bonne analyse, c'est rare sur ce forum, tu montes le niveau...effectivement en occident on est passé du théocentrisme à l'humanocentrisme et cela change tout!
salut
qlq sources pour aller plus loin...j'ai lu tous les livres que je cites.
l’absence d’état central est une caractéristique de l’histoire islamique !
voilà quelques rappels historiques :
--andré miquel et henry laurens, l’islam et sa civilisation édition armand colin 1990
le résume ainsi
page 195 « progrès chrétien, anarchie musulmane »
tout est dit me semble-t-il.
page 198 pour l’afrique du nord du 11 ième siècle : » les crise et l’anarchie des derniers temps zirides »
pour le 13ième siècle il parlent de »des berbères banu ghaniya qui alliés aux arabes nomades et au turcs venus de l’égypte de saladin dévastent l’afrique du nord et la tripolitaine du sud marocain, en que multiples épisodes qui apparaissent comme une résurgence de la catatrosphe hilalienne : de nombreuses ville du maghreb central jusqu’à là épargnées disparaissent de la carte »
page 224
« première constante de l’Égypte de mamelouks : la guerre perpétuelle, la guerre inlassable »
page 261
Dans l’asie centrale du 16 ième et 17 ième siècle les auteurs parlent de » l’anarchie tribale, le marasme économique, le déclin culturel l’emportent, les auteurs parlent d’une asie centrale musulmane « anarchique et ruinée ».
-Jean ganiage, universitaire, histoire contemporaine du maghreb, fayard 1994.
« le maroc (d’avant la colonisation) périodiquement déchiré par des guerres civiles interminables » page 70
« une bonne partie de l’algérie échappait en fait à toute autorité », « l’état ne payait pas ses fonctionnaires, l’enseignement et l’assistance étaient abandonnés à des fondations charitables, et l’on ne pouvait parler d’équipement dans un pays qui n’avait pas de routes,…il n’existait que cinq ponts dans toute l’Algérie » « l’état des pistes interdisait à peu près partout la circulation des voitures » page 30
l’état d’anarchie pour l’algérie « pendant longtemps, les janissaires avaient fait et défait les pachas, ne fut-ce que pour bénéficier du bakchih,…,c ‘est ainsi que depuis 1671, sur 28 deys 14 avaient été assassinés. » page 31
-pierre pinta, pour l’empire abbasside du 8ième au 12ième siècle selon l’historien pierre pinta, dans «l’histoire de l’Irak »page 129
« les mouvements contestataires perdurent et plongent régulièrement l’empire abbasside dans le chaos »
page 130 »l’Irak plonge dans l’anarchie et la décadence »
Pour l’Irak du 15 ième au 19 ième siècle, l’historien pierre pinta parle « d’état de guerre quasi-permanent qui n’a pas facilité les échange».
Page 138 « histoire de l’Irak »
-jean brulot, conséquence ce cette anarchie la fin du service postal : l’empire abbasside avait un service de postes, avec relais, qui était le successeur de la poste de l’empire sassanide et byzantin mais comme le dit J brulot : »la poste semble s’être désorganisée sous les émirs Buyides avant d’être supprimés en 1063 par les Seldjoukides » page 63 de la civilisation islamique.
-jean chaudouet ,cette anarchie quasi-permanente caractéristique de l’histoire de pays musulmans, ainsi les mamelouks en Égypte dont l’histoire est une longue suite de conflits, complots assassinats, ce qui fait dire à jean chaudouet page 55 de « la Syrie » « la lignée de sultans successifs va être marquée surtout pas des personnages : renversés, incarcérés, empoisonnés, assassinés ; avec de rares exceptions comme al malik an nasir ».
-jean brulot la civilisation islamique opus cité « la désagrégation de l’état ottoman apparut très tôt…les révolutions de palais se succèdent » « en deux ans Damas connu cent cinquante pachas !»page 190
-philippe sénac
Les troubles permanents, le déclin du pouvoir central, la faiblesse agricole, sont aussi des explications de la reconquista chrétienne en Espagne, ainsi d’après philippe sénac historien et archéologue à l’université de Toulouse le mirail, dans al mansur éditions perrin 2006
«A cordou les dernières années du califat furent marquées par des troubles permanents et un déclin irréversible du pouvoir central », il s’agit du 11ième siècle. Il parle page 185 de « la fragmentation du califat en une poussière de petits royaume » et « les souverains de ces Taifas qui se déchirent entre eux ».
Là aussi l’auteur insiste sur le rôle des esclaves guerriers, « la division d’al andalous après la fitna en Taifas arabes, berbères et escalvones ».
