Qui est alors Hishâm b. Urwa ? Il ne fait aucun doute quil est lun des imâms de cette discipline. Il nen demeure pas moins que vers la fin de sa vie, il sest déplacé en Irak, cest de là que part ce récit. Seulement voilà vers la fin de sa vie Hishâm nest plus aussi compétent quil était auparavant. Dailleurs, limâm Mâlik rejettera les narrations de Hishâm durant sa période irakienne car jugées peu fiables. La biographie complète de Hishâm est reprise par Ibn Hajar dans son Tahdhîb al-tahdhîb. Donc, quelque chose cloche dans ce récit.
Ibn Hajar, dans son commentaire de louvrage dal-Bukhârî se rendra compte de certaines incohérences concernant les récits antagonistes sur cette question. Il essaiera de les réconcilier mais en vain. Pourquoi ? Parce que lhistoire des neuf ans ne cadre pas avec dautres événements bien plus sûrs.
Aïsha était déjà promise avant que le Prophète :salla: ne la demande. Abû Bakr, le père de Aisha, se rend chez Mutim b. Adiy qui lavait demandé pour son fils Jubayr. Ces derniers étaient encore polythéistes. Tout cela se déroule à la période mecquoise et le mariage avec les non musulmans nétait pas encore prohibé. Après avoir consulté Mutim, Abû Bakr se rend compte que celui-ci ne veut plus la marier à son fils car il craignait qu'il se convertisse à lIslam. De plus, Abû Bakr est allé voir sa fille et lui a demandé son avis, au sujet de son mariage avec le Prophète:salla:, chose qu'elle accepta, (Ibn Kathîr, al-Sîra al-nabawiyya, t. II, p. 143).
Continuons notre analyse. Al-Bukhârî rapporte un récit impeccable dans lequel Aïsha affirme que lorsque le verset : « L'Heure, plutôt, sera leur rendez-vous, et l'Heure sera plus terrible et plus amère », (54/46), cétait pendant la période mecquoise, elle était encore jeune fille (jâriya) et elle jouait semble-t-il avec ses copines, (Ibid., t. VIII, p. 619). Elle avait donc à ce moment là entre 9 ou 12 ans.
Umar affirme quil se souvient aussi lors de la révélation de cette sûrate (al-Qamar, la Lune), daprès ce que rapporte al-Tabarî dans son tafsîr, mais il ne savait pas trop ce à quoi correspondait le verset : « Leur rassemblement sera bientôt mis en déroute, et ils fuiront » (54/45), il saura plus tard quil traite de la bataille de Badr. A noter que Umar sest converti 6 ans après la révélation, donc cette surate se situe à peu près dans cette période. Donc, lors de lhégire, au moment de ses fiançailles, Aïsha avait selon toute vraisemblance entre 16 et 19 ans.
A cela il faut ajouter une autre information de taille évoquée par plusieurs biographes, parmi lesquels Ibn Hajar et al-Dhahabî, ils affirment que Asmâ, la soeur de Aïsha, est de 10 ans son aînée. Ils sont tous daccord pour dire que Asmâ avait 27 ans lors de lhégire. Ce qui confirme notre précédent propos. A savoir que Aïsha avait à peu près 17 ans avant de quitter la Mecque. Pour rappel son mariage était à Médine.
Je garde le meilleur pour la fin. Muslim mentionne que Aïsha était apparemment du groupe qui est allé combattre à Badr en lan 2 de lhégire. Al-Nawawî, voulant interpréter le récit, affirme quelle était là pour faire ses adieux. Seulement voilà, un an plus tard, cette fois cest al-Bukhârî, himself, qui rapporte que Aïsha était présente à Uhud. Elle aidait Umm Sulaym à soigner les blessés. Donc selon la version classique, elle avait grosso modo 10-11 ans. Cela ne colle pas avec lenseignement prophétique, puisquil:salla: avait refusé la participation des garçons de 14 ans comme Ibn Umar. Aïsha était donc forcément plus âgée quIbn Umar. Ce qui corrobore notre version des faits.
La question qui reste à poser, mais doù vient cette erreur des neuf ans ? En fait très probablement dune inversion par rapport au calendrier référentiel. Tout ce qui vient après lhégire ne pose pas de problème. Par contre, quand il faut dater avant lhégire, certains rapporteurs se sont mélangés les pinceaux. Pourquoi ? Parce quils utilisaient deux référentiels, lhégire et le début de la prophétie. Aïsha avait donc 6 ans avant la mission prophétique et non avant lhégire. Elle avait probablement le même âge que Fâtima :alahsalam:.
Cette recherche historique ne doit absolument en rien influencer la foi des croyants. La conviction du musulman nest pas fondée sur ces données, elle senracine dans le message coranique incarné par le modèle prophétique.
Texte et sources regroupées par un frère du net Al Râzi