jeudi 5 février 2009 - 07h:06
Daniel Vanhove
Triste bilan pour le Proche-Orient en ce premier mois de lannée 2009. Jours et nuits, durant trois semaines, un déluge de feu sest abattu sur le Camp concentrationnaire de Gaza, et le sang de ses habitants terrorisés est venu inonder un peu plus une parcelle de territoire qui en est déjà gorgé...
Les derniers jours de cette meurtrière agression, la gravité de la perversion qui anime la soldatesque israélienne et ses commanditaires aura été à son comble.
Les cas de dérives se sont multipliés et attestent, sil le fallait encore, du degré dinhumanité quentretient tout esprit guerrier. Loin des cibles du Hamas comme se plaisent à lânonner les dirigeants israéliens et les hyènes qui leur tournent autour, tout ce qui bougeait et entrait dans le champ de vision des soldats, était pris pour cible. Selon le chef des services durgence à Gaza, sur les quelques 1330 victimes déclarées, plus des deux tiers se révèlent être des enfants, des femmes et des personnes âgées. Le nombre de blessés avoisine les 5300. Et des corps continuent à être découverts sous les ruines.
Bien quelle ait pris soin de renseigner les responsables militaires israéliens, lUNRWA (lagence de lONU en charge des réfugiés) a été visée à diverses reprises à travers ses écoles et ses bâtiments officiels servant dabris aux familles dont lhabitation avait été détruite par les bombardements ; ses convois humanitaires, ses ambulances et son personnel médical ont été pris pour cibles ; quelques jours avant le cessez-le-feu, cest carrément son quartier général et un précieux entrepôt de denrées alimentaires et de médicaments qui sont partis en fumée. Même la Croix Rouge dont on connaît lhabituelle retenue, a dénoncé le drame humanitaire sans précédent rencontré dans ce moignon de territoire, et expliqué les multiples obstacles posés par larmée pour empêcher de secourir les blessés. Ainsi de ces quatre enfants retrouvés après plusieurs jours, gisant sur un matelas, hagards et affamés, incapables même de se lever seuls, accrochés aux corps de leurs mamans respectives, toutes mortes...
Les plus hauts représentants du gouvernement israélien nont cessé de baver à la presse avec une indifférence proche de lautisme quil ny avait aucune crise humanitaire à Gaza, quand lONU déclarait que 750.000 personnes étaient sans eau et 1.000.000 privés délectricité, après un blocus qui dure depuis près de deux ans. Le Conseil des Droits de lhomme de lONU a adopté une Résolution à Genève qui « condamne vigoureusement lopération israélienne » à Gaza se traduisant par des « violations massives du Droit humanitaire ». Même la trêve de trois heures par jour, acceptée sous la pression internationale après le début de cette déferlante na été respectée par larmée israélienne quune poignée de jours, et du personnel médical international arrivé via la frontière égyptienne confirmait que les bombardements étaient incessants.
Le pire est probablement venu du témoignage accablant dun enfant dune dizaine dannées - corroboré par dautres - allongé sur une civière et dont le visage blessé et contusionné balbutiait les conditions dans lesquelles un massacre (de plus !) sétait perpétré. Témoignage confirmé aussi par lOCHA (loffice de lONU pour la coordination humanitaire). Le lundi 4 janvier à Zeitoun, larmée israélienne a rassemblé en les battant 110 habitants dun quartier (dont la moitié était des enfants) pour les enfermer dans une pièce, sans nourriture, sans eau et sans électricité. Le lendemain, ils les ont bombardés à plusieurs reprises. Trente dentre eux sont morts. Les autres pour la plupart, sont blessés, parfois gravement au point de rester handicapés à vie. Le gouvernement coupable de tels crimes pourra toujours tenter dexpliquer à un tribunal international quil sagissait-là de cibles du Hamas. Si nos valeurs ont encore un minimum de fondement, et si le mot justice représente encore un timide espoir pour lhumanité, les responsables de tels actes doivent être jugés et condamnés pour crimes contre lhumanité.
Outre le fait de nous rappeler de sombres souvenirs, ces pratiques nous indiquent que les allégations du gouvernement israélien sont, comme toujours, fausses et mensongères quant aux objectifs poursuivis.