Les mêmes causes entraînant les même conséquences, l’anarchie, l’effondrement du pouvoir central, provoque l’effondrement agricole, philippe sénac cite deux auteurs musulmans de l’époque : ibn idhari
D’après lui c’est la victoire berbère de 1013 « qui laissa la plus grand partie de l’Espagne inculte et déserte qui la rempli de loups et de fauves, qui la priva pour un temps de toute sécurité »
Page188.
yves montenay dans nos voisins musulmans, les belles lettres, 2004
« l’histoire est souvent mythifiée : comme en occident à la même époque, la splendeur des palais ne doit pas cacher le reste, en particulier l’écart va se creuser entre les classes motrices européennes et orientale. Ces dernières sont handicapées par l’insuffisance de l’état de droit, du fait de l’instabilité de l’état, notamment du fait de l’incertitude des successions au sommet du pouvoir…comme par ailleurs le sultan peut saisir tous les biens d’ex-serviteurs ou d’adversaires, cette incertitude à la fois politique et patrimoniale a certainement pesé lourd sur le développement de ces pays en paralysant les projets à long terme » page 29,30.
L’absence d’état central pérenne est fondamentale pour expliquer le déclin des régions musulmanes.
Ce texte est notamment a relier au déclin des infrastructures agricoles et routières, à l’émiettement en micro-état, à l’anarchie endémique, au déclin démographique, cet émiettement ayant largement facilité la colonisation européenne du 19 ième siècle.
Comme le disent de nombreux historiens l’état musulman classique est un état prédateur, par exemple hamadi redissi dans l’exception islamique seuil 2004 page 149
« l’état sultanique prédateur a vécu paresseusement sur la ponction ficale : le tribut ravi aux vaincus, l’impôt de capitation extorqué aux gens du livre, l’aumône légale…, l’impôt foncier…Cette manne céleste, de laquelle très peu d’états médiévaux ont pu bénéficier, aurait pu servir à l’accumulation de capital, impulser des innovations technique et stimuler l’entreprise ; malheureusement les sultans l’ont dilapidé, au profit de leur train de vie, de leurs clients et pour entretenir une soldatesque pléthorique. »
pour illustre les propos de redissi d’état prédateur :
-philippe sénac, dans al mansur éditions perrin 2006
Page188.
Un autre auteur musulman Abu bakr al turtushi parle d’un autre spécificité du monde musulman, le khalife ocroit à ses troupes des terres sur lesquelles ils se paient sur la bête ! C’est le timar (turc) des concessions d’impôts accordés par l’état en échange du service des armes. Voilà ce que dit al turtushi
Après qu’en Espagne musulmane on « imposa un tribut sur les terres dont le prélèvement fut confié au militaires. Ceux ci pressèrent le peuple, dévastèrent les villages et le ruinèrent. Les paysans s’enfuirent et les campagnes ne furent plus exploitées ce qui entraîna une réduction des revenus du gouvernement et du nombre de combattants » page 192.
-pour l’inde des empereurs musulmans moghol, le même phénomène de déclin agricole se répète, là aussi les mêmes causes entraînent les mêmes conséquences, une caste de guerriers pressurent les paysans, ainsi dans l’empire mogol qui dura jusqu’en 1858, je cites jean brulot « une armée composées de turcs et d’afghans exploitèrent durement les paysans indiens » page 198,
« l’agriculture indienne stagna, les paysans résignés et frappés par une lourde fiscalité étaient souvent victimes de famines dévastatrices » page 199
Louis Frédéric, dans le dictionnaire de la civilisation indienne, robert laffont, 1987.
Page 509 il parle de « démembrement de l’empire moghol »… « de roitelets qui consacrent le dépeçage de l’empire moghol » et « d’affaiblissement de l’état », dans la même page il affirme que « l’empire exporte de moins en moins ».
Toujours pour l’inde moghole andré miquel et henry laurens professeurs d’histoire et spécialistes du monde arabe dans l’islam et sa civilisation édition armand colin 1990
page 265, parlent pour expliquer en partie son déclin « de guerres perpétuelles et une incapacité à offrir un ordre stable »
La question fondamentale est le pourquoi de ces évolutions ?
La réponse est la suivante, les élites aussi bien dans l’empire Turc, au maghreb, en irak, en Inde…ne font que reproduire le modèle de muhamad ! Mais à une échelle énorme.
Or muhamad vivait dans une société esclavagiste et polygame, et il très difficile pour une telle société de se développer dans la stabilité. Ces sociétés sont par nature instables :
-Les sociétés turques du maghreb du 19 ième siècle, on l’oublie trop souvent sont des sociétés esclavagistes, alors qu’il a disparu d’occident au 4 ième siècle ! Ceci freine l’introduction du progrès technique. L’esclavage est un cause d’anarchie par exemple les révoltes des esclaves en irak.
-comme muhamad, les khalifes, sultans, pachas…se construisent un harem de femmes, ceci contribue au maintien d’une position inférieure de la femme, ce qui est un facteur essentiel de sous développement. Et surtout un facteur d’anarchie permanente ! Car primo pour se procurer ces femmes, il faut bien les enlever à quelqu’un…Et secundo, les successions se passent toujours mal car les prétendants au trône sont nombreux, d’où risque de conflits sanglants de successions, surtout que muhamad, n’a donné aucune indication concernant les successions.
salut