Un gynécologue sanctionné pour avoir refusé une patiente, invoquant qu’il ne recevait que les «vraies femmes»

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Le soignant ne reçoit que les «vraies femmes». En août 2023, un gynécologue de Pau avait refusé de prendre en consultation une patiente transgenre avec ces mots-là, ce qui avait provoqué la colère des associations LGBT+. Le médecin en question a été interdit d’exercer pendant un mois pour avoir refusé de la prendre en charge, a-t-on appris ce jeudi 30 janvier auprès de l’Ordre des médecins, confirmant une information de la République des Pyrénées.

La décision, rendue en première instance par la chambre disciplinaire de l’Ordre régional des médecins de Nouvelle-Aquitaine le 16 janvier, acte une sanction de six mois d’interdiction d’exercer, dont cinq mois avec sursis. Cette suspension prendra effet du 1er au 31 mars. A ce stade, le médecin peut néanmoins encore faire appel.

«Aucune personne ne peut faire l’objet de discriminations dans l’accès à la prévention ou aux soins», a rappelé l’Ordre régional des médecins, citant le Code de la santé publique. Qui souligne également que les propos du gynécologue ne constituaient pas une «simple maladresse», mais présentaient «un caractère discriminatoire à l’égard des personnes en transition de genre».

«Même s’ils se rasent la barbe»​


En août 2023, une patiente transgenre s’était présentée au cabinet du gynécologue après avoir pris un rendez-vous en ligne. Elle venait consulter pour une raison simple : des douleurs à la poitrine. Un problème de santé pour lequel les gynécologues sont formés et indiqués. Mais le professionnel de santé avait refusé de prendre en charge la jeune femme.

Dès le lendemain, le compagnon de cette dernière avait laissé un commentaire sur la page Google du médecin : «C’était le premier rendez-vous de ma compagne trans, il a refusé de la recevoir, sa secrétaire nous a jetés froidement. Je déconseille, plus jamais.»

En réponse à cet avis négatif, le gynécologue avait lui-même répondu, affirmant qu’il ne s’occupait que des «vraies femmes». Ajoutant qu’il n’avait «aucune compétence» pour s’occuper «des hommes même s’ils se rasent la barbe et qu’ils viennent dire à ma secrétaire qu’ils sont devenus femmes». Un message bouclé sur cette phrase : «Je vous remercie d’avoir informé les personnes trans de ne jamais venir me consulter.»

Deux plaintes d’associations​

Des propos vivement dénoncés à l’époque par les associations LGBT+ sur X (ex-Twitter), qui dénonçaient la transphobie dans le milieu médical, et notamment dans la gynécologie. Le médecin avait alors fini par s’excuser à demi-mot auprès de la communauté trans, «blessée par des propos [qu’il] n’aurai[t] probablement pas dû tenir».

Une enquête pénale avait été ouverte après le dépôt de deux plaintes par les associations SOS Homophobie et SOS Transphobie. Ce jeudi, le parquet de Pau a fait savoir que les investigations étaient terminées et qu’il devait à présent «statuer sur les éventuelles suites pénales à lui donner». Selon Edouard Martial, l’avocat de la patiente refusée, la sanction «correspond exactement à ce que nous attendions, ni plus ni moins» : «Nous avons plaidé une sanction et son importance nous importe peu du moment qu’on dise qu’il a commis une faute disciplinaire.»

En janvier 2022, un rapport «relatif à la santé et aux parcours de soins des personnes trans» avait été remis à Olivier Véran, alors à la tête du ministère de la Santé et des Affaires sociales. Il y était indiqué que «nombre de personnes trans n’ont pas recours à des soins de prévention, par manque d’information ou parce que les parcours de dépistage sont genrés et donc porteurs de possibles mises à l’écart, voire discriminations».

Depuis, les consignes de la Haute Autorité de santé (HAS) se font toujours attendre. Un document de travail avait fuité en décembre 2024 dans Le Figaro, ce que la HAS avait déploré. Elle avait alors précisé que ses recommandations devaient être publiées «au premier semestre 2025».

 
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