"Course-poursuite. Echanges de coups de feu." Sur les ondes, l’alerte est donnée. Il faut surveiller les sorties de l’autoroute. Via le commissariat de Villiers-sur-Marne, un équipage de la police municipale de la commune est dérouté vers la sortie n° 8 Noisy-le-Grand-Villiers-sur- Marne. Sa mission: "Se placer au niveau du rond-point, observer et rapporter." Aurélie Fouquet et Thierry Moreau n’ont pas le temps d’y parvenir. Une trentaine de mètres avant, un Renault Trafic a visiblement heurté une Hyundai. Un accident de la circulation? Les deux policiers municipaux n’ont pas le temps de sortir de leur Peugeot sérigraphiée. Des tirs en rafale. A hauteur d’homme. Pour tuer. La jeune femme s’écroule, mortellement touchée à la tête et au thorax, et lâche son arme. Elle n’a pas eu le temps de tirer. Son collègue, malgré une balle dans l’épaule, s’en empare et fait feu. Un truand est blessé. Le commando doit s’enfuir. Dans la précipitation, ils parviennent à incendier le Trafic, mais doivent abandonner la Hyundai qu’ils venaient de voler et dans laquelle ils avaient chargé une partie de leur matériel de guerre: des cadres-explosifs, des grenades… Leur trace se perd à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), de l’autre côté de l’A 4 avec l’abandon d’une seconde voiture volée, une Mercedes maculée de sang.
Le deuxième utilitaire Renault
22 h 55, ce jeudi à Champigny-sur- Marne (Val-de-Marne). La patience des policiers de la BRI (ex-antigang), exploitant un "tuyau" de leurs collègues de la BRB, est récompensée. Un homme ouvre la porte arrière du Renault Master qu’ils surveillent, se saisit de deux sacs et repart. Interpellation. Malek Khider, 41 ans, comme l’a révélé France-Soir, est le premier membre du commando à tomber. Dans les sacs: une kalachnikov, un pistolet-mitrailleur, une grenade, une combinaison, un brassard Police. Dans le fourgon: une herse artisanale (des clous tripodes soudés à une chaîne), des bouteilles d’essence, du papier toilettes… La première pour ralentir, voire immobiliser un fourgon blindé. Le reste pour incendier la camionnette une fois le coup réalisé. C’est ce qu’on appelle une perquisition fructueuse.
Khider, une réputation de voyou bien établie, une condamnation à douze ans aux assises pour une affaire de "saucissonnage" qui avait mal tourné en 1998, passe aux aveux. Oui, il fait bien partie de "l’association de malfaiteurs". Non, il n’était pas avec les tireurs fous. Lui se trouvait au volant de ce deuxième Renault – qui présentait la même fausse immatriculation, une "doublette" -, que celui qui a été incendié à Villiers. Prévenu par téléphone du déroulement des faits, il a fait marche arrière toutes… Sa collaboration s’arrêtera là. Pas question de "balancer" ses complices.
Du sang, des empreintes et des images
Brigade criminelle, la BRI, sans compter les policiers de l’Identité judiciaire, ce sont plus de 100 fonctionnaires qui s’activent depuis jeudi pour retrouver les auteurs de ce que le président de la République a qualifié d’"assassinat". La PJ parisienne ne veut rien négliger et s’en donne les moyens. Un travail de PJ classique qui a déjà permis l’arrestation de Malek Khider. Les investigations à partir de son téléphone et de son carnet d’adresses vont s’intensifier. Des images, qualifiées d’"intéressantes" par une source proche du dossier, ont également été saisies par une des caméras vidéo dont l’autoroute A 4 est équipée. Enfin, la volet "police technique et scientifique" devrait jouer un rôle primordial pour la suite de l’enquête. Un des braqueurs a été blessé. Du sang a été prélevé dans la Mercedes abandonnée. Le profil ADN qui en a été extrait doit être "mouliné" dans le Fnaeg (Fichier national automatisé des empreintes génétiques). S’il y figure déjà, les enquêteurs auront un nom. S’il n’y figure pas encore, ils disposeront d’une preuve scientifique au moment de l’arrestation de suspects.
Dans la panique, les membres du commando - au nombre de quatre ou cinq au moment de la fusillade - n’ont pu incendier les trois véhicules qu’ils ont volés dans leur fuite, et donc détruire leurs éventuelles traces. A commencer par leurs empreintes digitales dont plusieurs ont été isolées. Samedi soir, un deuxième homme a été formellement identifié.