Lettre ouverte à Manuel Valls
Monsieur Valls,
Lors de votre passage chez Jean-Jacques Bourdin, dont tout le monde aura apprécié la déférence évolutive mal masquée par sa parodie de journaliste engagé, vous avez tenu les propos suivants, au sujet de l'affaire Dieudonné :
La Shoah est un sanctuaire. On ne peut pas le profaner tous les soirs dans un spectacle.
Permettez-moi donc de réagir à ces propos qui, je dois l'admettre, me scandalisent au plus haut point, surtout quand ils sortent de la bouche d'un ministre de l'intérieur d'une République prétendument laïque, mais qui ne se déchaîne que sur la Chrétienneté ou l'Islam.
Tout d'abord, se permettre de déclarer que la "Shoah est un sanctuaire", alors que cette appellation émane d'un film réalisé en 85, soit 40 ans après Nuremberg, prouve qu'en plus d'être un fieffé négationniste (comme Caroline Fourest, qui avait avancé que la France était un pays où on avait tué 6 millions de juifs - c'est dire à quel niveau je vous situe), vous êtes avant tout un inculte de premier choix.
Ce point commun supplémentaire que vous partagez avec le précédent Président de la République, qui avait notamment pris ses marques au poste que vous occupez aujourd'hui, me fait par ailleurs penser que la bassesse de plafond doit être une qualité indispensable pour tout ministre de l'intérieur adepte du discours, sinon des méthodes issus des heures les plus sombres de l'histoire de la famille de votre femme, à laquelle vous êtes donc éternellement attaché, contrairement à une écrasante majorité de français.
Dans un second temps, sachez que votre affirmation, loin d'être une vérité absolue, ne représente que votre opinion. Vous voulez sanctuariser la Shoah? Sanctuarisez-la en privé. Moi, de par mes origines arméniennes et ma vie passée à supporter, ces 32 dernières années, les retombées géostratégiques de la colonisation de la Palestine par les nombreux survivants de l'holocauste et leurs non moins nombreux descendants, je pense avoir tous les droits accordés par Dieu sous toutes ses formes théologiques pour considérer la Shoah comme un épisode parmi tant d'autres dans l'histoire de l'anthropophagie civilisationnelle. Je pense également que les descendants des victimes de ce drame peuvent s'estimer heureux de ne pas avoir été Africains pendant les 400 ans qui précédaient leur calvaire, Chrétiens au tout début du christianisme, Amérindiens pendant la conquête de l'Amérique, Arméniens sous les Ottomans, Musulmans pendant les croisades, Aborigènes pendant la colonisation de l'Australie ou encore, Sino-Coréens pendant les invasions japonaises, pour ne citer que ces exemples.
Vous voyez, Monsieur Valls, à force de faire des pieds et des mains pour atteindre un Graal qui est sans doute trop précieux pour un rustaud de votre acabit, vous finissez par passer à côté des évidences les plus élémentaires de l'humanité, comme sa multiplicité ou son droit à la subjectivité. Ainsi, comme sans doute beaucoup d'êtres humains vivants sur terre, parmi lesquels je compterai sans retenue un grande proportion de la population française, je vous le dis une fois pour toute :
Arrêtez de m'emmerder avec votre Shoah. Je ne compte ni la profaner, ni la commémorer et encore moins en tirer une quelconque culpabilité. Ca ne me regarde pas, ça ne m'intéresse plus et j'irais même jusqu'à dire qu'on en a fait le tour jusqu'à la l'écœurement. Et je reste poli…
Aussi, pensez à démissionner. Vous êtes aussi effroyable tribun que piètre stratège et votre perfusion se voit à des kilomètres. Faites-vous une raison : un humoriste breto-camrounais vous a mis dans sa poche avec une facilité déconcertante, tout ministre de l'intérieur que vous êtes. L'heure n'est donc plus au prêche pour le compte d'une religion qui n'est pas majoritaire dans le pays qui vous a mandaté, mais à l'introspection, voire à la pénitence.
http://fyljones.blogspot.fr/2014/01/lettre-ouverte-manuel-valls.html