois sur place, elle aura pour consigne de crier un code, «1010», pour signaler sa présence.
«Il me dit qu'ils sont rentrés à 90 et qu'ils sont un peu partout en Île-de-France»
Sonia, amie d'Hasna Aït BoulahcenArrivée sur place, Sonia, qui l'accompagne, voit sortir un homme d'un buisson. «Il avait un bob sur la tête, des baskets orange, un bombers, pour moi c'était un Roumain. En plus, il avait le sourire, il ressemblait pas du tout à un terroriste», se souvient la jeune femme, qui met un certain temps à reconnaître Abaaoud. Lorsqu'elle comprend, elle l'interroge: «Monsieur, vous avez participé au 13 novembre, à ce qui s'est passé? Il me dit, normal, ‘les terrasses, c'est moi'. Et je lui dis: mais vous avez tué des gens, vous avez tué des innocents. Il me dit ‘non, ils ne sont pas innocents, il faut regarder ce qu'il se passe chez nous en Syrie'».
Sonia décrit un homme «fier de lui». Sur le moment, «on (aurait dit) qu'il n'a(vait) peur de personne», poursuit-elle. «Il raconte ça comme s'il racontait qu'il est parti faire les courses et qu'il avait trouvé un baril de lessive en promotion. Il est content, voilà.» Persuadée qu'il était en Syrie, la jeune femme lui demande comment il a pu rejoindre la France. Ce dernier lui explique qu'il est rentré «sans document officiels», accompagné de «Syriens, d'Irakiens, de Français, d‘Allemands, d'Anglais». «Il me dit qu'ils sont rentrés (en France, ndlr) à 90 et qu'ils sont un peu partout en Île-de-France».