Israël a voulu démontrer la puissance des frappes chirurgicales de son armée exemplaire... Les images que nous en retiendrons nous auront surtout montré son désarroi face à une résistance dont elle narrive pas à bout. Et même si les plus hauts responsables israéliens se gargarisent du succès de lopération PLOMB DURCI - ce qui nest pas le cas puisque la résistance palestinienne peut toujours envoyer ses roquettes vers Israël - nul doute que cette opération ratée aura sérieusement et définitivement pris du PLOMB DANS LAILE sur le terrain médiatique tant elle participe à lécurement et au dégoût de lensemble des peuples de la planète.
Nos plus hautes instances toujours très sûres delles-mêmes dans la distribution des bons et des mauvais points devraient peut-être méditer quelques chiffres pour prendre toute la mesure du massacre qui vient de se produire à Gaza, en le transposant simplement à léchelle des USA : les 1330 victimes palestiniennes correspondraient à 265.000 Américains tués, et les 5300 blessés, à plus dun million ! Autrement plus grave que le 11 septembre qui a remué la planète de fond en comble par ses lois anti-terroristes et ses pratiques liberticides, et a fait dire aux plus aliénés que nous étions « tous Américains » ! On aimerait entendre les mêmes dire aujourdhui que nous sommes tous Palestiniens, et les voir agir de manière ferme et déterminée pour contraindre Israël à se conformer au Droit international par tous les moyens.
Si les dirigeants européens avaient le courage et lhonnêteté de regarder la réalité en face, lévidence davoir un langage et un comportement clairs leur apparaîtrait demblée comme les meilleurs garants de la pérennité même de nos démocraties, et leur indiquerait darrêter toute compromission avec les criminels, quels quils soient. Cest ce double langage de ceux-là mêmes qui martèlent tout faire pour éviter dimporter le conflit chez nous, qui y participe. Et autorise aujourdhui les responsables israéliens à déclarer le plus naturellement du monde que la prochaine réaction de larmée « sera disproportionnée » alors même que le décompte des victimes précédentes nest pas encore achevé ! Encore et toujours, ce sont bien nos comportements politiques ambigus qui sont coresponsables du drame palestinien.
Daniel Vanhove
Triste bilan pour le Proche-Orient en ce premier mois de lannée 2009. Jours et nuits, durant trois semaines, un déluge de feu sest abattu sur le Camp concentrationnaire de Gaza, et le sang de ses habitants terrorisés est venu inonder un peu plus une parcelle de territoire qui en est déjà gorgé...
Les derniers jours de cette meurtrière agression, la gravité de la perversion qui anime la soldatesque israélienne et ses commanditaires aura été à son comble.
Les cas de dérives se sont multipliés et attestent, sil le fallait encore, du degré dinhumanité quentretient tout esprit guerrier. Loin des cibles du Hamas comme se plaisent à lânonner les dirigeants israéliens et les hyènes qui leur tournent autour, tout ce qui bougeait et entrait dans le champ de vision des soldats, était pris pour cible. Selon le chef des services durgence à Gaza, sur les quelques 1330 victimes déclarées, plus des deux tiers se révèlent être des enfants, des femmes et des personnes âgées. Le nombre de blessés avoisine les 5300. Et des corps continuent à être découverts sous les ruines.
Bien quelle ait pris soin de renseigner les responsables militaires israéliens, lUNRWA (lagence de lONU en charge des réfugiés) a été visée à diverses reprises à travers ses écoles et ses bâtiments officiels servant dabris aux familles dont lhabitation avait été détruite par les bombardements ; ses convois humanitaires, ses ambulances et son personnel médical ont été pris pour cibles ; quelques jours avant le cessez-le-feu, cest carrément son quartier général et un précieux entrepôt de denrées alimentaires et de médicaments qui sont partis en fumée. Même la Croix Rouge dont on connaît lhabituelle retenue, a dénoncé le drame humanitaire sans précédent rencontré dans ce moignon de territoire, et expliqué les multiples obstacles posés par larmée pour empêcher de secourir les blessés. Ainsi de ces quatre enfants retrouvés après plusieurs jours, gisant sur un matelas, hagards et affamés, incapables même de se lever seuls, accrochés aux corps de leurs mamans respectives, toutes mortes...
