le but n'est pas de faire avorter toutes les femmes qui le souhaite mais sensibiliser les gens à leur malheur afin qu'elles puissent avorter en toute légalité et dans des conditions humaines.
Les Marocaines qui ont choisi dinterrompre leur grossesse pour diverses raisons peuvent le faire à bord du bateau, en toute sécurité, précise Ibtissame Betty Lachgar, psychologue, membre du très controversé Mali (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles), initiateur de cette croisade contre linterdiction de lavortement, qui se félicite au passage de cette initiative qui aura lieu pour la première fois dans un pays arabo-musulman.
Nous allons mettre en place un numéro de téléphone où les femmes pourront nous contacter, afin de leur expliquer la procédure. Lavortement se fait en haute mer, dans les eaux internationales, loin du territoire marocain. Une manière de contourner la loi marocaine qui condamne lavortement.
Linitiative, qualifiée de courageuse par certains et de provocatrice par dautres, vise surtout à inciter le gouvernement Benkirane à abroger les articles 449 à 458 du Code pénal, qui pénalis lavortement. La loi condamne aussi bien la femme que toute personne qui tente de laider à pratiquer une IVG. Cette loi est qualifiée de désuète par les partisans de la légalisation de lavortement, notamment lAmlac (Association marocaine de la lutte contre lavortement clandestin).
La réalité amère vécue par les femmes nécessite une réforme urgente de la législation. Nous recensons de 600 à 800 avortements clandestins chaque jour au Maroc. Cest une véritable tragédie, et le gouvernement nen est pas conscient. Les femmes navortent pas par plaisir. Sil y a avortement, cest quil y a souffrance et détresse, sindigne Ibtissame Betty Lachgar, en précisant que lEtat na pas à choisir à la place de la femme davorter ou non. Cest un droit de la femme. Pour sensibiliser autant de femmes et de jeunes filles, lONG a diffusé sur Internet une pétition. Notre objectif est dattirer lattention sur les conséquences dune grossesse non désirée et dun avortement illégal, et de mettre fin aux pratiques clandestines qui comportent de nombreux dangers en offrant des moyens davortement légaux, contrôlés et sanitaires afin de sauver des vies, poursuit-elle.
Alors que Bassima Hakkaoui, ministre la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social est restée injoignable, une source au sein du département de Mustapha El-Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a déclaré que cette initiative de Women on Waves est un non-événement. Elle est tellement marginale quelle ne doit pas nous détourner des questions prioritaires et fondamentales pour le pays. Lappel à des pratiques interdites dans la législation marocaine sera traité selon les textes législatifs en vigueur.
Le Soir Echos |4 octobre 2012