Les plus hauts représentants du gouvernement israélien nont cessé de baver à la presse avec une indifférence proche de lautisme quil ny avait aucune crise humanitaire à Gaza, quand lONU déclarait que 750.000 personnes étaient sans eau et 1.000.000 privés délectricité, après un blocus qui dure depuis près de deux ans. Le Conseil des Droits de lhomme de lONU a adopté une Résolution à Genève qui « condamne vigoureusement lopération israélienne » à Gaza se traduisant par des « violations massives du Droit humanitaire ». Même la trêve de trois heures par jour, acceptée sous la pression internationale après le début de cette déferlante na été respectée par larmée israélienne quune poignée de jours, et du personnel médical international arrivé via la frontière égyptienne confirmait que les bombardements étaient incessants.
Le pire est probablement venu du témoignage accablant dun enfant dune dizaine dannées - corroboré par dautres - allongé sur une civière et dont le visage blessé et contusionné balbutiait les conditions dans lesquelles un massacre (de plus !) sétait perpétré. Témoignage confirmé aussi par lOCHA (loffice de lONU pour la coordination humanitaire). Le lundi 4 janvier à Zeitoun, larmée israélienne a rassemblé en les battant 110 habitants dun quartier (dont la moitié était des enfants) pour les enfermer dans une pièce, sans nourriture, sans eau et sans électricité. Le lendemain, ils les ont bombardés à plusieurs reprises. Trente dentre eux sont morts. Les autres pour la plupart, sont blessés, parfois gravement au point de rester handicapés à vie. Le gouvernement coupable de tels crimes pourra toujours tenter dexpliquer à un tribunal international quil sagissait-là de cibles du Hamas. Si nos valeurs ont encore un minimum de fondement, et si le mot justice représente encore un timide espoir pour lhumanité, les responsables de tels actes doivent être jugés et condamnés pour crimes contre lhumanité.
Outre le fait de nous rappeler de sombres souvenirs, ces pratiques nous indiquent que les allégations du gouvernement israélien sont, comme toujours, fausses et mensongères quant aux objectifs poursuivis.
Israël a voulu démontrer la puissance des frappes chirurgicales de son armée exemplaire... Les images que nous en retiendrons nous auront surtout montré son désarroi face à une résistance dont elle narrive pas à bout. Et même si les plus hauts responsables israéliens se gargarisent du succès de lopération PLOMB DURCI - ce qui nest pas le cas puisque la résistance palestinienne peut toujours envoyer ses roquettes vers Israël - nul doute que cette opération ratée aura sérieusement et définitivement pris du PLOMB DANS LAILE sur le terrain médiatique tant elle participe à lécurement et au dégoût de lensemble des peuples de la planète.
Nos plus hautes instances toujours très sûres delles-mêmes dans la distribution des bons et des mauvais points devraient peut-être méditer quelques chiffres pour prendre toute la mesure du massacre qui vient de se produire à Gaza, en le transposant simplement à léchelle des USA : les 1330 victimes palestiniennes correspondraient à 265.000 Américains tués, et les 5300 blessés, à plus dun million ! Autrement plus grave que le 11 septembre qui a remué la planète de fond en comble par ses lois anti-terroristes et ses pratiques liberticides, et a fait dire aux plus aliénés que nous étions « tous Américains » ! On aimerait entendre les mêmes dire aujourdhui que nous sommes tous Palestiniens, et les voir agir de manière ferme et déterminée pour contraindre Israël à se conformer au Droit international par tous les moyens.
Si les dirigeants européens avaient le courage et lhonnêteté de regarder la réalité en face, lévidence davoir un langage et un comportement clairs leur apparaîtrait demblée comme les meilleurs garants de la pérennité même de nos démocraties, et leur indiquerait darrêter toute compromission avec les criminels, quels quils soient. Cest ce double langage de ceux-là mêmes qui martèlent tout faire pour éviter dimporter le conflit chez nous, qui y participe. Et autorise aujourdhui les responsables israéliens à déclarer le plus naturellement du monde que la prochaine réaction de larmée « sera disproportionnée » alors même que le décompte des victimes précédentes nest pas encore achevé ! Encore et toujours, ce sont bien nos comportements politiques ambigus qui sont coresponsables du drame palestinien.